Chapitre 1

2 0 0
                                    


Un regard par la fenêtre de ma chambre. La neige tombe et recouvre le jardin de la maison de ma mère. Elle ne tiendra pas longtemps sur le sol, mais sa beauté resplendie. Les chats errants jouent, se faufilent, ondulent dans ses flocons. Une image pleine de vie. Une photo apaisante pour ce que j'ai à faire aujourd'hui. Alors que les félins sautent et se roulent sur le tapis froid, mes yeux reviennent sur le bout de papier devant moi. L'enfant des pages noircies depuis l'aube. Je ne sais pas comment m'y prendre, il y a tellement de choses que je voudrais leur dire. Par où commencer ?

Maman, Mamy, Papy

Pourquoi je suis ? Pourquoi je souffre ? Pourquoi je cris ? Pourquoi j'espère ?

J'ai toujours su que j'allais mourir un jour blanc, comme celui-ci. J'attendais ce moment depuis trop longtemps. Je l'ai planifié et exécuté mille et une fois dans mes pensées. Ce rêve était une puissante consolation, il m'a aidé à passer plus d'une mauvaise nuit. C'est maintenant que je laisse l'espoir remplir mes actes. Je vous blesse dans un dernier effort, mais je vis avec ce désir de renouveau. Une fois ces mots écrits, je m'en vais, je m'évade loin de tout, de ce monde qui m'étrangle, m'écrase, me détruis et m'empêche de vivre dans ma bulle, mais celle-ci s'agrandi et s'emplit du feu de mon désir de renaissance. Je ne veux pas mourir, je veux simplement disparaître, car on ne s'évade pas de la réalité, elle finit toujours par nous rattraper, alors je dessine une nouvelle réalité. Je ne reviendrai plus, je me suicide, il me tue et je m'en vais dans un monde d'espoir.

Incolore. Depuis ce jour où il a commencé, la chose la plus courageuse que j'ai faite c'est continuer à vivre alors que je veux disparaître. Ma vie n'est qu'un tunnel sombre et sans fin. La lumière de mon espoir, d'une vie normale, est introuvable sur cette Terre, ce monde fade et écœurant. Tout ce que je veux c'est retrouver mes teintes, les papillons volants et l'odeur des fleurs.

Je ne peux plus, je suis fatiguée. J'ai besoin de me libérer. J'ai besoin de lumière sur mon chemin, de la vérité.

Mais aujourd'hui je vais bien, j'ai espoir. Pour la première fois depuis longtemps. J'aspire à une vie meilleure, une vie de couleurs. Je souris à demain.

Lorsqu'il faut raconter son destin, il faut être déterminé. Quand il faudra passer à l'action, je gagnerai le dernier des combats.

Alors je vous écris ces mots juste avant de faire taire mes maux et de laisser mon corps parler pour moi.

Livide. Alors que je venais de finir mon année de quatrième, mon cœur était lourd. Maintenant que j'ai parlé plus rien n'est comme avant. Hier, j'avais encore une tante, et ma mère avait deux neveux.

Aujourd'hui je me dis que ce secret, j'aurais peut-être dû le garder pour moi et mourir avec. Peut-être que tout le monde aurait été plus heureux. Je ne l'ai pas fait...

Le silence a le poids des larmes. Je n'ai jamais voulu vous raconter, mais vous savez ce qu'il m'a fait. Je vous l'ai dit. Je vous l'ai avoué. Ce secret qui devenait trop écrasant. Ce secret que je vivais dans le noir. Ce secret me fait mourir à petit feu. Ce secret ne devrait pas exister. Ce secret n'en est plus un. Ce secret est mon passé. Mon passé est ces viols digitaux. Mon passé est ces viols répétitifs. Mon passé est ces agressions dans ma propre famille. Des intrusions par mon propre cousin.

