Chapitre 37

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Quinze longues minutes s'étaient écoulées depuis que je m'étais enfoncée dans le silence.

Alors que la soirée reprenait son cours habituel, ponctuée de conversations animées et de félicitations adressées à notre table, je demeurais étrangement silencieuse. Les éloges et les marques de respect arrivaient à mon encontre, mais je laissais Clive répondre en mon nom.

Mon esprit était ailleurs, happé par les méandres de mes réflexions.

La chevalière entre mes mains agissait comme un puissant déclencheur de pensées tourmentées. Le motif de la faucheuse gravé dans le métal résonnait d'une manière poignante avec les souvenirs déchirants de la perte de ma famille. Chaque détail de cette soirée solennelle semblait être imprégné de l'ombre de ce passé douloureux.

Mon esprit était envahi par une confusion profonde.

Les hommes qui avaient pris la vie de ma famille se revendiquaient comme étant envoyés par Vasilli. Pourtant, pourquoi arboraient-ils la même chevalière que celle qui venait de m'être remise, symbole d'une adhésion officielle à la commission ?

Les pièces du puzzle semblaient résolument hors de place, créant une image discordante de vérités entremêlées.

Un sentiment d'incompréhension pesait lourdement sur mes épaules, laissant mon esprit égaré dans un labyrinthe de questions sans réponse. Le voile épais de mystères et de mensonges semblait délibérément obscurcir la vérité, me plongeant dans l'incertitude la plus totale.

Une pression légère sur mon bras m'extirpa momentanément de mes pensées tourmentées.

Je tournai instinctivement la tête pour croiser le regard de Clive, dont les sourcils étaient froncés dans une expression à la fois grave et préoccupée.

Sa voix, simple mais chargée d'urgence, me parvint comme un appel muet :

- Viens avec moi.

Sans hésitation, je me levai, acceptant tacitement son invitation silencieuse.

Ensemble, nous traversâmes la salle, ignorant les regards intrigués des convives qui semblaient dévorer chaque geste. La terrasse, où j'avais partagé des moments avec Gina quelques instants plus tôt, se révéla comme un refuge dans le tourbillon de la soirée.

Le contraste entre le silence feutré de cet espace isolé et l'agitation frénétique de la fête environnante était saisissant.

Une fois éloignés du vacarme de la foule, Clive se tourna vers moi, ses prunelles sombres reflétant une inquiétude palpable.

- Qu'est-ce qui se passe? demanda-t-il d'une voix empreinte à la fois de douceur et de fermeté.

Je m'approchai de lui, la chevalière entre mes doigts, sa froideur métallique semblant résonner avec les doutes qui m'assaillaient.

- Cette chevalière, qui la possède ? Combien de personnes arborent un tel symbole? exprimai-je, cherchant des réponses dans l'océan d'incertitudes qui m'entourait.

Les sourcils de Clive se plissèrent légèrement, signe de son étonnement face à ma question.

- Seuls les membres les plus éminents de la commission portent cette chevalière : les chefs, leurs enfants, les bras droits, répondit-il d'une voix teintée d'une certaine gravité.

Son regard semblait capturer chaque nuance de préoccupation qui m'habitait, révélant la profondeur de mes interrogations et la nécessité de trouver des réponses.

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