L'inconfort, c'est tout ce que Idae ressentait face à ses iris noires de fureur. Depuis que le Roi avait congédié Élion dans le couloir, ils étaient tous deux enfermés dans sa chambre. Le Roi ne la lâchait pas du regard et elle tentait de garder un semblant de dignité devant cette situation des plus malaisantes.
- Je vous avais demandé de ne pas sortir de votre chambre. Vous êtes ma Prisonnière oui ou non, demanda-t-il beaucoup trop calmement.
- Certes je suis votre prisonnière. Mais je suis aussi un être humain qui a des besoins.
- Que veut dire cela ?
- Vôtre Majesté, vous et moi savons que cette situation n'a rien d'anodin. Alors je demande à avoir le droit de sortir hors de ma chambre. Aujourd'hui j'ai patienté longuement pour avoir mon petit déjeuner chose que je dois préciser, je peux faire moi-même sans l'aide de personne. J'ai besoin de soleil, de parler à d'autres personnes. Sinon je crois que je vais devenir folle, déclara-t-elle la voix tirant vers les aigus.
Idae commençait à ne plus supporter la situation et même à vouloir être traitée comme une prisonnière normale. Elle ne trouvait aucun sens à sa vie d'être autant privée de liberté alors qu'elle était à portée de main. Elle trouvait ça inconcevable de dépendre d'un homme sans cœur qui la considérait comme un animal de compagnie.
- Vos envies ne vous donnent pas le droit d'outre passer mes ordres, mademoiselle, s'énerva-t-il n'aimant pas la tournure des évènements.
La poitrine de la jeune femme se levait et s'abaissait à un rythme inquiétant, ses joues étaient en feu et ses mains vibraient d'une rage non maîtrisée. Elle se leva d'un bon et se dirigea devant le Roi d'un pas pressé en le pointant du doigt.
- Et bien vous savez quoi? Je m'en fiche de vos ordres. Je ne peux plus supporter cette situation. Je préfère mille fois être dans un cachot en sachant qu'elle fin me sera réservée que de rester encore une seule seconde votre jouet personnel. Je ne veux plus que vous aillez une telle emprise sur ma personne. Et puis, je vous déteste ! Faites moi pendre si vous voulez. Je ne m'en soucie guère. Tout ce que je souhaite, c'est d'être loin d'un homme comme vous !
La rage ayant gagné tous les pores de sa peau, l'esprit consumé par une folie passagère, la jeune fille ne prit plus en compte le regard ébahi et les sourcils froncés du Roi. Elle passa outre la mâchoire d'acier contractée et les poings serrés de l'homme qui maintient sa vie au creux de sa main. Elle n'a pas pensée aux conséquences de ses mots, la colère ayant obscurci son jugement.
Ernos se leva lentement, arrangeant élégamment les plis qui naquirent sur son costume cendré. Il se dirigea vers la demoiselle qui avait toujours son doigt pointé vers lui. Il s'approcha si près que peu à peu la jeune fille fit des pas dans le sens inverse craignant sans en connaître la raison, cette étroite proximité. Son cœur battait à la chamade et elle se dit que c'était sa fin. C'est ici que sa vie allait quitter son corps. Elle pensa à sa famille et une immense culpabilité la rongea car elle n'avait pensée qu'à elle-même en tentant ainsi le diable.
Le Roi souleva lentement son bras et posa sa main à plat sur le mur pour emprisonner la jeune fille ne lui donnant aucune échappatoire. Elle arqua son cou afin de le fusiller et de lui transmettre toute sa colère.
Elle était fascinante. Ernos la trouvait époustouflante et enflammée. Il n'arrivait plus à contenir toutes ses sensations oubliées qu'elle pouvait réveiller en lui. Elle pouvait lui faire passer de la colère à l'apaisement. Du calme à la tempête. Et du gèle à la tristesse.
- Vous vous donnez bien trop de liberté ma chère Idae. Vous pourriez vous en mordre les doigts.
Leurs souffles s'entremêlèrent, Ernos se régala de la subtilité du parfum de ses cheveux, de ses joues rouges de colère et de ses yeux qui se voulaient durs. Il dévia son regard vers ses lèvres charnues et rosées et la jeune fille fit la même chose serrant les poings ne comprenant pas son manque d'oxygène. Leurs nez se forlèrent, Idae n'aimait pas du tout les réactions contradictoires de son corps. Elle déglutit, elle lutta de toutes ses forces. Il jouait encore avec elle comme il l'a toujours fait. Ensuite, il se désintéressera d'elle comme s'il ne s'était jamais rien passé. Et surtout qu'allait il bien se passer? C'était le Roi, un Roi froid et méprisable.