Répugnant. Cette nuit-là, je ne savais pas ce qui se passait. Je ne sais pas ce qui lui a pris, ce qu'il a fait. Je ne sais pas, et je ne sais pas si je veux savoir. Mais le doute m'est insupportable. Comment vivre avec ça ? Avec ces sentiments de responsabilité pour ce qui m'est arrivé, et de culpabilité qui serre mon âme ?

Depuis cette première nuit, je me sens seule, je me sens sale. Aveuglée par l'habitude. J'en suis venue à me détacher de tous mes sentiments, de toutes mes sensations, de tout mon être. Ma tristesse est si profonde qu'elle ne prend même pas la forme de larmes. Les larmes de mon cœur n'atteignent pas mes yeux. Le malaise et le mal-être sont les seules émotions qui règnent sur mon cœur. Dans le miroir je ne me reconnais plus, je suis mal dans ma peau, je ne m'aime plus, seulement de haine. Et les souvenirs m'assaillent et entaillent mes pensées.

Nauséeuse. Un jour j'ai décidé que ça devait s'arrêter, que je ne pouvais plus vivre cela. Alors je l'ai dit à maman. Je lui ai livré mon malheur, ma honte et mon secret. J'avais espoir que tout se termine à ce moment-là, mais...

Voici la vérité nue.

J'entends comme le bruit de ses pas, qui résonne dans ma tête.

Lorsque mon réveil sonne, ses mains disparaissent.

Quand mon cerveau sort du brouillard, son odeur s'évapore.

Au moment où mon corps se réveille, mon âme revient à elle.

C'est ainsi tous les matins.

Le même refrain encore et encore.

Son être me hante.

Et lorsque mes yeux se ferment, ne serait-ce que quelques secondes, je le sens encore en moi.

Je fais comme si rien ne s'était passé

Il ne faut pas que j'aie peur, il n'y a personne.

Mais je le vois toujours.

Je vois son fantôme au coin de chaque rue, à chaque coin de couloir, à chaque mètre que je parcours dans la rue.

Je veux le fuir.

Mais il me suit.

J'ai peur.

Cadavérique. Ma vie est un cauchemar. La terreur est ma vie. Une seule solution reste mienne.

Mais dans la mort il ne me suivra pas, il m'abandonnera, il me libèrera et me laissera avec mon dessein de bonheur.

Un soupir de soulagement passe la barrière de mes lèvres. Je suis détendue et j'espère que tout se passera comme je l'ai prévu. Je voudrais qu'ils comprennent que tout ce que je désire c'est la paix intérieure, la sérénité. Je ne peux plus vivre dissociée. J'ai la conviction que ce que je m'apprête à faire est la bonne chose. En tout cas, c'est ce que mon cœur veut. Je me dois d'être optimiste pour l'avenir de ma famille. Sinon je ne le ferai jamais. Je resterai dans ma souffrance. J'ai la certitude que mon bonheur est proche, que ce que je désire le plus va arriver et que rien n'y personne ne pourra me faire du mal. Je pars pour un long voyage.

Je n'attends plus que l'apaisement me vienne, je vais à sa recherche et...

Le sang coulant, dore ma peau, tout ce rouge sur mon corps et l'espoir s'éprend de moi.

Chacune de ces larmes qui coulent est un morceau de mon cœur en miette qui s'échappe.

Le corps tremblant, je libère mon âme et l'espoir m'envahie.

C'est à partir de combien de larmes que l'on arrête d'être triste ?

La respiration faible, mes douleurs se calment et l'espoir remplit mon âme.

Les battements de mon cœur ralentissent, soulagent mon être et l'espoir m'entoure.

Ma périphérie se restreint et obscurcie mon horizon et l'espoir m'émeut.

La fin approche, elle est à porter de mes doigts et je succombe à l'espoir d'une meilleure vie.

Alors me voilà à attendre ma félicité

Mon espoir est à portée de main

Il est dans mes mains

Je vous aime

Tabea

Ix TabOù les histoires vivent. Découvrez maintenant