Chapitre 9

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Calypso avait appris de sa première escapade à la surface. Sur son long chemin de filature, la jeune fille avait pensé à ramasser de longues algues. Elle en avait récolté suffisamment pour se confectionner une jupe de fortune afin de se couvrir quand elle transformerait sa longue nageoire en jambes humaines.

Avec les femmes du royaume, elle avait appris très tôt à confectionner elle-même les brassières qu'elle arborait fièrement. Composé de coquillages ou de fleurs sous-marines, Calypso changeait de style au gré de ses envies.

Désormais à proximité du MinRoyal, la fillette observa autour d'elle et s'approcha du quai. Elle se glissa sous le ponton, lui permettant toute la discrétion possible afin de faire apparaître ses jambes et se couvrir rapidement. Sa transformation fut une nouvelle fois une réussite, ce qui la mit en joie.

Assurée que personne ne l'observait, Calypso se hissa sur le ponton et traversa la mince planche qui la reliait au navire.

Elle souffla de soulagement quand ses pieds heurtèrent enfin le plancher du bâtiment puis elle se mit à la recherche de son père, minutieusement. Quelle ne fut pas sa chance que le bateau fut vide de son équipage.

Le navire était immense et pourtant, ce fut sans hésitation que ses jambes la menèrent vers la cabine principale, comme si c'était là-bas que son cœur lui demandait de chercher. Elle approcha de la pièce puis se posta devant la porte. Relevant la tête, elle put observer les lettres inscrites gravées sur le battant.

Ca... cap... pi.. capitai-ne ! Capitaine ! chuchota-t-elle, ravie.

En joie d'avoir pu mettre en application ces leçons de lecture que lui enseignait son oncle, elle posa sa main sur la poignée afin d'ouvrir la porte, mais celle-ci se trouva verrouillée.

Mince, bougonna-t-elle en soupirant.

Contrariée de ne pas pouvoir accéder là où elle se sentait obligée d'entrer, Calypso arbora une mine grincheuse avant que la porte ne se mette à vibrer. Les doigts toujours sur la poignée, le loquet intérieur se brisa sans même qu'elle n'ait à prononcer un mot.

Trop facile, ricana la sirène avant de pénétrer à l'intérieur.

Elle referma la porte, puis se mit à observer autour d'elle. La cabine du capitaine était vaste et épurée. Peu de meubles s'y trouvaient si ce n'était un lit de fortune ainsi qu'une table couverte de cartes des quatre coins du globe. L'odeur qui y régnait la fit frissonner. Ce mélange de poivre et de musc qui flottait dans l'air la rassurait malgré l'air austère de la pièce.

Bien qu'elle fût sûre de l'absence de son père, Calypso n'était pas décidée à quitter cet endroit. Son regard fut attiré par deux tableaux accrochés au mur. Le premier représentait un portrait d'un homme d'un certain âge. Brun et assez charismatique, finalement très semblable à la deuxième représentation qui se trouvait à côté.

Oh, mais c'est ce pirate... souffla-t-elle en s'approchant de la toile. Alors, tu es le capitaine de ce bateau, ajouta cette dernière tout bas.

La jeune sirène semblait vouloir parler au portrait, comme si elle s'attendait à ce qu'il en sorte et la prenne dans ses bras. Elle ne cessait de scruter la forme des yeux de cet homme qu'elle trouvait similaires à la sienne, ainsi que ses cheveux aussi sombres que la nuit. Elle se sentit débarrassée de toute tension négative, comme cette première fois où elle était montée sur le navire et avait croisé le visage de l'homme sur le tableau.

Non loin des portraits, sur la chaise rangée sous la table, Calypso remarqua un vêtement soigneusement plié qu'elle prit dans ses mains et observa. Une odeur réconfortante de savon s'échappait du tissu qu'elle serra entre ses doigts. Il s'agissait d'une chemise, celle du capitaine. Elle avait perdu l'éclat de son blanc, mais semblait parfaite aux yeux de la jeune sirène. Sans hésiter, elle l'enfila et se sentit moins exposée, entourée de cet habit à l'odeur qui l'apaisait sans qu'elle ne puisse l'expliquer.

Créature -  [ YOONMIN + TKK ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant