Je déteste ce plan, vraiment. En plus, le temps est dégueulasse en cette fin octobre. Entrer dans le club où la vice-présidence est assurée par mon père a été un jeu d’enfant. Je me retrouve donc dans la chapelle assise sur le siège de Raphaël, le président, les jambes croisées sur la table. Je soupire et actionne mon oreillette. Si nous sommes là, c’est parce que le club fait partie du plan numéro deux que mon cher et tendre démon veut mettre en place simultanément avec le premier.
—Je le redis, je déteste ce plan, je hais ce putain de club et ces connards de membres ! grogné-je.
—Ne t’en fais pas ma belle, ça va le faire, déclare Grisha.
J’entends Yliria se marrer au fond de la salle, parce que oui elle est avec moi. Grisha, quant à lui, je ne sais pas ce qu’il fout, je crois qu’il est non loin de la voiture où il effectue un tour de repérage.
—J’ai hâte de voir leurs têtes quand ils vont arriver et t’apercevoir, ça risque d’être drôle, ricane Yliria.
—Marre-toi, moi je les connais ces gars, ce ne sont pas des nounours non plus.
—Yéléna, calme-toi, ça va bien se passer, annonce Grisha d’une voix apaisante. Tu n’es pas seule, ok ?
—Pourquoi as-tu eu une idée aussi foireuse, bordel ? me plaigné-je.
—On n’a pas vraiment le choix, nous ne sommes que trois, nous avons besoin de renfort et tu le sais, riposte-t-il.
Je grogne pour la forme, j’ai conscience qu’il a raison même si leur demander de l’aide ne me plait pas du tout, mais alors vraiment pas ! Je pose ma tête sur l’appui de la chaise et soupire. Putain, que c’est long, si ça continue je vais directement me rendre dans la salle commune et me foutre en plein milieu pour me faire remarquer. Oui, je ne suis pas patiente, j’ai horreur de l’attente, après je gamberge et mon cerveau part dans des lieux où je n’ai pas envie d’aller.
—Je vous préviens, si je reste cinq minutes de plus à ne rien branler je vais péter un plomb, je les avertis.
—Tu n’as aucune patience, mon ange.
Grisha s’adresse directement à mon clitoris avec sa voix ! J’essaie de dominer mes hormones, mais cela s’avère difficile. Surtout quand je l’imagine me torturant avec sa langue jusqu’à l’extase.
—Tu confonds, beau gosse, Yéléna est loin d’être un ange, n’oublie pas que c’est la déesse de la Mort, ricane-t-elle.
—Et toi la déesse de la Guerre, c’est ça ?
—Pas vraiment med, je reprends, Rusalka est un esprit malveillant proche de toutes les bestioles affriolantes de l’eau.
—Je n’arrive pas à saisir votre penchant pour les dieux anciens, soupire-t-il.
—Cherche pas à comprendre, beau gosse, ça va te provoquer un nœud au cerveau, le chambre Yliria.
Je lui souris en lui adressant un clin d'œil, elle n’a pas tort sur ce point. Il ricane dans l’oreillette alors que je me remets à souffler d’ennuis. Au bout de dix minutes, nous entendons du bruit venant du couloir et le son d’une clé qu’on insère manque de peau s’est déjà déverrouillé.
—Putain, c’est quoi ce bordel ? Pourquoi la porte n’est-elle pas fermée ? demande Raphaël en entrant.
—Peut-être parce que je l’ai ouverte ? balancé-je nonchalamment.
Je les observe tous se regrouper derrière lui, il est statufié de me voir, en fait ils le sont tous. Je prends le temps de les toiser un par un en passant par son fils, mon frère, les autres membres que je considérais comme mes frangins, les nouveaux et en dernier mon géniteur. Je pointe mon 9mm vers eux tout en jouant avec mon couteau.
—Bonjour William, ça faisait un bail.
—Yéléna ! Je peux savoir comment tu t’es infiltrée dans mon club ?
