T1.Chapitre 8 - Le Nebesa

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L'enseigne du club de strip s'érige fièrement entre les buildings vitrés du quartier des affaires. L'endroit est bien moins chaleureux que de nuit. Les rues sont trop strictes et grisâtres, tandis que l'enseigne du Nebesa égaie les alentours lorsque la lune se lève.

Je dois avouer ne pas me sentir le plus à mon aise, pourtant ma détermination ne flanche pas.

Mikhaïl me sourit, comme il le fait tous les jours, cherchant à m'apaiser alors que son visage ne m'inspire plus confiance.

Nous pénétrons l'endroit. Je suis étonnée de voir que l'établissement est ouvert même de jour, bien qu'il n'y ait que quelques clients qui bavardent, ici et là, en buvant des verres, tandis que des danseuses se dandinent sous leur nez.

L'ambiance est à mille lieues de l'unique soirée que j'ai faite ici. Cependant, les mêmes sensations me submergent une fois à l'intérieur. Je me sens bien, malgré la débauche qui y règne. La scène de spectacle accapare de nouveau toute mon attention, faisant battre mon cœur tellement fort qu'il pourrait perforer ma poitrine. Sans le vouloir vraiment, mes pensées me font m'imaginer sur cette estrade, un micro dans les mains, tandis que des milliers de personnes m'écoutent et me regardent vivre mon rêve.

En venant la première fois, je n'ai pas réellement fait attention à ce qui m'entoure. Encerclé de tous ces mafieux, regarder la décoration n'est pas votre priorité ! Mais, en cet instant, je détaille chaque recoin en attendant que l'on vienne nous chercher. Les tons sont plutôt chatoyants et assez basiques dans ce genre d'endroit. Du rouge, du noir, du doré colorent les environs, et des matériaux de qualité subliment chaque box. Un détail, et pas des moindres ne m'avait pas frappé, alors qu'il est des plus imposants lorsque je balaie la pièce. Une immense barre de pole dance scinde les trois étages du club en leur centre, donnant une vue aérienne sur l'ensemble du lieu.

La hauteur m'en donne le tournis, et je me demande bien qui a osé grimper là-dessus.

- Vam eto nravitsya? (Tu aimes?) souffle Mikhaïl à mon oreille.

Après les quelques jours auprès de lui, certaines phrases simples, comme celle-ci, deviennent enfin compréhensibles à mon oreille.

- C'est très impressionnant ! Je me demande si je serai capable de monter dessus !

- J'ai confiance en toi, ajoute-t-il en embrassant ma tempe.

Comme s'il m'avait électrocuté, je m'avance d'un pas, faisant mine d'observer la barre avec plus d'attention.

- Dimitrije primet vas (Dimitri va vous recevoir), annonce un agent de sécurité à Mikhaïl.

Je fais volte-face, mon hôte m'indique de le suivre d'un geste de la tête.

Merci ! Je n'en peux plus de toute cette tension qui dure depuis que Mikhaïl m'a fait sa proposition.

Nous empruntons un ascenseur à l'opposé de cette barre gigantesque. La cabine est marbrée de noir et d'or, nos reflets transparaissent sur les parois, ne nécessitant donc pas de miroir. Nous nous dirigeons vers un étage inférieur où se situe l'administration, accessible avec une carte spécifique.

Les portes s'ouvrent sur un long couloir où des dizaines... Que dis-je, des vingtaines de portes sont alignées de chaque côté. On peut entendre des gloussements, des couinements féminins.

Serait-ce là où vivent les danseuses ?

La réponse est évidente lorsqu'en face de l'escalier, qui nous mène encore un peu plus bas, je remarque une cuisine d'où des bavardages s'élèvent. Des femmes passent et repassent devant la porte, et une bonne odeur d'œufs brouillés s'en échappe.

RADUCHKA T1 (terminé), T2 (en cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant