La douceur de l'amertume

I

La nuit était froide et sombre, typique des soirées d'automne que je connaissais si bien. L'heure d'hiver était passée, plongeant le monde dans une pénombre précoce. J'étais enveloppée de mes vêtements les plus chauds, mais le froid semblait s'ancrer dans mon corps. Je pressais le pas, déterminée à ne pas être en retard à mon rendez-vous, une habitude que je peinais à briser. Pourtant, cette fois, j'avais promis de ne pas manquer ce rendez-vous. La pluie s'ajouta à mes tourments, tombant en abondance, faisant couler mon mascara sur mes joues rougies par le froid. Je tentais vainement de dissimuler les dégâts sous mon écharpe, accélérant le pas pour éviter les regards, et arriver au plus vite à destination. Mon mari m'attendait, impatient de déguster le gâteau que j'avais préparé avec amour. C'était notre rituel mensuel, une tradition à laquelle nous nous accrochions avec affection. Mais en arrivant, je fus accueillie par le silence et l'obscurité. Seule, je m'installai près du lampadaire, enlevant les feuilles mortes qui jonchaient le sol. Alors que la pluie redoublait d'intensité, un poids pesant s'installa dans ma poitrine, accompagné d'une sensation de longueur, comme si le temps s'était étiré à l'infini. Le simple fait de préparer ce gâteau pour lui apporter un peu de joie était devenu mon unique réconfort. Les souvenirs affluèrent, faisant naître un sourire sur mes lèvres tandis que j'entendais son reproche habituel pour mon retard. Nous étions si différents, mais si complémentaires, connectés d'une manière inexplicable. Et alors que la pluie se dissipait, je me levai, déterminée, pour lui dire au revoir. Séchant mes larmes, je pris conscience du temps écoulé, six longs mois depuis son départ. Quittant le cimetière, mon cœur restait glacé, mais empli de souvenirs et d'amour.