—Je pourrais te répondre, mais ça serait moins drôle, je rétorque en penchant la tête. En tout cas, ton niveau de sécurité est absolument à chier. Je m’interroge sur le fait que ton club tient encore debout, continué-je en jouant avec un couteau.
Mon géniteur sort son arme et la pointe vers moi, je tourne mes yeux vers lui et je ricane tout en lui balançant mon couteau qui lui entaille l’oreille. Il est surpris et je vois une pointe de peur se faufiler dans ses prunelles immondes.
—Bah alors, ça ne te fait pas plaisir de revoir ta gamine après treize longues années ? Ah mais oui, c’est vrai, objecté-je en levant les bras, tu n’as pas de fille.
—Papa, ne fais pas ça, s’interpose mon frère.
—On peut savoir ce que tu fous là ? demande François.
Mon oreillette grésille quand j’entends la voix de Grisha:
—S’il te touche, je le bute, je te préviens Yéléna!
Je lève les yeux au ciel, quel ours bougon sérieux, on n’est même pas ensemble qu’il semble déjà jaloux, ça promet.
—Vous allez rester longtemps là comme des débiles, ou il vous faut une invitation ?
—Tu es à ma place gamine, s’exclame Raph.
—Toujours aussi grognon, tu n’as pas changé, à part les rides peut-être, déclaré-je en me soulevant du siège.
Une fois tout le monde assis, je prends le temps de tous les regarder, presque tous me fuient des yeux, ce qui me fait rire intérieurement. Les nouveaux eux me reluquent de la tête aux pieds.
—Bien, de braves garçons, roucoulé-je.
—Tu fous quoi ici ? Nous t’avons bannie il y a des années, reprend William.
—Je vois que ton vocabulaire n’a pas changé, mais que pourrais-je attendre d’un lâche comme toi ?
Tout se passe en une seconde, mon père essaie de se lever mais Yliria lui pose son arme sur la nuque et lui dis d’une voix qui suinte la colère :
—Tu bouges ton vieux cul rabougri de ce fauteuil et je retapisse cette table avec ton cerveau.
—Je reconnais ce costume, s’écrie mon frère. C’était toi n’est-ce pas ? Chez Militrov !
Je ne réponds pas et me dirige vers Alex, le geek du club, et m’empare de son ordinateur pour y insérer la clé USB.
—Nous avons besoin de vous, il y a quelques mois une petite fille a été enlevée en sortant de son école. Bien que je me sois passée de votre aide, j’ai des ordres et mon nouveau boss veut que nous fassions appel à vous.
—En quoi ça nous concerne ? demande François.
—En rien, mais nous cherchons des hommes pour nous prêter main-forte, au cas où notre plan initial foire. Si cela ne tenait qu’à moi, nous nous chargerions seuls de cette mission. Vous ne servez pas à grand-chose, mais les ordres restent les ordres !
—Tu l’as émis toi-même, Bébé, ça ne nous concerne en rien, réplique-t-il sur un ton narquois
Je me place derrière lui et plaque son crâne sur la table violemment, les autres commencent à se lever puis je dis dans l’oreille de ce dégénéré, assez fort pour que tout le monde entende :
—Je ne suis pas ton putain de Bébé, et ça pourrait te concerner. Donc, ne me tente pas trop ou je t’égorge sans aucun remords !
Je lui relâche la tête, arque un sourcil et continue mon discours.
—La petite fille qui a été enlevée est celle d’un des lieutenants de la Bratva.
—Alors tu travailles pour eux, c’est ça, me crache mon géniteur.
—Tu es au courant de qui est à la tête de celle-ci William, ne te fais pas passer pour plus con que tu ne l’es, rétorqué-je du tac au tac.
—Que ton grand-père aille au diable!
Je balance un nouveau couteau dans sa direction qui frôle son visage d’à peine quelques centimètres. Il blêmit mais se ressaisit du mieux qu’il le peut.
—Tu es pathétique, tu le sais ?
