La douceur de l'amertume

II

Tout me paraît si lointain. Tout est froid et vide. Je me pose des questions, mais elles restent sans réponses. Je continue, j'essaie en vain. Toujours rien.
Qui suis-je déjà ?
Je me regarde face au miroir. Impossible de me reconnaître. Des cernes profondes, un teint blafard. Suis-je devenue le fantôme errant ? Je sors de cette pièce blanche et vide.
Où suis-je ?
Aucune réponse. J'avance sans but précis. Enfin, j'en avais un. Je crois. J'arrive à peine à marcher.
Suis-je prisonnière ? Prisonnière de ce lieu ou de moi-même ?
Blanc, blanc, blanc. Je ne vois que cette couleur. Ma perception est brouillée. Je divague encore et encore. Blanc, blanc, blanc.
Est-ce la lumière ? Dois-je finir ce long couloir ?
Je continue à marcher de toutes mes forces. Mon but me revient : traverser ce couloir. J'entends des bruits. Non, c'est un tapage dans mon crâne. Un brouhaha sans plus. Arrête. Stop. Respire. J'inspire. Ça me rassure.
Les conversations deviennent de plus en plus perceptibles. Je relève la tête. Une foule autour de moi. Que me veulent-ils ?
Je vois du blanc. Encore du blanc. Est-ce mes démons ?
Ils ne veulent pas que j'atteigne mon objectif. Avancer au fond du couloir. Je ne dois pas perdre ma mission. Je suis si près de mon but, je ne dois pas m'arrêter. Les hurlements arrivent à moi, ils me tirent. J'ai besoin d'aide mais je ne peux crier. Soudain, une voix au loin retentit. « Laissez-la ». Cette voix n'est pas inconnue. Elle est réconfortante. Elle me guide au bout du couloir.
Est-ce Dieu ?
« Restez dans la file d'attente ». Puis je me souviens du purgatoire. Les mauvais sont jetés en enfer, les bons vont au paradis.
Suis-je une bonne personne ? Pourtant, tout reste flou. Je ne me souviens toujours de rien. Je suis ce fantôme blanc qui rejoint les autres vers ce couloir. J'avance à petits pas. Doucement. Doucement. Doucement.
Arrête. Stop. Expire. Inspire. Ça me rassure.
Je sais que c'est bientôt mon tour. Que vais-je devenir ? Enfer ou paradis ?
Peut-être ai-je été bonne tout au long de ma vie, mais pas aux yeux de ceux qui sont dans le royaume des cieux.
« Olivia Lambert ».
Ce nom résonne deux fois dans mon esprit et dans mon cœur. Oui, je me souviens, c'est moi. J'avance, la lumière m'éblouit. Impossible de voir mon interlocuteur.
Est-ce donc le pouvoir des divinités ?
« Schizophrène, clozapine & tercian. Avalez ça ».
Où avais-je la tête ? C'est vrai je suis hospitalisé depuis un certain temps.
Le temps ?
Pourtant tout me paraît si lointain...