Elle rassembla ses dernières forces et lui offrit un regard plein de mépris, un regard de protection, un regard résolu.
- Je n'ai pas peur de vous. Je n'ai peur de personne et je n'accepterai plus cette situation quitte à mourir, cracha-t-elle d'une voix méconnaissable.
La sincérité que le Roi lu dans ses yeux brillants le toucha en plein cœur. Jamais il n'avait ressenti une pareille douleur.
- Alors vous me détester au point de vouloir renoncer à votre vie, l'interrogea-t-il d'une voix rauque.
Idae ne savait plus quoi répondre. Le regard du Roi parlait tellement à son âme qu'elle fût choquée de l'impact de tout ce qu'elle y lisait à cet instant. Elle était paralysée. Jamais Ô grand jamais elle n'avait lu une telle souffrance dans l'âme d'un homme.
La main du Souverain se décolla du mur lui offrant un semblant de liberté. Il passa cette main d'un geste bref sur son visage. Il l'observa intensément comme pour garder en mémoire cette fille à la beauté sauvage.
- Vous êtes libre de regagner votre maison! Je préfère vous savoir loin de moi que morte, cracha-t-il d'un ton froid et chevrotant.
C'est ainsi qu'il lui tourna le dos la laissant là, le regard hagard. Une étrange et lancinante pression dans sa poitrine. Elle la serra fort comme si son cœur allait rejoindre sa pomme. Elle n'avait jamais ressenti pareille douleur ce qui la fit perdre pied. Elle glissa lentement le long du mur et une larme solitaire s'échappa de ses yeux.
Elle était libre. Enfin. Enfin? Ça lui paraissait irréel pourtant elle revoyait bien le regard obscur du Roi la sonder comme si c'était la dernière fois.
***
Le bruit de la porte qui s'ouvre interpella la jeune fille mais elle ne détourna pas le regard de la chaise où était installé le Roi une heure plus tôt. La jeune fille ne comprenait pas sa réaction, elle devrait être entrain de courir vers sa maison à crier le nom de son chien espiègle, de serrer sa mère dans ses bras, de taquiner son frère. Mais au lieu de le faire, elle pense à lui, à son regard, à sa détresse. Est-ce qu'elle lui était destinée ? Est-ce qu'elle s'était trompée sur l'homme qui domine ses cauchemars ? Pourquoi voulait-elle tant le savoir ? Pourquoi éveillait il ce profond intérêt en elle? Pourquoi la hantait-il encore alors qu'elle est désormais libre?
- Idae ? appela la voix stressée d'Elion.
Elle s'empressa de la rejoindre à même le sol. Sa robe fit un bruit sourd lorsque que ses genoux impacta le sol.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Répond moi s'il-te-plaît.
La voix inquiète d'Élion se faufila dans son subconscient et elle figea son regard absent sur son visage froissé par de milliers de questions.
- A-t-il dit que tu retourneras dans le cachot ? T-as-t-il dit des choses blessantes? Que s'est-il passé bon sang?
Elle entoura son visage de ses mains, cherchant une quelconque rougeur. Elle s'était tellement inquiétée car le Roi avait l'air furieux et hors de lui qu'elle craignait qu'il lui ai fait du mal.
- Je...
Elle essaya mais les mots s'évaporèrent entre ses lèvres sèches. Élion alla immédiatement lui servir un verre d'eau et elle le tint de ses mains fébriles...
- Dis moi tout.
- Je...je suis libre Élion.
Élion l'encouragea comme si l'information n'avait pas encore atteint son cerveau.
- Pardon ? demanda-t-elle les yeux ronds.
- Je suis libre. Il m'a donnée ma liberté.
- Quoi? QUOI??? Mais c'est extraordinaire ! s'exclame-t-elle en se levant euphorique.
- On doit préparer tes bagages! Je dois te raccompagner chez toi. Tu dois...
- Partir.
Idae sentait une faille se créer dans son cœur. C'était tellement douloureux de devoir laisser sa meilleure amie.
Élion revint vers elle et la pris dans ses bras.
- Tu vas me manquer. Terriblement !
- Toi aussi.
Ciel! Elle me manquera tellement.

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Impéria
Storie d'amorePlusieurs siècles après la troisième guerre mondiale, le monde s'est reconstruit avec pour nouvelle hiérarchie la royauté. Une jeune fermière au caractère farouche se retrouve lors d'une mésaventure captive du Roi. Sa rébellion et sa fougue ne pas...