Yliria ricane, car elle comme moi, nous savons que mon père a beau posséder une grande gueule, devant mon grand-père il ne dira jamais rien. Grisha nous rejoint peu après, il vient se placer à mes côtés et dépose un baiser sur ma tempe.
—Manqué plus que lui tient, ronchonne mon ex.
Il se dirige vers Raphaël et lui tend la main, et en profite pour se présenter.
—Que fait le futur chef de la Bratva dans mes locaux? questionne Raphaël.
—Tu ne leur as pas expliqué, ma belle ? demande Grisha en prenant une mèche de mes cheveux entre ses doigts.
—Oh si, elle leur a transmis, mais pour eux ça ne les concerne pas, et tu es arrivé comme un prince sur son cheval blanc, lui répond ma meilleure amie.
—N’abuse pas s’il te plait, je n’ai pas besoin d’un prince, juste de lui, déclaré-je en lui adressant un clin d'œil.
Je pianote sur l’ordinateur et grâce au grand écran tout le monde peut regarder ce que je suis en train d’accomplir. Je poursuis mon explication :
—Bref, voilà une vue aérienne de l’endroit où peut être retenue la petite.
—Mais c’est au nord de chez nous, s’exclame mon frangin. Avancy n’est qu’un minuscule village avec peu d’habitants.
—T’es une flèche Sherlock, glousse Yliria. Ton frère n’est peut-être pas aussi con que son père tout compte fait !
Je secoue la tête, cette fille n’est pas sortable. Grisha qui se trouve toujours près de moi ricane de sa connerie tout en continuant à jouer avec mes cheveux et j’avoue que ça me fait un bien fou, ces gestes me calment.
—Pourquoi aurais-tu besoin de nous au juste ? me questionne Raphaël.
—Tâtez le terrain, je ne veux pas que la petite se retrouve au milieu des balles et s’en prenne une par mégarde, répond Grisha. Il faut savoir dans un premier temps si elle est bien là-bas.
—Mais en quoi ça nous intéresse papa ? demande François.
—Ça pourrait être notre fils à sa place! Imaginez que ce soit l’un de vos enfants, vous feriez tout ce qui est en votre pouvoir pour le ou les récupérer.
—Un fils ? C’est quoi ce délire putain, interroge mon ancien beau-père Raphael.
—Il ne t’a rien dit ? Je me tourne vers mon ex que je peux voir rougir de honte. Sérieux ? Tu m’as saoulé quand tu es venu en Russie, parce que je ne te l’avais jamais annoncé et toi tu fais la même chose ?
—Ce n’est pas trop le lieu ma belle, me rappelle doucement Grisha.
—Tu as raison, reprenons si vous voulez bien.
—Tu sais que je ne prends pas les décisions seul Yéléna, déclare Raphaël au bout d’une demi-heure tout en me montrant la porte du menton.
Je hausse un sourcil en m’y dirigeant tout en entraînant Grisha et Yliria à ma suite. Nous arrivons dans la salle commune et là tout un tas de souvenirs me revient en pleine tronche. Les soirées avec certaines régulières, les bastons avec les brebis, les cuites pas possibles, mon premier baiser. Une salle toute en longueur, avec un bar sur la droite, des tables, des chaises sur la gauche, un billard dans le fond et une énorme sono sur le côté de ce dernier.
Le prospect derrière celui-ci nous sert une bière pour nous faire patienter, l’endroit n’a pas bougé d’un poil, toujours aussi pittoresque.
—Alors c’est là que tu as grandi ? me demande Grisha.
—Da, comme en témoignent les photos, affirme Yliria, tu n’as pas tellement changé depuis cette époque-là en tout cas.
—Je pensais qu’ils les avaient brûlées, le passé reste dans le passé, ma place n’est plus ici.
—Tu étais déjà très belle avant, mais tu l’es encore plus maintenant, me susurre le démon de la luxure à mes côtés.
