Je tournais encore en rond dans cet appartement bien trop grand pour moi. Depuis qu'il était parti, tout était vide, trop vide. Il c'est Allan, mon meilleur ami et ex colocataire. Il avait trouvé un travail sur Paris et a tout quitté du jour au lendemain. Je n'avais plus beaucoup de ces nouvelles mais il devait être très occupé. Nous avions emménagé ici, à Marseille, il y a presque 2 ans déjà. La vie était un peu comme ailleurs, bien qu'on nous avait parlé de cette ville comme un paradis sur terre. L'été oui mais le reste du temps, tout est partout pareil, c'est ce que je croyais du moins. Je quittais moi aussi l'appartement dans 2 semaines, et je ne savais toujours pas où j'irais ensuite. Je décidais de sortir un peu, ce ghetto mental dans lequel je m'enfermais cachait un manque affectif bien plus sérieux. Allan m'avait abandonné, tout comme l'avait fait quelques années plus tôt ma mère pour aller faire le tour du monde avec son nouveau jouet de 35 ans. Je ne voyais mon père que rarement, une à deux fois par trimestre. Il habitait à quelques heures de chez moi, mais son rythme de vie ne me convenait pas. Enfin voilà le résumé de ma vie. Abandonnée de tous, un travail passionnant dans lequel je ne me plais plus, une ville passionnante qui ne me plait plus. Après avoir passé des heures sur des sites de rencontres, je me résignais. Tous les messages que j'avais reçus étaient soit plein de fautes d'orthographe, soit des demandes en mariage express, soit des demandes de webcam dénudée. Les hommes n'ont vraiment aucune classe de nos jours. Je rêve encore de l'homme parfait, beau, gentil et romantique. Je n'en demande pas plus, il faut me supporter ensuite et là le plus compliqué arrive. Plus que quelques jours à tenir ici et ensuite je partirais. J'irais tout d'abord chez mon amie pendant 2 jours le temps se trouver une solution. Je ne me sentais pas angoissée quant à mon avenir, la vie ne pouvait pas me faire un sale coup, pas après tout ce que je fais pour elle. Le soleil s'était installé dans la région sans nous demander notre avis et je le supportais mal, l'alerte canicule était déclarée depuis 4 jours tout de même. Un déménagement sous ce soleil de plomb était vraiment contraignant. Les derniers cartons entreposés au garde meuble et je filais chez ma meilleure amie, Laya. Elle était grande et sportive, tout le contraire de moi. Son visage ovale laissait planer 2 grands yeux marrons et un regard perçant qui faisait craquer les hommes, car Laya était ce qu'on appelle une croqueuse d'hommes. Pour ma part, mon image de coincée apeurée me suivait depuis le lycée et mes relations avec les hommes presque inexistantes. J'avais bien eu un petit ami, mais il a vite compris qu'il faudrait être patient et a préféré partir. Laya vivait dans un appartement avec terrasse et piscine dans sa résidence, un endroit magnifique sur les hauteurs de Marseille. J'étais contente de venir chez elle, mon appartement studio ne me manquerait pas, ni les souvenirs liés à cette période de ma vie. Un travail trop prenant, une vie privée trop publique et le calme plat sentimental. Il y avait bien un collègue qui m'avait plus mais notre jeu de séduction s'était soldé par un échec faute de compatibilité. Je n'avais toujours pas appelé pour dire que je ne viendrais plus travailler, je me sentais coupable et l'idée de me faire engueler comme une enfant ne me réjouissait pas. Ils le verront bien de toutes façons que je ne suis pas là, et comme on dit, personne n'est irremplaçable. Laya nous prépara du café et nous discutions sur la terrasse jusqu'au soir, lorsque Kris vint la chercher pour aller au restaurant. Kris était son copain du moment, un grand brun aux yeux bleus, musclé et très gentil. J'en profitais pour déballer toutes mes affaires et j'allumais mon ordinateur afin de chercher où aller dans les jours à venir. Ma boite mail était vide, j'entrepris donc des recherches sur les auberges de jeunesse aux alentours, et les jobs d'été disponibles. Mes yeux avaient du mal à résister à la fatigues accumulée depuis quelques jours avec le déménagement et les démarches administratives. La petite chambre dans laquelle je logeais étais accueillante et
je ne tardais pas à m'endormir sur les draps frais aux senteurs de muguet.
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Une autre vie.
General FictionUn enchainement de péripéties peuvent arriver à un changement catégorique de vie, voire même de personne. Notre passé fait-il de nous ce que l'on est ( petit clin d'oeil au sujet de philo 2015 ) ?