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N E S S A Y E M
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Je fronçai légèrement les sourcils, pas convaincue par sa réponse. Il y avait quelque chose de trop détaché, comme s’il récitait une vérité qu’il ne voulait pas vraiment partager.

— Et si on ne choisissait pas où on est ? Si l’illusion nous emprisonnait sans qu’on ait notre mot à dire ?

Adem eut un léger sourire, un de ces sourires qui ne montent pas jusqu’aux yeux.

Adem — Alors, ça voudrait dire que tu ne fais que subir. Et je ne pense pas que tu sois le genre de personne à accepter ça, Nessayem.

Je ne répondis pas tout de suite. Parce qu’au fond, il avait raison. Ou peut-être que je voulais qu’il ait raison.

Un silence s’étira entre nous, pas forcément pesant, mais rempli de quelque chose d’indéfinissable. J’avais l’impression que les rues autour de nous étaient devenues floues, comme si le monde s’effaçait lentement en arrière-plan, ne laissant que cette conversation suspendue dans le vide.

Puis, il tourna les talons, prêt à partir.

Adem — Tu devrais rentrer, lâcha-t-il en me jetant un dernier regard.

— Tu ne rentres pas, toi ?

Il haussa les épaules.

Adem — J’ai encore des choses à faire dans « l’abîme.»

Je ne savais pas si c’était une vraie réponse ou juste une manière poétique de clore la discussion. Mais une chose était sûre : Adem était déjà loin, même en étant juste devant moi.
Je le regardai s’éloigner, son ombre s’étirant sous les réverbères. Il n’avait pas cherché à m’expliquer, à me convaincre. Juste une phrase lancée comme une énigme, et puis plus rien.

Je restai plantée là quelques instants, à observer la rue presque vide. L’air était lourd, chargé d’une tension que je n’arrivais pas à définir. Puis, je baissai les yeux vers mes mains. Elles étaient légèrement tremblantes. Depuis quand ?

Adem avait toujours cette façon de parler, comme s’il savait des choses que personne d’autre ne voyait. Comme s’il avait un pied dans un monde invisible aux autres.

Et moi, où est-ce que j’étais ?

Je soufflai, chassant cette pensée. Il fallait que je bouge. Que je parte avant que cette sensation ne s’infiltre trop profondément.

Mes pas résonnèrent sur le trottoir humide. Chaque lampadaire projetait une lumière blafarde, déformant les ombres. Au loin, le bruit sourd d’une voiture traversant une avenue désertée.

Je pris une ruelle, par habitude, par instinct. Une odeur de terre mouillée flottait dans l’air.

Et puis, un bruit derrière moi. Léger, presque imperceptible.

Je me figeai.

Mon cœur rata un battement.

Je tournai légèrement la tête. Rien. Juste les contours flous des immeubles, la pâleur des lampadaires, le vide.

𝐍𝐞𝐬𝐬𝐚𝐲𝐞𝐦 ✍🏼 | « Plus D'amour A Donner Si C'est Pas Lui » [ CORRECTION] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant