18 𝙿𝚕𝚘𝚗𝚐𝚎 𝚍𝚊𝚗𝚜 𝚕𝚎𝚜 𝚊𝚋𝚜𝚜𝚢𝚜

7K 174 10
                                    







𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚍𝚒𝚡-𝚑𝚞𝚒𝚝 






𝙽 𝙴 𝚂 𝚂 𝙰 𝚈 𝙴 𝙼
✍🏼










Plus je plonge mon regard dans l'abîme, plus l'abîme prend mon âme. Il me dévore lentement, m'aspire dans une spirale sans fin. Chaque pensée sombre, chaque doute, chaque souvenir perdu semble me faire m'enfoncer encore plus profondément. C'est un gouffre insondable, un trou noir qui m'attire, qui me capte, me tire vers des profondeurs où il n'y a plus de lumière, plus d'air.

Je vois mes émotions se dissoudre, se noyer dans cette obscurité. Je suis là, suspendue entre la surface et le fond, mais chaque instant passé à regarder l'abîme me fait perdre un peu plus de moi-même. Mon âme, jadis vive et pleine de rêves, s'éteint lentement dans ce vide.

Je n'arrive même plus à lutter contre la gravité de ce néant. L'appel de l'abîme est trop puissant. Il me murmure que je n'ai plus de place ici, que je suis destinée à m'y perdre, à m'effacer dans cette immensité infinie. Je tente de détourner les yeux, mais l'abîme est en moi maintenant. Il se cache dans chaque recoin de mon esprit, dans chaque souffle que je prends. Il se nourrit de ma douleur, de mes peurs, de mes désirs non réalisés.

Chaque seconde, chaque battement de cœur me rapproche un peu plus de ce qui semble être inévitable. La perte. La chute. L'oubli.

Et pourtant, je suis là, encore à respirer, à me tenir sur le fil. Mais je sens que la corde se tend, prête à céder. Plus je plonge mon regard dans l'abîme, plus il prend possession de mon être.

Je sens cette douce odeur, familière, presque apaisante, qui s'échappe de l'écharpe enroulée autour de mon cou. J'avais oublié sa présence, comme on oublie un souvenir enfoui sous une pile d'autres pensées. Elle me rappelle des moments de chaleur, de réconfort. Une sensation que j'avais égarée depuis trop longtemps. L'odeur de sucre et de noisette, celle de ma mère, qui semblait toujours l'accompagner. Une douceur dans ce monde si froid, une marque de tendresse que j'avais trop souvent ignorée, trop souvent laissée s'échapper entre mes doigts, comme un souffle perdu dans l'air.

Je serre l'écharpe autour de mon cou, sentant son tissu doux contre ma peau. C'est fou comme un simple morceau de laine peut évoquer tant de souvenirs. Peut-être qu'il ne me reste que ça, ces fragments de réconfort, ces petites choses oubliées qui, en silence, m'ancrent dans une réalité que je fuis constamment.

Je ferme les yeux un instant, et l'instant d'après, je suis transportée ailleurs. Un endroit plus doux, plus calme, où je ne suis pas engloutie par cette peur constante, où l'abîme n'est pas là, prêt à m'aspirer. C'est une illusion, je le sais, mais ça fait un instant. Juste un instant.

Mais la réalité me rattrape vite, et l'odeur, si douce soit-elle, finit par se mêler à la peur qui m'étreint à chaque respiration. Parce que peu importe combien je m'efforce de m'accrocher à cette écharpe, elle ne pourra pas me sauver de l'abîme dans lequel je suis en train de sombrer. Et pourtant, je continue de la serrer, espérant qu'un jour, cette douceur me donnera la force de sortir de ce vide.

Je reprends mes esprits et me tourne, comme si un simple mouvement pouvait effacer cette lourde pression. Je fais ce même chemin chaque jour, mais aujourd'hui, c'est en sens inverse. Mes pas résonnent sur le pavé, mais aucun bruit ne me parvient vraiment. Le monde autour de moi semble figé, comme si tout ce qui m'entoure n'était qu'un écho, une image lointaine, floue et sans substance.

𝐍𝐞𝐬𝐬𝐚𝐲𝐞𝐦 | 𝐔𝐧𝐰𝐚𝐧𝐭𝐞𝐝 𝐋𝐨𝐯𝐞 [ CORRECTION] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant