Forgotten Memory

XXXI

Alban

Je me tiens immobile devant la porte de l'appartement, une attente empreinte d'incertitude s'insinuant dans chaque seconde. Je pressens que le père de Faith ne tolérera pas cette visite impromptue. Mes nerfs s'étirent dans l'attente de ses paroles, mais le silence persiste.

Impatient, je tends l'oreille, espérant capter ne serait-ce qu'un écho de leur échange. Des murmures lointains, presque imperceptibles, me parviennent enfin. Je me reproche de l'avoir laissée seule, mais les circonstances m'avaient contraint à cette décision.

Je m'efforce de discerner les mots échangés, en vain. Seule une phrase, chargée d'émotions, perce le voile du silence :

- Non, tu n'en sais rien, tu en fais juste des déductions stupides avec lesquelles tu te bourres le crâne uniquement pour te persuader du fait que je ne suis qu'une ratée, une traînée, une salope.

C'est la voix de Faith. Son père réplique d'un ton empreint de reproches :

- Ne me parle pas sur ce ton, Faith ! J'ai sacrifié beaucoup de choses pour te donner une vie décente, et voilà comment tu me remercies !

Sa voix résonne dans un cri chargé d'amertume.

Je retiens mon souffle. Il a sacrifié beaucoup de choses pour lui donner une vie décente, hein ? Ce serait une remarque suffisante pour me pousser à fuguer. Je ne plaisante pas.

Une voix m'interrompt. Sara.

- Puis-je vous être utile ?

Je balbutie une réponse :

- Je... on... Non, merci je viens tout juste de quitter l'appartement. Au revoir.

Déjà en retrait, je quitte l'étage dans un souffle. En descendant les escaliers, je jette un regard en arrière. Sara semble hésiter avant de franchir le seuil.

Enfin dehors, je retrouve Ethan qui m'attendait patiemment.

- Alban, je vais vous tuer, tous les deux, menace-t-il.

Sa colère gronde dans ses paroles.

- Pourquoi donc ? répliqué-je.

- T'aurais pu me prévenir que Monsieur Davis était ici, non ?

- Il n'était pas là quand tu as appelé, sinon je te l'aurais dit, imbécile.

- Tu aurais dû me prévenir que le cauchemar le plus cauchemardesque de Faith était là, insiste-t-il.

Je hausse les épaules.

- Ce qui est fait est fait, décrété-je, passe-moi une clope.

Il me passe son paquet et j'en tire une cigarette que j'allume à l'aide d'un briquet traînant dans la poche de ma veste.

- Ils ont repoussé tes cheveux, fait-il remarquer, une observation en apparence banale, mais révélatrice de son attention aux détails.

- Encore heureux, réponds-je, l'ironie teintant mes paroles.

J'inhale un grand coup puis exhale en soupirant. Son regard glisse vers moi.

- Olivia vient ici la semaine prochaine, pour le Martin Luther King Jr. Day, m'informe-t-il.

- Oh, sympa.

- Ouais, murmure-t-il, le ton un peu éteint, comme s'il retenait quelque chose.

- Tu vas pouvoir lui présenter ta copine, ajouté-je, essayant de relancer l'échange.