Les semaines défilent à une allure fulgurante, ce qui augmente mon stress chaque jour.
- Davay, Mia! Vy otstayete!(Allez, Mia! Tu es à la traîne!), me crie Heric.
Je ne sais pas comment le présenter. Il fait tout ici. Il supervise notre alimentation, nous prodigue des entraînements de sport, d'assouplissement. Il nous masse TOUTES, une fois par semaine.
C'est un peu l'homme à tout faire du sport.
- Ya vicladivation pau polnoy!(Je donne mon maximum!) lui réponds-je sèchement.
Après un mois à m'entraîner dur je commence à en avoir ras-le-bol de ses remarques à la con! Je me crève plus que les autres, et je sens la fatigue s'accumuler.
À bout de souffle et avec un point de côté, je vais m'assoir dans un coin de l'immense pièce de répétition sous l'œillade noire d'Heric qui poursuit avec les autres.
Depuis mon arrivée, il y a eu trois nouvelles recrues, aussi paumées que je l'étais. L'une amenée par Dimitri. La seconde par Marco, le styliste, qui a eu pitié d'elle. La dernière est venue d'elle-même.
Il fallait donc revoir les bases des mouvements.
À dire vrai, les enchaînements sont plutôt simples, mais le rythme est très soutenu pour moi. Néanmoins, je m'accroche, m'étant enfin requinquée. Pouvoir manger à ma faim a été magique!
Quelques-unes de mes formes me sont revenues, élargissant un peu mes hanches, redonnant un léger volume à ma poitrine presque inexistante à cause de la dénutrition.
Le renforcement musculaire d'Heric était une horreur! Je n'ai jamais beaucoup aimé le sport, à part la danse, mais cela a galbé mes cuisses, donné du rebondi à mes fesses et cintré ma taille tout en tonifiant mes bras.
Enfin, je peux me regarder dans le miroir sans une once de dégoût. Mon corps ne porte plus aucun stigmate de ma vie passé, me donnant l'impression de ne pas avoir vécu ces 3 dernières années.
Et la véritable libération a été quand le boss m'a dit que j'étais prête à commencer les répétitions de danse. J'ai sauté au plafond!
Même si les débuts ont été difficiles, que je pleurais chaque soir, et que cela continue encore par moment, je remercie Mikhaïl d'avoir failli me renverser, de m'avoir donné l'opportunité d'entrer ici, même si ma vie est menacée et que je n'ai pas eu le choix. Car pour dire la vérité, je m'éclate! Je ne pense absolument à rien, à part m'occuper de moi et danser. Ne manque plus que le chant et je serais comblée. Mikhaïl m'a dit que ça ne devrait plus tarder.
Il est très présent, même si sa femme lui accapare pas mal de son temps. Je n'aime pas la relation que j'entretiens avec son mari, mais je n'ai pas véritablement mon mot à dire. Il peut balancer ma famille ou me retirer mes privilèges, à savoir sortir 1 à 2 fois par semaine, et je ne suis pas prête à abandonner ce luxe!
Et puis, ce n'est pas si terrible, on s'entend bien, en général.
Mais dès qu'il t'oblige à te mettre sur le dos...
- Mia, allez, tu t'es assez reposée! me sermonne Heric en me faisant de grands gestes.
Je râle, mais m'exécute. L'anniversaire est dans 2 mois, si je veux être performante il faut que je serre les dents et m'entraîne sans m'attacher à la douleur lancinante de mes fibres musculaires, qui ne désirent qu'une seule chose: s'arrêter.
- Aurais-je droit de manger une pâtisserie pour me récompenser ? le nargué-je.
J'esquisse un sourire face à la mine grave d'Heric qui ne plaisante absolument pas sur ça. Aucun écart ne nous est autorisé. Comment vous dire que mes quelques sorties avec Mikhaïl sont attendues aussi impatiemment que le Messie! Au moins, il me laisse me gaver de toutes les sucreries que j'aime.
