Chapitre 3

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June.

Après cette soirée d'enfer, je me suis réveillée dans mon lit avec un mal de crâne. J'ai senti une chaleur contre moi et j'ai tourné la tête.

Oh merde. La meuf d'hier soir.

J'ai tout oublié. Des flash-backs me reviennent d'hier soir et
OH
MON
DIEU.

J'ai fait l'amour avec cette fille ?
DANS MON LIT, qui plus est ?
J'ai fait ma première fois avec une fille ?
Et je ne m'en souviens même plus ?
Putain.

J'avais toujours imaginé ma première fois hyper romantique et mémorable.

J'ai besoin d'une clope.
June, tu ne fumes pas.
Ah oui, merde.

Je me dérobe de ses bras tout en délicatesse.
J'ai l'impression que son parfum a envahi mes draps. Bizarrement, ça ne me dérange pas. Je ne me suis pas sentie seule cette nuit, et c'est tout ce qui m'importait.

Maintenant, il va falloir que je mette les choses au clair avec elle.

Mais d'abord : je dois aller prendre l'air.

Je pénètre dans le salon, la bouche grande ouverte. Purée, ils ont tout saccagé ces sauvages.
Mes parents vont défoncer Tristan, c'est une certitude.

Mais bon c'est pas mon problème, vu toutes les fois où il m'a pas défendu.
Je tais de suite mes pensées.
Je ne veux pas y penser.
Je me rend compte qu'il y a beaucoup de choses auxquelles je ne veux pas penser. Et peu de choses auxquelles je veux penser.

Je sors par la porte-fenêtre de la cuisine et mes pas me mènent vers la piscine.
Je trempe mes pieds dans l'eau, profitant des derniers rayons de soleil de l'été.

Bientôt la rentrée en terminale.
Bientôt ma dernière rentrée.

Je détends mes muscles, contractés par le stress. Autre chose sur moi : je stresse pour tout et pour rien. Je me mets beaucoup de pression.

Je sens une présence qui s'approche de moi.

-Chat ! je m'exclame en voyant mon chat.
Il se frotte contre mes bras et je lui caresse le museau.

Soudain j'entends un éternuement. Je sursaute en même temps que mon chat et me tourne vers le bruit.

Je vois quelqu'un qui dort sur les fauteuils de la terrasse, derrière moi. Je prie très fort pour qu'il ne se réveille pas mais il se remet à éternuer.

Mon chat, ce traitre, part au quart de tour et l'étranger ouvre les yeux. Je remarque qu'il n'est pas tout seul et qu'il y a trois garçons à côté de lui, dont mon frère.

Je comprends qu'ils ont tous les quatre dormi à la belle étoile.

Je le regarde fixement. Je connais tous les amis du lycée de mon frère, et lui n'en fait clairement pas partie.

On se regarde en silence. Je regarde ses yeux hazels et me dit qu'il doit être un gros charo, comme tous les potes de mon frère.

Je me lâche son regard pour fixer l'eau turquoise. Je ferme les yeux pour profiter de la chaleur.

J'ai oublié mon téléphone dans ma chambre en voulant partir vite. En voulant m'échapper de mes conneries de cette nuit.
Je pense qu'il doit être 9h, vu que tout le monde dort.

Alors que je suis dans mes pensées, j'entends des pas s'approcher, provenant de la maison. Je ne bouge pas d'un pouce. Je me rends compte que je retiens mon souffle.

Quand je sens que la personne s'approche de moi, je prie pour qu'elle m'ait prise pour quelqu'un d'autre. Mais qui d'autre est en robe de soirée à cette heure-ci ? En me rhabillant à la hâte, je n'ai pas pris le temps de fouiller dans mon armoire, de peur de faire du bruit.

Elle s'appelait comment déjà ?

Trou noir.

-June ? résonne la voix que je redoutais entendre.

Je me tourne doucement vers elle.
-Oui ?

Elle s'assoit près de moi. Beaucoup trop près à mon goût.
Elle est toujours aussi belle, bien sûr. Mais je n'ai aucune envie d'entamer une relation amoureuse maintenant, 3 jours avant la rentrée, avec la fille avec qui j'ai probablement fait ma première fois en ne me souvenant que de quelques bribes.

-Tu veux qu'on parle de ce qui s'est passé hier soir ? me demande-t-elle.

Soudainement, je me rends compte que le garçon de tout à l'heure bouge.
Pourquoi il se touche les oreilles comme ça ? Il a l'air complètement zinzin celui-là. Mon frère trouve ses potes sur Leboncoin ou quoi ?

Je suis tellement absorbée par ses mouvements que j'en oublie presque la question laissée en suspend.
June, ressaisis-toi.
C'est pas de ma faute s'il est trop chelou aussi.

-Euhhhh... lâché-je.

Au bout d'un moment qui me parut durer 3 minutes, elle finit par répondre, l'air triste :
-Tu ne veux rien de sérieux, c'est ça ?

Je me mordille l'intérieur de ma joue. Pourquoi la vérité fait-elle toujours mal ?
Parce que t'es trop empathique, chérie.

Le garçon derrière est très attentif à notre conversation. Sa curiosité m'énerve. Il ne peut pas faire au moins semblant de ne pas écouter ? Mais quel imbécile.

Je me pince les lèvres avant de lui donner enfin sa réponse.
-Non, désolée.

Elle me sourit doucement, comme si elle avait l'habitude. Et ça me brise encore plus le cœur.

-Je m'y attendais, à vrai dire. Tu as l'air plutôt inaccessible.

J'ouvre la bouche pour la contredire mais elle me devance.
-Non mais, ce n'est pas un reproche, ne t'en fais pas.

Elle se ré humidifie les lèvres avant de me regarder droit dans les yeux.
-Je peux au moins avoir ton numéro ?

Elle baisse le regard et se triture les doigts.
-...si tu as envie de recommencer, on ne sait jamais.

Je suis sûr le point de refuser mais je sens le regard de l'homme derrière. Qu'est-ce qu'il m'agace. Sans réfléchir, j'affiche mon sourire le plus convaincant et je réponds :
-Oui, bien sûr !

Mais quelle conne je fais.

Elle me passe son téléphone et j'ajoute mon numéro.

Elle me remercie et me fait une bise sur la joue avant de partir.
Je reste perturbée par son geste un moment. Peut-être bien cinq minutes. Non, quand même pas. Mais une bonne minute très certainement.

Je cligne plusieurs fois des yeux pour me reconnecter à la réalité.

Je me lève pour partir mais le courage me vient tout d'un coup. Et si on allait confronter le mec bizarre ?

-Mais c'est quoi ton problème ?

Il semble réellement étonné par ma question.
-Comment ?

Manque de chance, sa fausse courtoisie ne fait qu'alimenter ma colère.
-J'étais en pleine discussion sérieuse et toi... Toi, tu m'épies ! Je le répète : c'est quoi ton putain de problème ?

Il me regarde avec les yeux ronds.
-Excuse-moi mais j'ai perdu...

Je pars sur le champ. Il m'a énervé. J'ai senti à dix mille kilomètres qu'il allait me sortir une excuse bidon. Comme tous les incapables de son espèce.

Je savais que mon frère avait des mauvaises fréquentations, mais des gens qui ne respectent pas l'intimité des autres ? Je ne peux pas le tolérer. Pas quand c'est ma vie personnelle.

Je prends conscience qu'il pourrait le répéter à mon frère et je me fige net. Bordel, je devrais faire marche arrière et essayer de me rattraper.

Mais lorsque je me retourne vers la terrasse, les 3 autres garçons sont réveillés.
Et merde.

Le monde ne nous a pas épargnéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant