Chapitre 5

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   Après cette journée riche en émotions, Miwa savait qu'il était temps pour elle de rentrer chez elle. Malgré la chaleur et la bienveillance de Baji, Chifuyu et sa mère, une angoisse sourde lui nouait le ventre à l'idée de confronter sa propre mère.

    Elle se leva lentement, remerciant encore une fois ses amis pour leur soutien.

- Je dois y aller maintenant, dit-elle avec un sourire contrit. Ma mère va s'inquiéter si je ne rentre pas.

   Baji et Chifuyu hochèrent la tête, compréhensifs.

- Pas de problème Miwa, on se voit demain alors ? proposa Chifuyu avec enthousiasme.

- Bien sûr, à demain les amis, répondit-elle avant de quitter la maison, le cœur un peu plus léger.

   Sur le chemin du retour, Miwa ne pouvait s'empêcher de penser à la réaction de sa mère. Arrivée devant chez elle, elle inspira profondément avant d'ouvrir la porte. Miwa entra chez elle le cœur lourd, redoutant la confrontation avec sa mère. À peine eut-elle franchi le seuil que la voix glaciale de cette dernière retentit :

- Miwa ! Où étais-tu passée, petite ingrate ? J'espère que tu as une bonne explication !

   La jeune fille leva lentement la tête, ses longs cheveux blancs encadrant son visage pâle. Ses yeux rouges, si caractéristiques de son albinisme, se posèrent sur sa mère avec appréhension.

- Je... J'étais avec des amis, maman. Je suis désolée, je n'ai pas vu le temps passer...

- Des amis ? Ne me fais pas rire ! Qui voudrait être ami avec un fantôme comme toi ? Et tes notes qui dégringolent, tu crois que c'est digne de celle que tu dois être, de celle que tu as l'obligation de remplacer ?

   Miwa se mordit la lèvre, retenant les larmes qui menaçaient de couler. Elle savait qu'elle ne pourrait jamais égaler cette sœur disparue qu'elle était censée incarner aux yeux de sa mère adoptive.

- Je suis désolée, maman. Je vais faire de mon mieux, je te le promets, murmura-t-elle d'une voix tremblante.

- Faire de ton mieux ? Comme toujours, tes efforts sont pathétiques ! Tu n'arriveras jamais à la cheville de ma vraie fille, tu m'entends ? Jamais !

   La mère de Miwa s'approcha d'elle, le regard empli de colère et de dégoût. Elle attrapa violemment le bras de la jeune fille, ses ongles s'enfonçant dans sa peau pâle.

- Tu me fais honte, Miwa. Je regrette tellement de t'avoir adoptée, pas étonnant que tes parents t'ais abandonnée à la naissance. Maintenant, monte dans ta chambre et que je ne te revoie pas de la soirée !

   Elle la repoussa brutalement, faisant trébucher Miwa qui se rattrapa de justesse à la rambarde de l'escalier. La jeune fille gravit les marches en courant, les larmes ruisselant sur ses joues. Une fois dans sa chambre, elle se laissa tomber sur son lit, enfouissant son visage dans l'oreiller pour étouffer ses sanglots. Elle avait l'impression que sa vie ne serait jamais qu'une suite de déceptions et de souffrances. Pourtant, au milieu de ce désespoir, une lueur d'espoir subsistait. Le souvenir de Baji et Chifuyu, de leur gentillesse et de leur soutien inconditionnel, lui réchauffa le cœur. Grâce à eux, elle avait enfin l'impression d'exister pour elle-même, d'être acceptée et aimée pour qui elle était.

*

   Le lendemain matin, Miwa se réveilla avec une boule au ventre. Elle appréhendait de retourner au collège après les événements des derniers jours. Mais elle savait qu'elle pouvait compter sur le soutien d'Ayame.

   Lorsqu'elle arriva devant l'établissement, son amie l'attendait avec un sourire encourageant. Elles se dirigèrent ensemble vers leur salle de classe. En entrant, Miwa croisa le regard de "Pot de Gel", assis au fond de la classe. Il la fixait avec une intensité troublante, comme s'il cherchait à lire en elle. Mal à l'aise, elle détourna les yeux et s'installa à sa place.

   La matinée se déroula sans incident notable, mais Miwa avait du mal à se concentrer sur les cours. Son esprit ne cessait de revenir aux événements traumatisants qu'elle avait vécus. Elle sentait le regard inquiet d'Ayame posé sur elle, mais elle n'avait pas le courage d'affronter ses questions pour le moment.

   À la pause déjeuner, Miwa s'éclipsa discrètement de la salle de classe et monta sur le toit du collège, cherchant un peu de tranquillité. Elle avait besoin d'être seule pour remettre de l'ordre dans ses pensées. Accoudée à la rambarde, le regard perdu dans le vide, elle sursauta quand la porte du toit s'ouvrit derrière elle. Elle se retourna et découvrit Chifuyu qui s'approchait d'elle, l'air soucieux.

- Miwa, tout va bien ? demanda-t-il doucement en s'accoudant à ses côtés.

   Miwa hocha la tête, la gorge serrée. Au bout d'un long moment, elle prit la parole d'une voix hésitante :

- Je n'ai pas encore eu l'occasion de te remercier pour l'autre soir. Sans toi et ton ami, je...

   Sa voix se brisa et elle détourna la tête, refoulant ses larmes. Chifuyu posa une main réconfortante sur son épaule.

- Tu n'as pas à me remercier, Miwa. C'était normal. Je suis juste soulagé qu'on soit arrivés à temps.

   Miwa esquissa un faible sourire, touchée par sa sollicitude. Ils restèrent ainsi un moment, côte à côte, sans parler. La présence de Chifuyu avait quelque chose d'apaisant, comme s'il comprenait ce qu'elle traversait sans qu'elle ait besoin de mettre des mots sur sa souffrance. Soudain, la porte du toit s'ouvrit à nouveau et Ayame débarqua, l'air affolé.

- Miwa ! Je t'ai cherchée partout !

   Elle se figea en apercevant Chifuyu et ses joues s'empourprèrent. Chifuyu, sentant qu'elle avait besoin de parler à son amie, s'éclipsa discrètement avec un dernier regard encourageant pour Miwa. Une fois seules, Ayame se précipita vers Miwa et la serra dans ses bras.

- J'étais morte d'inquiétude ! Pourquoi tu es partie comme ça ?

   Miwa lui rendit son étreinte, soudain submergée par l'émotion.

- Désolée, Ayame. J'avais juste besoin d'être un peu seule.

   Ayame s'écarta doucement et plongea son regard dans celui de son amie.

- Miwa, je sais que tu traverses quelque chose de difficile en ce moment. Je ne te forcerai pas à en parler si tu n'es pas prête, mais je veux que tu saches que je suis là pour toi. Toujours.

   Miwa sentit les larmes lui monter aux yeux, touchée par la sincérité de son amie.

- Merci, Ayame. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi.

   La sonnerie retentit, annonçant la reprise des cours. Les deux amies se séparèrent à regret, mais le cœur un peu plus léger. Savoir qu'elles pouvaient compter l'une sur l'autre leur donnait la force d'affronter les épreuves à venir.

   Et tandis qu'elles regagnaient leur salle de classe, Miwa se surprit à penser que malgré les difficultés, elle avait beaucoup de chance d'avoir des amis aussi précieux. Avec eux à ses côtés, elle se sentait capable de surmonter n'importe quel obstacle. Et pour la première fois depuis longtemps, l'avenir lui apparut sous un jour nouveau, baigné d'une douce lumière d'espoir, sans aucune mauvaise infortune à l'horizon.

Baji x reader (Miwa)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant