Le Chant De La Pluie : Livres I et II

Chapitre XIV : Destin amer

Après une journée de voyage, le convoi arriva au domaine d'Ormeron. Les domestiques, postés devant la porte, s'affairaient déjà pour décharger les bagages.

Le Comte descendit de la première voiture, offrant son bras à sa fiancée pour l'aider à franchir les quelques marches. Elle portait une élégante robe bleu ciel, ornée de fines fleurs blanches en dentelle. Son chapeau, assorti à sa tenue, soulignait sa grâce naturelle. Un sourire satisfait éclaira son visage alors qu'elle levait les yeux pour admirer la majesté de la demeure. La deuxième voiture arriva, Eldric se précipita pour ouvrir la portière à la Comtesse mère, dont l'expression trahissait une contrariété évidente. Janel descendit la dernière et lança un sourire amical au majordome.

Le Comte ne tarda pas à monter à l'étage pour rejoindre la chambre de Nalira. Madame Ordonon en profita pour montrer à Mademoiselle Elvoria ses appartements et lui présenter sa femme de chambre attitrée.

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Nalira dormait d'un sommeil agité, de grosses gouttes de sueur perlaient sur son front. À ses côtés se tenait Alis, un linge humide dans les mains qu'elle déposa doucement sur le visage de la petite fille. Elle sursauta quand elle vit le Comte entrer dans la pièce.

Troublée par cette apparition soudaine, elle se précipita pour lui témoigner un signe respectueux.

« Bonjour Monsieur le Comte.

- Comment se porte-t-elle ? demanda-t-il avec empressement.

- Mademoiselle Nalira semblait en meilleure forme ce matin, mais elle a actuellement beaucoup de fièvre, expliqua Alis, le visage inquiet.

- Le médecin a-t-il été prévenu ?

La jeune femme acquiesça :

- Oui, il est en chemin.

Le Comte s'approcha de Nalira et dégagea son front couvert de mèches blondes. Il tourna la tête en direction d'Alis et l'observa quelques instants.

- Vous semblez épuisée, allez-vous reposer, je prends le relais. »

Alis, surprise, remercia le Comte d'un signe de la tête et s'exécuta. Il est vrai que ces derniers jours, elle avait veillé jour et nuit sur la petite fille, elle en avait presque négligé sa propre santé. À peine avait-elle franchi la porte de sa chambre, qu'elle s'écroula de fatigue sur le lit.

Ardenis attendit patiemment l'arrivée du médecin. Avec l'aide de Janel, ils réussirent à éloigner la fièvre.

Lorsque le médecin arriva, l'état de Nalira s'était stabilisé. Le praticien profita de ce moment d'accalmie pour s'entretenir avec le Comte.

« J'ai quelque chose d'important à vous dire Monsieur, concernant la maladie de votre nièce.

Le visage d'Ardenis se teinta d'une expression préoccupée et attentive.

- Je vous écoute.

- Voyez-vous, depuis quelques jours, je m'interroge sur la maladie de Mademoiselle Nalira. En effet, au début j'ai pensé à une fièvre infectieuse, or cela fait déjà quelques jours que son état aurait dû s'améliorer. C'est comme s'il y avait autre chose... Quelque chose de plus profond.

- Quelque chose de plus profond ?

- Oui. Ce n'est qu'une simple supposition pour le moment, mais voyez-vous, c'est comme si votre nièce semblait ne pas vouloir se rétablir...

-Je peine à comprendre où vous voulez en venir.

- Il m'est arrivé un cas similaire il y a quelques années. Un petit garçon qui venait de perdre sa mère est tombé malade quelques jours plus tard. Les symptômes n'étaient pas assez nombreux pour permettre un diagnostic clair. Cependant, ce qui m'inquiétait le plus, c'était l'absence de volonté du patient à lutter. Il s'abandonnait totalement à la maladie. Ce qui dans un premier temps s'apparentait à une maladie bénigne emporta l'enfant en quelques semaines seulement. J'ai peur que ce soit également le cas pour Mademoiselle Nalira.