chapitre 2

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C'est confortablement installé à même le sol du toit de l'établissement, qu'Hajime continuait son repas silencieusement, accueilli par le sifflement des quelques oiseaux qui rôdaient autour dans l'espoir d'obtenir quelques miettes. Mais toujours en ressassant les propos fâcheux de ses deux meilleurs amis... Il était contrarié, sérieusement, il ne pouvait même plus passer du temps avec la moindre personne qui l'entourait sans qu'elle ne finisse par évoquer l'autre énergumène. Ca le rendait fou, littéralement.

Désespéré par le fait qu'un lycée entier se fasse berner si bêtement par le charme d'un sale mec, un pauvre type qui avait juste la chance de naitre avec un beau physique. Il ruminait.
Il trouvait ça insupportable, les gens pouvaient se montrer tellement idiots. Ce type réussissait à influencer la manière dont on le percevait juste de par sa simple existence et une personnalité franchement superficielle, d'une fausseté extrême, que c'en devenait aberrant que personne ne le remarque.

C'était complètement absurde, se laisser avoir si inopinément, comme ça simplement. Il espérait trouver quelqu'un qui pourrait partager son avis et admettre que l'apparence de ce gars ne justifiait franchement pas un si grand intérêt commun.

Il mâchait non sans se priver ses fameux morceaux de poulet soigneusement préparés par sa mère la veille, si bien que tellement concentré à profiter de la satisfaction du moment, il n'entendit pas la porte du toit s'ouvrir en grand, à côté de lui. C'était inhabituel pourtant, cet endroit était difficile d'accès et jamais personne ne venait ici, c'était le coin préféré d'Iwaizumi, là où il pouvait se cacher, sans que personne ne le trouve jamais.

- Alors Sakura-chan, tu vas me dire pourquoi tu m'as emmené jusqu'ici ?

C'est en entendant cette voix niaise qu'Iwaizumi tilta. Le grand roi. Il était là.

Accompagné d'une de ces stupides filles venue lui déclarer sa flamme et prête à se ridiculiser ouvertement devant lui, alors qu'elle allait certainement se prendre un râteau monumental.

Ainsi, accroupi dans son coin, le brun assista, sans le vouloir, à la scène se déroulant face à lui.

- Euh, eh bien, je voulais que nous soyons dans un endroit tranquille, lui répondit la jeune fille gênée, se triturant les doigts et bégayant.

- Oh d'accord, je comprends, lui sourit le principal concerné.

Hypocrite, pensa Hajime, maugréant dans sa barbe inexistante toutes sortes d'insultes à son égard.

- Eh bien vas-y Sakura-chan, je t'écoute, qu'est-ce que tu avais à me dire de si important ? l'incita à continuer Oikawa.

- Euh... hm.. en fait, enfin, je sais que je ne suis pas la première à venir te le dire mis euh, je te trouve vraiment beau et gentil, est-ce que tu accepterais de sortir avec moi ? Enfin, oui, euh, non, je veux dire, faire une sortie à deux, aller au cinéma par exemple...

Iwaizumi qui ne loupait rien de la scène, se sentait terriblement mal pour la fille, à présent rouge comme une pivoine, face au châtain qui lui était indifférent. Son sourire à lui s'était abaissé au fur et à mesure du monologue de celle qui lui faisait face, pourtant il ne semblait franchement pas surpris, juste mal à l'aise.

- Je suis vraiment désolé Sakura-chan, nos sentiments ne sont pas partagés... tu es une fille super et je te souhaite de rencontrer quelqu'un de bien, mais ça ne sera pas moi. Tu mérites d'être heureuse, et je suis vraiment reconnaissant pour les compliments que tu me fais, mais je pense que tu trouveras mieux. Merci pour ton honnêteté, je suis désolé de ne pas pouvoir te répondre oui et que ce soit réciproque.

Stupéfait, Iwaizumi s'était arrêté de manger, il était abasourdi par le discours du volleyeur et la manière dont il avait gentiment repoussé la jeune fille. Il s'attendait à quelque chose de plus violent et hautain. Seulement, il n'était pas dupe, jouer au garçon respectueux était nécessaire pour qu'il garde une bonne image de lui et se fasse apprécier davantage, se faisant passer pour quelqu'un d'inaccessible.

Sidéré et interdit, il se sentait de trop dans ce petit espace, embarrassé d'avoir entendu quelque chose qui ne le concernait pas, en dérangeant malencontreusement l'intimité de deux personnes. Il tentait de ne plus respirer, espérant devenir transparent instantanément.

Mais malheureusement, ce qui devait arriver arriva, le châtain détourna les yeux de sa cible avant de les poser droit sur un Iwaizumi, visiblement tout sauf non-voyant.
Il l'avait bien sûr remarqué, recroquevillé sur lui-même, feignant l'ignorance. Et étrangement, cela l'amusa; il avait éveillé son intérêt, un rictus se dessina sur ses lèvres.

La jeune fille, surprise d'avoir perdu l'attention de son don juan, se retourna suspicieuse, avant de découvrir elle aussi le pauvre Hajime. Ses sourcils se froncèrent, lorsqu'elle vit elle aussi le jeune garçon, et fut très gênée d'apprendre qu'elle avait été écoutée.

- Il a tout entendu... s'écria ladite Sakura, complètement abattue rien qu'à l'idée que le brun ait assisté à sa confession.

- Ne t'en fais pas Sakura-chan, tu peux partir, je m'en occupe, lui répondit son sauveur de sa voix douce et de son sourire angélique.

Ainsi, elle ne se fit pas prier, elle partit en courant, la porte claquant dans un bruit sourd.

Le châtain quant à lui, se rapprocha du concerné, qui faisait mine d'être inexistant, ce qui fit rire davantage le plus grand.

- Tu joues à cache-cache ? se moqua-t-il gentiment.

Iwaizumi, susceptible qu'il était, n'avait qu'une seule envie: lui balancer le reste de son bento sur la tronche. Ce qu'il s'empêchait de faire, malgré lui, par respect pour le travail de sa mère.

Voyant qu'il ne daignait pas répondre, Oikawa prit les devants et vint s'asseoir auprès de lui.

- Tu es bavard, on doit te le dire souvent, rajouta-t-il.

Hajime retenait profondément son envie de le frapper violemment. Il était insupportable, pire que ce qu'il avait imaginé. Il prit sur lui en l'ignorant et rangea ses affaires en vitesse avant de se relever presqu'aussi rapidement, sous les yeux ébahis du châtain qui ne s'attendait pas à se faire mépriser de cette manière.

- A jamais, s'autorisa à commenter Iwaizumi, haineux.

Prit au dépourvu, Tooru s'esclaffa sans hésiter:

- Ah donc finalement tu sais parler.

Et il appuya sa tête contre le vieux grillage qui émit un drôle de bruit rouillé, il regarda le brun s'en aller qui semblait mécontent et trainait des pieds.

Décidément, c'était la première fois qu'il rencontrait quelqu'un d'aussi imprévisible...

NARCISSE iwaoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant