Assise en fredonnant un air de Metallica, j'observe la nuit tomber sur la belle ville de Moscou.
Enfin, du peu que j'en connais, cet adjectif ne lui convient pas.
Dangereuse, serait plus adapté.
J'aurais bien voulu faire du tourisme avant de m'en aller, mais il serait plus sage de rentrer.
Plus je passe de temps avec Mikhaïl, dans son monde, plus ma pensée se pervertit.
Cette dernière étant inlassablement happée par ce club, par le "travail" probablement sanglant que mon hôte doit accomplir.
J'ai couché à deux reprises avec un criminel, et je n'en suis même pas horrifiée.
Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ?
Pourquoi ai-je envie d'en savoir plus ?
Pourquoi ai-je envie qu'il me parle des accomplissements de sa femme, qui a mérité sa place dans la Bratva ?
Pourquoi les mafieux se sont-ils retrouvés dans ce club ?
Du trafic se passe-t-il là-bas ?
Y'a-t-il eu des meurtres ?
Mikhaïl a-t-il déjà tué ?
La réponse est évidente.
Mais qu'est-ce qu'il se passe ?! Je ne devrais pas réfléchir à tout ceci. Je devrais seulement désirer rentrer chez moi, retrouver mes parents, qui me passeront le savon le plus sévère et mérité de ma vie.
Je devrais ressentir du soulagement à l'idée de retrouver ma Suède natale, afin de revoir ses paysages bordés d'eau, reflétant les rayons du soleil, et ses arbres fins et hauts, qui protègent toute une vie en leur cœur. Je devrais désirer retrouver le calme des rues de mon patelin.
Oui... Je devrais être heureuse de demander à Mikhaïl de me ramener.
Pourtant, ma poitrine se serre en m'imaginant quitter le pays qui n'a fait que me détruire, qui m'a entraîné dans mes pires travers, faisant naître des addictions, salissant mon image et ma réputation.
Quitter tout ça et reprendre un nouveau départ devrait être ma priorité.
Hélas, ce n'est pas ce que je souhaite...
Le bruit du digicode, qui déverrouille la porte d'entrée, m'extirpe de mes pensées et résonne au plus profond de mon être, comme le glas de ma dernière heure.
Je ne peux le nier, je crains la réaction de Mikhaïl. Je crains qu'il ne décide de s'en prendre à mes proches pour m'obliger à lui obéir. Il connait bien trop de mes faiblesses, alors que je ne lui ai jamais rien confié sur ma vie. De simples déductions, et quelques recherches, qui lui donnent un grand pouvoir sur moi, alors que je n'en ai presque aucun sur lui.
Qui sait ce qu'il serait capable d'en faire!
- Dobryi vecher(bonsoir), susurre-t-il en embrassant ma tempe.
- Dobryi vecher, réponds-je avec un accent approximatif qui fait sourire mon hôte.
- Que t'arrive-t-il?
Je me tourne pour lui faire face. Ses yeux aperçoivent le sac de sport à mes pieds que je lui ai volé.
- Tu pars en voyage ? demande-t-il en souriant comme à son habitude.
Il n'a jamais l'air contrarié et cela est effrayant. Je ne connais jamais l'impact de mes actions, et je n'aime pas ça. La dernière fois que je le pensais calme, il m'a étranglé. Je n'ai pas envie de réitérer l'expérience.
VOUS LISEZ
RADUCHKA T1 (terminé), T2 (en cours)
RomanceIl y a 2 tomes de prévus et je les publie dans la même histoire. Dans une société qui veut la modeler au détriment de ses rêves, une jeune Suédoise, au désir brûlant de liberté, se verra propulsée, malgré elle, dans le monde brutal et sanglant de la...