RADUCHKA T1 (terminé), T2 (en cours)

T1.Chapitre 5 - Mirage

Arrivée devant un bâtiment aux allures de casino, je reste bouche bée par la beauté saisissante de l'endroit. Nous nous trouvons au milieu de différents buildings dans une sorte de quartier d'affaires. Pourtant, le club, bien plus petit que tous les autres bâtiments, détonne par sa façade aux vitres teintées et son enseigne d'un rouge et d'un bleu électrique, faisant ainsi fièrement s'ériger son enseigne : Le Nebesa.

- Qu'est-ce que ça veut dire? demandé-je, faisant relever la tête à Mikhaïl de son portable.

- "Paradis", glisse-t-il à mon oreille en plaquant sa paume dans mes reins.

Heureusement que le manteau qu'il m'a offert est bien molletonné, m'empêchant de sentir davantage la pression de sa poigne. De l'amour à la haine, il n'y a qu'un pas il paraît? Autant vous dire que nous sommes en instance de divorce.

Le fait qu'il ait dissimulé sa situation maritale me reste en travers de la gorge, tout comme la brutalité dont il a fait preuve sur ma personne. Bien qu'il ne m'ait plus touché depuis, je ne peux plus imaginer sa bouche parcourir ma peau, ou me donner des orgasmes. J'en serai incapable de toute manière.

Mikhaïl m'invite à prendre son bras lorsque nous arrivons devant les vigiles. Son nom est rapidement coché sur leur liste, puis nous pénétrons les lieux. Je suis époustouflée par la beauté de l'intérieur.

Tout est plutôt chaleureux, bien que les spots lumineux m'empêchent de discerner les différentes couleurs. La décoration me permet clairement d'identifier le genre de club dont il s'agit. Les barres de pole dance nous donnent une idée bien précise du style d'activité qui se déroule ici.

- Par là, me dit Mikhaïl en me montrant un box circulaire après m'avoir délesté de mon manteau noir.

Il me sourit, et j'y réponds plutôt froidement.

Notre relation devient de plus en plus tendue et pesante, pourtant il ne semble pas désirer me faire partir, ni n'a réitéré de quelconques menaces à mon encontre. Il se comporte comme si tout allait bien, me faisant des cadeaux et s'assurant que je prends soin de moi. Je dois toutefois avouer que j'apprécie ce confort qu'il m'offre. Coiffeur, esthéticienne, maquillage, massage. Il m'a véritablement traitée comme une princesse pour que je sois apprêtée convenablement ce soir, et bordel ce que c'était plaisant que l'on me chouchoute! Même les choses les plus basiques comme m'épiler, me manquait, c'est vous dire!

Mais je ne me voile pas la face. Je n'oublie pas son incartade et ne la lui pardonne pas. Seulement, aller à l'encontre de sa volonté ce soir ne me disait rien qui vaille. Il tenait réellement à ce que je vienne, n'appréciant pas entendre un quelconque refus. Finalement, je me suis dit que ce n'était pas si mal de passer une soirée aux frais du prince. Surtout que je pourrais peut-être en apprendre plus sur ce monde. La curiosité qui me ronge de jour en jour est insupportable, s'insinuant même dans mes rêves, écourtant mes nuits et enfumant mon esprit d'idées étranges.

Je souris avec crispation lorsque Mikhaïl m'oblige à serrer la main à ses... collègues? Collaborateurs? Comment s'appellent-ils entre mafieux? Car il est évident qu'ils le sont tous et que cet endroit est l'un de leurs repaires.

Tout le monde est visiblement armé, les agents de sécurité sont suréquipés sous leur costard, et aucune des personnes présentes ici n'a la tête d'un enfant de chœur.

À peine sommes nous installés que Mikhaïl commande à boire, via une tablette incrustée sous le verre de la table centrale. Mes yeux curieux repèrent qu'il est possible de commander des... femmes?!

- Que veux-tu boire? me demande Mikhaïl en Anglais, faisant tiquer les autres hommes attablés.

Mon pouls s'emballe et je tente de camoufler le choc, mais rien n'échappe à l'œil avisé de mon hôte qui se penche déjà vers moi afin de me demander ce qui ne va pas.