7 : Eyden

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Je ferme la porte et m'appuie contre, un peu pommé. Putain, quel connard. J'ai réussi à la faire chialer. Et Dieu sait que c'est la dernière chose que je veux... Je laisse même les flics m'attraper si c'est pour la revoir sourire.

J'avoue avoir ressenti que mes paroles étaient fortes. Et pourtant... effectivement, je ne pensais pas que ça allait l'affecter. Autant.

Merde, Eyden. Ressaisis-toi. Tu ne peux pas te permettre une chose pareille. Elliot te tuerai...

Je m'allonge sur mon lit et je ferme les yeux pour essayer de faire le vide dans ma tête. Je m'endors presque lorsque les pas précipités d'Emily résonnent dans les escaliers. Je ne bouge pas immédiatement pour être sûre de ne pas la croiser. Même si tout ce que j'ai envie de faire, c'est me jeter à ses pieds et la supplier de me pardonner.

Elle part s'enfermer dans la salle de bain, je descends donc dans le salon. Le plat de lasagnes repose toujours sur la table, désormais sûrement froid. Ce n'est pas grave.

Je n'allume même pas la télé ou la musique pour manger. Et c'est là que je réalise un truc. Ce sera sûrement plus simple pour nous deux si je continue de me comporter comme le connard qu'elle croit que je suis. Tout en évitant de la blesser à nouveau, je reste indifférent à son égard. Mais merde, c'est compliqué. Elle ne m'a jamais autant attirée...

Mais je suis bien obligé de m'occuper d'elle. Autant parce que j'en ressens le besoin que parce qu'Elliot me l'a demandé. Même plus.

Lorsque je remonte dans ma chambre, je croise Emily. Un putain de jogging la met plus en valeur qu'un jean moulant.

J'essaye de passer sans lui prêter attention, mais elle m'appelle. Au moins, elle me parle.

-         Eyden ? J'ai deux-trois règles dont je dois te faire part.

-         Dis-moi.

-         Tiens, voilà les clés de la maison, dit-elle en me les tendant. On a deux salles de bains. J'utilise celle d'en haut, et toi en bas. Les courses, c'est une fois par semaine, une fois chacun. Une machine à laver une nuit sur deux, et tu laves le plus gros en priorité (et par couleur). On ne se parle pas plus que nécessaire. Compris ? Oui ou non, je me contrecarre de tes objections. Je suis chez moi.

-         Tu crois pas que ça se passerait mieux si on s'entendait bien ? je risque à demander.

-         Je te pardonne pour tout à l'heure. Mais je n'ai pas oublié. Évite de recommencer. Je t'en supplie, Eyden. Comme je l'ai dit, tu ne me connais pas.

Et elle a bien raison. Malheureusement, je ne sais rien d'elle à part le fait qu'elle lit beaucoup (à en juger par sa bookshelf dans sa chambre), qu'elle est magnifique et qu'elle boit du Whisky Coca. Quoique, c'est déjà pas mal. Ouais, mais pas suffisant si on vit ensemble.

-         Je suis désolé, je souffle. Je recommencerai plus. Viens là, dis-je en ouvrant les bras pour l'inciter à m'enlacer.

-         Non. Plutôt crever. Bonne nuit.

Et elle s'enferme dans sa chambre. Je l'aime mieux comme ça. Bah, je pense que c'est pour le mieux qu'elle ne m'ait pas fait de câlin. Je n'aurais pas pu résister à la tentation de l'embrasser. 

Un léger sourire s'étale sur mes lèvres. Je récupère ma veste dans ma chambre et fourre les clés dans la poche, puis dévale les escaliers. Je sors de la maison et ferme derrière moi. Ce n'est peut-être pas raisonnable d'aller à une fête le tout premier soir de notre colocation, mais ce n'est pas grave. En espérant que je ne le regrette pas demain...

Six mois pour s'apprivoiser [sous bêta-lecture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant