le début de la fin

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Maxime avait commencé à cracher des fleurs le jour de son anniversaire, alors que le printemps s'éveillait à peine. Pas son anniversaire à lui mais celui de Sidjil. Il se disait que dans le fond c'était pas si mal comme cadeau, la preuve irréfutable de son amour.

Quand il avait 16 ans, il était tombé amoureux d'un livre, L'écume des jours de Boris Vian. Il avait lu peu des livres conseillés par sa prof de français en seconde mais celui-ci l'avait attiré. Il ne saurait expliquer ce qui avait attisé sa curiosité, son titre peut être, ou sa couverture.

Il se souvient avoir été obnubilé par cette histoire de nénuphar en pleine croissance dans les voies respiratoires de Chloé, étouffant peu à peu la jeune fille que l'amour de Colin n'avait pas pu sauver.

C'était presque poétique au final, de se voir réserver le même sort.

Bien sûr, il n'était pas totalement condamné. Il lui restait l'option de subir une opération pour que soit retiré ce bouquet qui grandissait dans ses poumons, et avec lui tous ses souvenirs de Sidjil.

Mais il lui était insupportable d'imaginer un monde où le nom de Sidjil ne lui évoquerait rien de plus qu'un vague souvenir, là où il faisait actuellement naître des papillons au fond de son ventre.

Ainsi, il s'était vite résolu à finir noyé dans ses fleurs. Après tout, il avait toujours été un peu déprimé, voire hanté par moment par des pensées noires, et la vie lui offrait une belle porte de sortie, pourquoi s'en priver ?

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C'est la sensation de s'étouffer qui le réveilla ce matin-là. Sa main vola vers sa gorge, tentant de déloger ce qu'il y sentait bloqué. Il se racla la gorge, en vain, puis toussa plusieurs fois.

Les pétales qu'il recueillit dans la paume de sa main après une quinte de toux particulièrement douloureuse était d'un rose si pâle qu'ils en paraissaient presque blancs. Leur extrémité était teintée d'un rouge sombre et il avait d'abord cru à du sang avant d'observer de plus près les pétales.

Plus tard, ses recherches lui permirent d'identifier la fleur comme étant un œillet. Un livre de jardinage choisi au hasard dans une librairie de quartier lui indiqua que cette fleur symbolisait l'amour fidèle. Il trouvait ça plutôt approprié étant donné que personne n'avait su chasser Sidjil de son esprit depuis le jour où il l'avait rencontré.

Il avait immédiatement identifié la cause de son problème. Aussi rare fut-elle, tout le monde connaissait la maladie d'Hanahaki. Combien de films, de livres, de poèmes avait-elle inspiré ? Plus qu'on ne pouvait les compter.

Pourtant Maxime se sentait bien loin des héros de toutes ces histoires. Contrairement à eux, il savait son destin scellé. Il n'y avait aucun intérêt à spéculer sur l'éventuelle réciprocité de ses sentiments, Sidjil n'ayant jamais exprimé un quelconque intérêt pour lui au delà de la simple amitié.

À la rigueur il se voyait en protagoniste romantique, mis au ban de l'amour. Lui qui avait toujours adoré le théâtre, il rejoignait le rang des héros tragiques.

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Depuis qu'il avait identifié la fleur, Maxime s'était surpris à la dessiner dès qu'il avait un crayon en main. Il le faisait inconsciemment, l'image de l'œillet lui venant très naturellement.

Son bureau était ainsi recouvert de papiers sur le coin desquels était griffonnée cette fleur. Cette récente addition à la décoration de son bureau n'échappa pas à l'œil de Sidjil, qui l'interrogea un jour sur ces dessins.

adventice [maxime x djilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant