Chapitre 44

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Éléa

Ma conscience vogue maintenant sur un océan de tranquillité. Comme enveloppé dans un doux coton, mon corps me semble flotter sur une mer chaude et calme. Je n'aurais jamais imaginé la mort ainsi.

Je profite quelques instants encore de ce moment de bien-être extrême avant que tout autour de moi ne s'effondre et ne laisse place à l'atrocité des souvenirs. La torture physique, la douleur continue, l'effondrement mental... Cet homme qui aurait dû en tant que membre de ma famille me protéger m'a anéantie. Même dans cet au-delà étrange et vaporeux, je me sens complètement brisée et vide.

— Princesse ?

Cette voix tout contre mon oreille, je la reconnaitrais entre mille, mais c'est impossible... Il ne peut pas être là avec moi. Nash ne peut pas être mort ! Mon sacrifice ne peut pas avoir été vain où il ne restera bientôt plus de moi qu'une coquille vide.

Un bip répétitif en arrière-plan attire mon attention. Il accélère au même rythme que mon coeur et fissure un peu plus à chaque battement mon cocon de protection.

— Réveille-toi, ma chérie. Je t'aime tellement... Tu m'entends, Princesse ? Je t'aime.

Je peux sentir une larme se former sous mes paupières closes et couler le long de ma joue et pour la première fois depuis ma perte de conscience, je me prends à espérer. Si je suis capable d'entendre, de sentir, de me souvenir... peut-être alors ne suis-je pas dans l'au-delà, mais bel et bien auprès de lui.

Le besoin de m'en assurer m'aide à trouver la force nécessaire pour entrouvrir les yeux. La luminosité me brûle la rétine et m'oblige à cligner plusieurs fois des paupières. Sur ma droite, un soupir de soulagement balaie ma joue avant qu'une unique larme qui ne m'appartient pas, tombe dans sur ma mâchoire et glisse le long de mon cou se mêlant rapidement au sillon frais des miennes.

Le corps désormais lourd, je finis par entrouvrir les yeux et enfin son visage m'apparaît. Milann ne m'a jamais paru aussi beau qu'en cet instant. Les rayons de soleil du petit matin l'entourent d'un halo lumineux lui donnant l'air d'un ange vengeur.

— Salut.

Ma voix est roque et faible, mais le sourire qui étire la commissure de ses lèvres est néanmoins renversant.

— Salut.

— J'ai soif.

Le matelas bouge quand mon biker se redresse pour attraper un verre sur la table de nuit. Une paille est glissée dedans. Il me tend les tend tout en soutenant ma tête de sa main gauche.

Le liquide froid fait un bien fou à ma gorge asséchée. Ma tête commence cependant à bourdonner et la douleur, bien qu'atténuée, se rappelle à moi.

Un coup d'oeil à ce qui m'entourer me fait grimacer. La chambre de Nash a été transformée en chambre d'hôpital. Les capteurs sur ma poitrine surveillent les battements réguliers de mon coeur, un goutte à goutte est rattaché à mon bras par un cathéter et mon corps porte tellement de bandages qu'il me donne l'impression d'être momifiée.

L'inquiétude prend le dessus et mes yeux replongent dans ceux de mon amoureux. Ma voix est un peu plus assurée quand je lui demande :

— J'ai dormi longtemps ?

Il acquiesce.

— Dix jours. Tu as refait surface de temps en temps, mais tu replongeais aussitôt dans le sommeil. Le doc a dit que c'était normal, mais... tu m'as fait très peur, Princesse.

— Désolée.

J'essaie de me redresser, mais la douleur m'empêche de le faire. Ma grimace n'échappe pas à mon homme qui m'aide aussitôt, mais au lieu de mettre un coussin derrière moi, il cale mon dos contre son torse et me prend dans ses bras. Il murmure alors à mon oreille :

Hell WhispererOù les histoires vivent. Découvrez maintenant