Cela me rappelle mon adolescence. Je n'arrêtais pas de me cacher pour dévorer des paquets de gâteaux au chocolat ou à l'abricot, n'ayant droit qu'aux trucs sans matières grasses à la maison, complètement insipides sur mes papilles explosives.
Parfois, la nostalgie de mes souvenirs me submerge et je la noie sous la douche. Puis, très souvent la nuit, c'est ce fantôme du Nouvel An qui prend la place de ma famille derrière mes paupières et mes doigts me démangent de descendre vers mon intimité.
Je ne sais pas ce qu'il m'arrive! Dès que je pense à cet homme, mon corps s'échauffe et mes sens s'exacerbent. Ses traits sont si nets dans mon esprit désormais que j'en fantasme à longueur de temps.
Non, non, non! Mia, reste concentrée! Tu ne reverras jamais ce type, et c'est pour le mieux!
Oui! Je ne peux pas me laisser distraire. Je dois penser à mon objectif, ne pas mourir, et c'est avec cela en tête que je me saisis de l'une des innombrables barres de pole dance de la salle, et que je vérifie ma posture de départ dans les miroirs qui décorent l'intégralité des murs de la pièce.
Qui aurait cru que le Nebesa possédait un second sous-sol pour cacher cet endroit magnifique?
Dès que la musique démarre je ferme les yeux et la laisse s'infuser dans mon corps. Mon esprit se laisse emporter et divague invariablement vers cet inconnu. C'est ridicule et puéril de fantasmer sur un homme dont on ne sait rien! Certes, sa beauté est sans pareille. Ses traits sont puissants, intimidants et imposent le respect. Son regard est des plus saisissants, vous rendant désireux de vous y noyer. Sa mâchoire est saillante sous cette fine pellicule de barbe sombre dans laquelle disparaît une cicatrice sur la joue gauche, soulevant tout un tas de questionnement et de...
- Tu vois quand tu veux, tu peux! m'applaudis Heric, très satisfait.
Ma poitrine a du mal à se calmer. J'ai effectué les mouvements sans y penser, sans voir le temps passer, me laissant simplement happer par la musique et par ce fantôme prisonnier de mon esprit.
Georgina, Milly et Lucie me sautent au cou en me félicitant, tandis que mes autres collègues me foudroient, répétant qu'on ne peut pas être aussi bonne en si peu de temps.
Notamment, Chloé, la rousse, qui pourrait me tuer sur place si elle en avait le droit. Je la soupçonne désirer ardemment que je me plante, afin d'avoir le plaisir de me tirer une balle elle-même.
- Vous avez bien regardé Mia? C'est exactement ça que je veux! Vous devez baiser votre reflet, sinon c'est la mort qui vous baisera!
Balancer des menaces à tout bout de champ est monnaie courante au Nebesa, je ne m'en offusque même plus. La mort m'attend en bout de ligne, à moi de faire en sorte qu'elle reste le plus éloignée possible.
Heric passe ses bras autour de mes épaules pour chanter mes louanges. Je déteste ça! Son toucher me met mal à l'aise. Je me crispe sous sa poigne tandis que l'australien blond platine, au teint bien trop halé pour que je ne sois pas jalouse, et dont la musculature en fait baver plus d'une ici, m'intime d'aller au sauna avec trois autres filles.
C'est enfin mon tour! J'aime beaucoup ces moments où l'on se fait chouchouter. D'autant plus que j'aime rester assise plusieurs minutes, fermer les yeux et sentir mon corps bouillonner de l'intérieur.
Je m'y rends sans demander mon reste, désireuse de me retrouver seule avec mes pensées.
Seule avec cette paire d'yeux cristalline.
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RADUCHKA T1 (terminé), T2 (en cours)
RomanceIl y a 2 tomes de prévus et je les publie dans la même histoire. Dans une société qui veut la modeler au détriment de ses rêves, une jeune Suédoise, au désir brûlant de liberté, se verra propulsée, malgré elle, dans le monde brutal et sanglant de la...