T1.Chapitre 6 - Un regard

49 11 4
                                    


Le réveil est moins difficile que je ne l'aurai cru.

Je ne ressens même pas les coups incessants de la gueule de bois contre mes tempes.

Aurais-je trouvé le secret des lendemains de soirées réussis ? S'alcooliser avec du champagne hors de prix ?

Peut-être bien.

Néanmoins, si mon cerveau ne semble pas submergé par un maelström de bulles pétillantes, mon corps me fait comprendre que la déshydratation lui fait défaut.

Je m'assis difficilement, la mine grimaçante en sentant certaines de mes ecchymoses me tirailler encore au niveau du cou et de mon ventre.

Ma robe bleu nuit est en boule dans un coin de la chambre de Mikhaïl. D'ailleurs, je me rends compte que j'ai dormi... nue !

Et merde.

Inquiète, je glisse une main sur le matelas à la recherche d'...

Double merde !

L'alcool ne te réussis pas, ma grande.

- St'euplait, tais-toi ! sermonné-je ma conscience en frottant mon visage dans mes paumes.

Putain, je n'en reviens pas d'avoir fauté avec Mikhaïl. Pas après ce qu'il s'est passé entre nous. Je me relate les événements de la veille. Le club, les Russes qui m'ont bassiné les oreilles avec leur dialecte infernal, le champagne, la danseuse et...

Ma respiration se coupe et mon cœur fait un saut périlleux dans ma poitrine tandis que mon estomac vibre étrangement lorsque je repense à cet homme. Mais l'ai-je réellement vu ? J'ai la sensation d'avoir rêvé debout, d'avoir complètement imaginé ce visage si flou dans mon esprit.

Je me lève d'un bloc, enfilant un pull avant d'essayer de me remémorer ce... mirage ? Merde, je me rends compte que j'ai oublié une bonne partie de la soirée et que l'alcool a bien trop rempli mes veines.

Pas de gueule de bois, mais un trou noir. Chapeau l'artiste !

- Grrrr, lâche-moi ! ragé-je contre ma conscience qui me rend chèvre de bon matin.

Une douche devient essentielle, tout comme cesser de me trimballer à moitié nue dans cet appartement. Sous le jet brûlant, je revois cette paire d'yeux insondables. Je n'ai pas pu inventer la présence d'une personne. Je n'ai pas pu inventer l'impact de ses pupilles dans les miennes, lorsque je l'ai regardé.

Je me force à percevoir un visage mais tout est si trouble.

Je ne me rappelle même pas être rentrée avec mon hôte. Même ses collègues n'ont plus de traits dans le brouillard de ma mémoire.

- Il m'a drogué ou quoi ? pesté-je.

La réponse me sera à jamais inconnue, et cela me fait drôlement flipper. Je ne devrais pas rester ici. Je ne devrais pas faire copain-copain avec Mikhaïl, ou n'importe qui de son monde. Il aurait pu se passer n'importe quoi avec tous ces hommes armés jusqu'aux dents. J'aurais pu finir violée, si ça avait été un piège, avant de me prendre une balle dans la tête.

- Comment ai-je pu autant baisser ma garde ? Sombre idiote ! me sermonné-je.

Étrangement, je me souviens que je ne me sentais pas oppressée, ni angoissée. J'étais plutôt... intriguée ?

Oh, misère, je débloque !

Je me secoue pour repousser ces perfides idées de mon esprit.

Il faut que je m'éloigne de ce monde !

RADUCHKA T1 (terminé), T2 (en cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant