Forgotten Memory

XXXII

Alban

Il est huit heures trente, une matinée chargée d'importance, ce lundi marque le début du procès. Je ne pourrai pas aller au travail. J'ai choisi consciemment de consacrer entièrement ma journée à cette affaire, gardant cette décision pour moi seul, car Faith demeure dans l'ignorance totale de ce procès imminent.

Hier, Ethan m'a téléphoné pour présenter des excuses plutôt vagues quant à son départ soudain. Je l'ai rassuré, lui proposant de m'accompagner, il a acceptée sans hésitation.

Je me contemple dans le miroir pendant de longues minutes, la brosse à dents encore dans la bouche, les cheveux en désordre, le torse dénudé. Des pensées sombres tournoient dans mon esprit, imaginant déjà les scénarios si Jack parvenait à s'échapper sans être inquiété. Dans ce cas, je serais déterminé à lui ôter la vie de mes propres mains.

Après avoir recraché le dentifrice et rincé mon visage, j'enfile un jean décontracté et un pull ample.

Prêt, je me dirige vers ma voiture, prenant la direction de l'appartement d'Ethan, espérant que tout se soit arrangé avec sa petite amie.

Quelques minutes de conduite plus tard, j'atteints le bâtiment. Ethan est assis sur un banc devant l'immeuble, une cigarette à la main, ses yeux rougis trahissant une fatigue évidente, ou peut-être les effets de substances fumées, qui sait. Je sais pertinemment qu'il a accepté de m'accompagner pour me rassurer, contre son gré.

À mon arrivée, il relève la tête, écrasant sa cigarette au sol.

- Salut, dit-il en montant dans la voiture.

Zéro enthousiasme.

- Salut, ça va ? demandé-je, tentant de briser l'atmosphère pesante qui règne entre nous.

- Bof, répond-il avec un sourire fade.

Son regard n'a pas croisé le mien une seule fois, ses paroles semblent se perdre dans le vide. À cet instant, une étrange angoisse m'étreigne, sa présence me mettant mal à l'aise.

- Démarre, on va être en retard, me rappelle-t-il.

Je tapote deux fois sur l'écran de mon téléphone pour vérifier l'heure.

- On est déjà en retard, constaté-je.

Il est neuf heures. Le procès a sûrement déjà commencé. Je démarre finalement la voiture, et nous atteignons le tribunal un quart d'heure plus tard.

Pénétrant dans l'édifice, nous demandons quelques indications avant d'oser franchir les portes massives menant à la salle de justice. À notre arrivée, le tribunal est déjà plongé dans le tumulte du procès, l'accusation déployant ses premiers arguments avec une solennité empreinte d'une gravité palpable. L'homme debout devant nous, que j'identifie être le procureur, semble avoir déjà entamé son discours depuis un certain temps, décrivant avec éloquence les souffrances endurées par les deux victimes. Deux jeunes filles, leurs traits et leurs silhouettes distinctes, se dressent avec dignité aux côtés de leur avocate. L'une des filles est rousse aux longues boucles et l'autre est blonde aux cheveux raides et courts.

Le regard de Jack se pose un instant sur moi, avant de se détourner avec un soupçon de soulagement, comme s'il craignait la venue de quelqu'un d'autre, Faith en l'occurrence... Une tension sourde imprègne l'atmosphère alors que je m'installe, captivé par les mots du procureur qui résonnent dans la salle. Trois jurés attentifs, deux hommes et une femme, siègent avec gravité, écoutant chaque détail avec attention.

- Elles ont enduré un calvaire indicible, deux nuits de terreur orchestrées par l'accusé, Jack Jones, conclut le procureur d'une voix grave.

Effectivement, les récits poignants des victimes font écho à de véritables horreurs, peut-être même plus graves que ce que Faith a pu connaître, car elles étaient subies contre leur gré. Si Faith venait à connaître les détails de cette affaire, elle me tuerait sûrement, même si je vois mal Faith faire une telle chose.