Je le remercie tout en continuant de boire, j’en ai bien besoin parce qu’avec ce qui nous attend je ne suis pas sortie de l’auberge. Surtout si le plan se met en place comme nous le voulons. Ce n’est qu’au bout d’une demi-heure que mon frère vient nous chercher pour retourner dans la chapelle. Raphaël nous fait part de leur décision :
—Nous avons bien réfléchi et après avoir voté à la majorité, nous acceptons de vous aider. Alors quel est votre plan ?
—Nous avons détecté plusieurs habitations en vente, nous en avons acheté une. L’idée c’est de nous installer, Yéléna et moi, en tant que couple afin de pouvoir surveiller sans nous faire repérer, déclare Grisha.
—Mais nous, on fait quoi dans l’histoire ? demande l’un des membres.
Je prends la relève sur l’approbation de mon démon.
—C’est simple, ce que vous savez faire le mieux, annoncé-je, récolter des informations. Nous, pendant ce temps, nous nous fondons dans le décor.
—Et tu ne pourrais être en couple avec quelqu’un d’autre, je ne sais pas un mec du club, rétorque François.
—Non, elle ne le pourrait pas. D’une, Yéléna est sa fiancée et de deux tout le monde vous connait les mecs, c’est “votre” ville, râle Yliria tout en se tournant vers moi. Il lui manque vraiment des cases, désormais je suis convaincue d’où ton fils tient son intelligence ! ricane-t-elle en russe.
—Il est jaloux c’est pour ça, renchérit Grisha en russe également.
—Bref, avant d'emménager nous avons besoin de ces renseignements, c’est un village, je suis sûre que quelqu’un doit être au courant de quelque chose, continué-je.
Nous passons ainsi près d’une heure à peaufiner dans les moindres détails le plan, à savoir qui ira sur le terrain pour poser des questions et qui ira accomplir un tour de repérage dans le secteur. Nous attaquerons donc la semaine qui vient. Ensuite, nous sortons, pour nous diriger vers le bar où le même prospect nous ressert tous en bières. C’est à ce moment qu'arrivent les régulières, suivies des brebis dont Anais. Je sens l’adrénaline pulser dans mes veines, ça va être dur de m’arrêter si elle me cherche, tant pis elle me servira de défouloir.
—Yéléna, c’est toi ? demande la mère de François.
Non, je suis son fantôme revenu juste pour faire enrager le monde !
—Sabine, la salué-je.
—Comme tu m’as manqué ma belle, laisse-moi te regarder. Mon Dieu, tu es encore plus jolie qu’avant!
—C’est ce que je lui ai dit y’a même pas une heure, rétorque mon comparse. Bonsoir, je suis Grisha Krachenko, se présente-t-il en souriant.
—Bordel, vous êtes canon, réplique-t-elle en le reluquant, c’est ton mec ?
—Je suis son fiancé, répond-il avec un rictus. Mais elle ne me facilite pas la tâche, continue-t-il en glissant une main dans mon dos.
—Elle ne le fera jamais, ça a été la même chose pour mon fils bien qu’elle en fût amoureuse depuis des années.
—Je me demande bien ce qui m’est passé par la tête à ce moment-là, j’ai dû trop boire, je crois, rétorqué-je sèchement.
Elle me regarde tristement, je sais qu’elle n’y est pour rien concernant les décisions du club. Raphaël arrive derrière elle et la prend dans ses bras en lui embrassant la joue.
—Au fait mon amour, tu ne devineras jamais ce que j’ai découvert pendant la réunion, annonce-t-il le sourire aux lèvres.
—Non, mais je sens que tu vas me le dire.
—Nous avons un petit fils.
—Crie-le encore plus fort, personne ne t’a entendu ici, rétorqué-je avec colère.
—Je suis mamie et je ne le savais pas ? Comment se prénomme-t-il, il a quel âge et à quoi il ressemble ? Je souhaite tout connaître, mais pourquoi ne rien nous dire ?
Un verre se brise pas loin, je me doute de qui il s’agit parce que je l’ai gardée à l'œil depuis son arrivée.
—Il s’appelle Lev, il a douze ans et si tu veux tout savoir, François l'a découvert quand ils sont venus à l’anniversaire de ma mère.
—Aurais-tu une photo ? me demande-t-elle pleine d’espoir.
Je sors mon téléphone et leur montre mon fond d'écran, Sabine pleure de joie. Moi j’observe Grisha qui en profite pour remettre une de mes mèches en place, il me sourit et regarde derrière moi en haussant un sourcil.
—C’est qui ça ? m’interroge-t-il en russe. Elle est bizarre et elle fait légèrement psychopathe.
—Qui ? Ah ! Ne fais pas attention à elle, c’est un trou à MST et c’est à cause d’elle que j’ai été bannie, annoncé-je en russe.
—Elle ? Tu me dis qu’ils ont tous préféré croire une pute que la fille d’un membre de leur club, reprend-il cette fois-ci en français pour que tout le monde entende.
Je hoche la tête tout en haussant les épaules, je n’ai pas envie de m’éterniser sur le sujet, rien ne changera ce qui s’est passé. Sauf qu'aussi conne qu’elle puisse l’être, elle se lève puis vient vers nous, munie d’un sourire aguicheur sur ses horribles lèvres avec une démarche qu’elle pense être sexy. Yliria, elle, s'esclaffe de la voir approcher tout en secouant la tête.
—Ça va être drôle tiens, un peu de peps, lâche-t-elle alors en russe.
—Tiens, tiens, tiens, ne serait-ce pas une revenante ? demande Anaïs. Je peux savoir ce que tu fais chez moi ?
—Tu peux, mais ce n’est pas pour autant que je te le dirais, casse-toi Anaïs, je n’ai pas envie que la soirée se termine dans un bain de sang!
—Ne me fais pas rire voyons, nous savons toutes les deux que si tu lèves la main sur moi, tu auras le club sur le dos.
Yliria rigole franchement, Grisha quant à lui est tendu, je crois qu’il n’aime pas qu’elle essaye de me prendre de haut.
—Parce que tu penses que j’en ai quelque chose à foutre, sincèrement ?
Ruslan la prévient de rester à sa place, mais elle n’écoute pas.
—Tu es chez moi, je tiens à te le rappeler.
—Rectification, je me trouve chez Raphaël, ne t’imagines pas plus importante que tu ne l’es, ça t’évitera des désillusions à l’avenir.
—Tu te crois toujours au-dessus des autres n’est-ce pas Yéléna? Mais tu n’es rien, absolument rien, alors que moi je suis indispensable au club.
—Pour les infos que tu transmets ? Parce que si je ne dis pas de connerie, il y en a certaines que tu ne donnes pas, pas vrai ? J’ai entendu dire que tu aurais pu empêcher la mort de l’un des membres il y a quelques années, mais tu ne l’as pas fait, alors ne vient pas brandir ta morale à la con quand tu en es toi-même dépourvue. Je t’assure que j’ai plus que tout envie de me défouler sur toi et vraiment faire ce pour quoi j’ai été bannie, que tu le subisses réellement cette fois, tu vois ce dont je veux parler ou tu vas continuer ton numéro de bimbo dégueulasse devant mon mec ? craché-je.
Grisha arque un sourcil, souriant de toutes ses dents en me prenant dans ses bras, Yliria s’étouffe dans son verre et Anaïs blêmit. Moi je souffle, putain, ça fait du bien. Elle s’avance à grande vitesse en levant la main pour tenter de m’en mettre une, grand bien lui fasse, je l’attrape par le poignet et lui tords jusqu’à ce que sa tête s’écrase contre la surface du bar. En prenant soin de remonter son bras dans son dos pour qu’elle souffre bien plus, je lui explose le nez et la lèvre inférieure, ce qui me fait sourire de toutes mes dents.
—Je ne t’ai jamais aimée, encore moins supportée, grogné-je alors qu’elle gémit de douleur. Tu ouvres trop ta grande bouche auprès des gens, mais je ne suis plus celle que j’étais à l’époque. Il me serait tellement facile de te briser les os en plus de te déboiter l’épaule, et le pied que je prends juste à t’entendre pleurnicher et supplier que je te relâche. C’est plus que jouissif !
Tout en la maintenant, je change de place avant de la balancer dans les bras de François, qui la rattrape sans problème.
—Dernier avertissement suka, reste loin, très loin de moi sinon la prochaine fois que tu me cherches je te tue sans sommation, je la préviens.
Je me remets au bar et avale cul sec mon verre de vodka. La soirée se poursuit correctement, sans embrouille et toujours sous les yeux noirs de mon géniteur adoré à qui je souris méchamment. Malgré les années, rien n’a changé dans ce club, Grisha ne m’a pas quitté d’une semelle me massant la nuque ou s’amusant avec mes cheveux sous le regard acerbe d'Anaïs, bien fait pour elle. Ma meilleure amie, elle, lamine les mecs au billard avec une immense joie. Ne jamais parier ou jouer contre elle, cette nana est pire qu’un casino, la maison ne perd jamais et elle non plus. Je me souviens qu'une fois, nous sommes allées au Metelitsa, un établissement moscovite, et elle a réussi à plumer les plus grands flambeurs du moment. Bon bien sûr à la fin de la soirée il y a eu un bain de sang derrière le bâtiment, ouais personne n’aime se délester de son argent surtout face à une femme, mais c’est la vie qu’ils ont perdu ces débiles.
Raphaël vient se placer à nos côtés tout en sirotant sa bière.
—Ruslan t'a donné le dossier ? demande Grisha.
—Lequel ? dit-il en le regardant en biais.
—Celui que Youri leur a remis et qui recèle des preuves si je ne dis pas de bêtises sur ce qui s’est passé cette fois-là, répond Grisha en me fixant droit dans les yeux.
—J’avais compris la même chose que toi, rétorqué-je en haussant les épaules.
—Je ne sais pas si je dois m’en réjouir ou être furieux que les infos ne transitent pas jusqu’à moi, crie le Président.
—Peu importe, c’est du passé tout ça, et je vais te le dire honnêtement, vos excuses, je m’en tamponne.
—Yéléna, je... enfin Sabine et moi on aimerait rencontrer notre petit fils.
—Ce n’est pas à moi de prendre cette décision, c’est à mon fils avec bien entendu l'accord de son père. Et ne crois pas qu’il ne connaisse rien de l’histoire Raph, il est au courant, Grisha et moi n'avons aucun secret pour lui.
Il baisse la tête mais la redresse avec une lueur d’approbation dans les yeux, et je dois dire qu’il y consent ou non je m’en balance royalement. Au bout d’une heure, mes comparses et moi statuons pour quitter le club afin d’aller nous reposer à l’hôtel. Une fois douchée et changée, je me faufile dans le lit et commence à sombrer dans un sommeil réparateur quand j’entends la porte s’ouvrir et sens quelqu’un s’installer à mes côtés.
—Chut, c’est moi, susurre Grisha.
—Pourquoi es-tu là ?
—J’avais besoin de ta chaleur, mais je voulais aussi que l'on discute de quelque chose que tu as annoncé plusieurs fois ce soir.
—Je t’écoute.
—Je suis vraiment ton mec ?
Je réfléchis quelques instants, j’avoue ne pas savoir quoi répondre.
—Et tu as parlé du père de Lev, donc j’ai supposé que tu faisais aussi référence à moi.
—Oui, pour les deux, rétorqué-je, tout en bayant aux corneilles.
—Dors, nous en reparlerons.
Je grogne en me tournant dos à lui, bien qu’excitée comme je le suis par sa présence à mes côtés, je sombre dans un sommeil profond et au chaud dans les bras de mon démon.
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Yelena l'amour dans le sang
حركة (أكشن)Bannie par son père, Yéléna, jeune femme de dix-huit ans, n'a d'autres choix que de quitter son pays natal pour rejoindre la Russie où vivent sa mère et son grand-père. Treize ans plus tard, elle a totalement changé de vie et elle s'est reconvertie...