UN NOM, UN DÉFI

Le jeu

    Cette soirée n'augurait rien de bon. Il y avait beaucoup trop d'alcool pour trop peu de monde. Le petit groupe de jeunes éparpillés dans cette grande pièce de 80 mètres carrés ressemblait à des pièces de Lego mal montées. Ils étaient pourtant une bonne vingtaine.

   Cela ne ressemblait en aucun cas à une soirée, encore moins à un anniversaire. On dirait plutôt une soirée de pyjama, alcoolisée, sans pyjama et avec une musique bien forte. 

   Maxime atteignait enfin ses 18 ans. Il en avait tant rêvé. Ses parents n'étaient pas stricts, loin de là. Ils étaient un peu trop passifs, pour ne pas dire irresponsables. C'est pour cela qu'il se permettait beaucoup de liberté la plupart du temps.   

   Mais avoir 18 ans était bien plus qu'un simple âge, c'était presque un statut. Le statut de celui qui devient enfin adulte et reconnu par la société, obtient de nouveaux droits et peut aspirer à une plus grande autonomie. Une plus grande liberté.

   Il échangeait enfin son titre d'adolescent dépravé contre celui de personne libre d'agir selon son bon vouloir. Cette soirée aurait dû faire honneur à tout cela. Elle aurait dû être aussi grandiose et phénoménale que la vie qu'il se peignait dans sa tête. Mais il n'en était pas ainsi.

   Quelle idée saugrenue d'organiser une fête pareille en pleine semaine, un mardi qui plus est. Les cours allaient bon train et ce chaque matin à partir de 7 heures. De plus, les examens de fin d'année étaient pour la semaine qui suit.

   Beaucoup avaient répondu à l'invitation cependant. Mais les plus consciencieux avaient quitté les lieux avant 23 heures. Tous des coincés ! Les plus rebelles étaient encore présents, se contentant juste de boire et de renfrogner la mine, l'ennui gagnant dangeureusement du terrain.

   Il était minuit passé, ce n'était même plus son anniversaire. La musique battait son plein, mais personne d'autre ne dansait à part lui.

   Le fêté, avec sa stature imposante atteignant les 1m79 et son visage charmant, se tenait au centre de la piste comme s'il était seul au monde. Ses yeux bruns profonds semblaient changer de teinte à chaque seconde sous l'effet des jeux de lumières, révélant cette lueur d'insouciance qui ne le quittait que durant ses matchs de basket, celui-ci étant sa seule passion.

    Une bouteille de whisky 8 ans d'âge à la main, il buvait goulûment tout en se trémoussant de manière irrégulière. Étant sa deuxième bouteille, il n'est pas étonnant que celle-ci fasse son petit effet.

   Un garçon de quelques centimètres près de sa taille et aux cheveux colorés s'approcha de lui pour lui chuchoter quelque chose. Maxime sourit malicieusement avant de répondre à Bernard par un hochement de tête. Celui-ci s'éloigna rapidement, le visage tout excité et une minute plus tard, les jeux de lumière furent remplacés par une lumière plus stable, même si un peu tamisée, et la musique s'arrêta.

    Cela attira l'attention des invités qui se tournèrent immédiatement vers les deux garçons. Bernard et Maxime étaient meilleurs amis depuis toujours en fait. Entre leur réputation peu flatteuse et leur manie de jouer ensemble aux play-boys, ils étaient devenus inséparables. Pour cause, ils avaient souvent la même chose en tête, c'est-à-dire rien de bon.

__Votre attention les gars et... mes bichettes, dit-il en prenant une voix se voulant suave sur la fin. Que diriez-vous de rendre la soirée un peu plus intéressante ?

__Il serait temps oui. Je n'ai pas manqué mon couvre-feu pour ça moi, déclara une fille adossée à un mur sur la droite, l'air grave.

   Elle portait des verres et une grosse chemise par-dessus une robe qui a tout l'air d'être moulante. Ses cheveux étaient retenus par une queue de cheval qui lui allait à ravir.