Chapitre 43

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Éléa

La douleur est partout. Insidieuse, elle se faufile dans le moindre recoin de mon être et maîtrise peu à peu ce qu'il me reste de raison.

Je ne sais pas combien de temps je suis restée dans le noir et j'ai perdu le compte des secondes depuis que mon calvaire a commencé. Je pourrais être là depuis des heures ou cinq minutes à peine. Ma tête est si lourde, mon corps si à vif qu'il m'est maintenant presque impossible de garder les yeux ouverts.

Les contours de mon oncle deviennent de plus en plus flous à mesure du temps passé seule avec lui. J'ai été suffisamment naïve pour croire que ma mère voulait me garder en vie. Je ne me suis pas méfiée et ça aura été la plus grosse erreur de ma courte vie.

Après avoir bu de l'eau croupie dans laquelle avait été versé ce que j'imagine être un somnifère, je me suis évanouie. À mon réveil, mes poignets étaient liés entre eux et mon corps nu, encore anesthésié, pendait lamentablement au bout d'un crochet à viande de boucher. Me retrouver une seconde fois sans défense, dans une position de faiblesse si cauchemardesque m'a fait vomir tripes et boyaux. L'odeur fétide n'a pas eu l'air de gêner mon oncle qui m'a souri avec bienveillance avant de m'annoncer avec une douceur trompeuse :

— Je n'ai jamais pris une femme contre son gré et tu ne seras pas la première.

Il s'était avancé vers moi et contournant mon vomi, il a fait le tour de mon corps gelé et a poursuivi :

— Mais ton consentement ne sera bientôt plus un problème, ma belle.

Dans un dernier sursaut de bêtise, je l'ai défié du regard et le premier coup de poing s'est abattu en plein dans mon estomac. S'est ensuite enchainée une série de coups qui m'a probablement cassé d'autres côtes ainsi que la pommette gauche.

— Quand tu en auras assez de tenir le rôle du sac de frappes, fais-moi signe. Je me ferais le plaisir de te montrer, ma très chère nièce, ce qu'est un homme. Un vrai. Pas comme cette lavette des Hells avec qui tu traînes.

Rendue à moitié folle par la douleur, j'ai rassemblé le peu de force qu'il me restait pour lui cracher au visage et hurler à m'en briser le voix :

— Va pourrir en enfer ! Je préfère encore mourir !

Un rire épouvantable s'est élevé entre nous et d'une voix aussi froide que la calotte polaire, il m'a répondu :

— Comme il te plaira, Princesse.

S'en est suivi une multitude de coups, de coupures, de brûlures qui m'ont fait espérer la mort plus d'une fois. Je ne sais d'ailleurs pas pourquoi je résiste encore ... Peut-être par peur de ce qu'il fera à mon corps une fois morte...

Entre mes cils humides de larmes et le brouillard qui inonde mon cerveau, j'aperçois l'éclat d'une lame et l'adrénaline ne suffit plus à me tenir consciente. Telle une mourante poussant sa dernière complainte. Je hurle une dernière fois, mais ma voix est si abîmée et ma gorge si sèche qu'un simple râle m'échappe. Mes pensées voguent aussitôt vers Milann, Nolan, Clover et Papi. Je supplie Hadès de prendre soin d'eux quand je ne pourrai plus le faire et laisse les ténèbres gagner contre ma volonté.


                                                                                            ***


Nash

Je détaille des yeux son corps couvert d'ecchymoses déjà violacées. Il est couturé d'un tel nombre d'estafilades qu'il me paraît juste impossible qu'elle respire encore et pourtant... Elle vit. Un râle affreux perce la barrière de ses lèvres déchirées et la rage prend possession de moi. Je me sens dans la peau d'un mister Hide et docteur Jekill.

Hell WhispererOù les histoires vivent. Découvrez maintenant