Nia gna mia

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Bon, ça aussi c'est un travail de français mais il date de cette année. Il fallait écrire une rêverie un peu comme l'extrait de mme Bovary qu'on avait. (y'en à qu'on pas respecté la deuxième consigne mais pas grave)

Le texte qu'on a étudié avant

Emma est tout à la fois victime de l'ennui qui l'envahit sa vie avec Charles et de ses rêveries romantiques, qui ne sont qu'une accumulation de clichés rebattus. Elle est aussi un personnage plus ambigu qu'il n'y paraît, parvenant à être dans le même temps ridicule et tragique par son refus de pactiser avec une réalité nécessairement décevante.

Dans l'après-midi, quelquefois, une tête d'homme apparaissait derrière les vitres de la salle, tête hâlée, à favoris noirs, et qui souriait lentement d'un large sourire doux à dents blanches. Une valse aussitôt commençait, et, sur l'orgue, dans un petit salon, des danseurs hauts comme le doigt, femmes en turban rose, Tyroliens en jaquette, singes en habit noir, messieurs en culotte courte, tournaient, tournaient entre les fauteuils, les canapés, les consoles, se répétant dans les morceaux de miroir que raccordait à leurs angles un filet de papier doré. L'homme faisait aller sa manivelle, regardant à droite, à gauche et vers les fenêtres. De temps à autre, tout en lançant contre la borne un long jet de salive brune, il soulevait du genou son instrument, dont la bretelle dure lui fatiguait l'épaule ; et, tantôt dolente et traînarde, ou joyeuse et précipitée, la musique de la boîte s'échappait en bourdonnant à travers un rideau de taffetas rose, sous une grille de cuivre en arabesque. C'étaient des airs que l'on jouait ailleurs, sur les théâtres, que l'on chantait dans les salons, que l'on dansait le soir sous des lustres éclairés, échos du monde qui arrivaient jusqu'à Emma. Des sarabandes à n'en plus finir se déroulaient dans sa tête, et, comme une bayadère sur les fleurs d'un tapis, sa pensée bondissait avec les notes, se balançait de rêve en rêve, de tristesse en tristesse. Quand l'homme avait reçu l'aumône dans sa casquette, il rabattait une vieille couverture de laine bleue, passait son orgue sur son dos et s'éloignait d'un pas lourd. Elle le regardait partir.

Mais c'était surtout aux heures des repas qu'elle n'en pouvait plus, dans cette petite salle au rez-de-chaussée, avec le poêle qui fumait, la porte qui criait, les murs qui suintaient, les pavés humides ; toute l'amertume de l'existence lui semblait servie sur son assiette, et, à la fumée du bouilli, il montait du fond de son âme comme d'autres bouffées d'affadissement. Charles était long à manger ; elle grignotait quelques noisettes, ou bien, appuyée du coude, s'amusait, avec la pointe de son couteau, à faire des raies sur la toile cirée.


Ce que j'ai fait :

Tous les matins, depuis bientôt quatre ans, Apolline Anatide attend, dans un petit hameau campagnard perdu au beau milieu de la France, son bus.

En cette pleine saison hivernale, chaque matin, Apolline était gagnée par le froid. Elle avait beau se couvrir du mieux qu'elle le pouvait, s'harnacher dans une épaisse écharpe de laine, mettre d'épais bas qui la grattait et enfoncer son bonnet sur ses oreilles, elle avait froid. Un vent sournois, malfaisant et glacial venait se glisser dans chaque interstices entre ses vêtements pour venir la glacer jusqu'aux os. L'air frigorifiant et claquant lui causait des engelures aux doigts ainsi qu'au bout du nez et la perfide rosée du matin faisait geler ses orteils.

Heureusement, un bien étrange et comique défilé la tirait de son engourdissement car il se trouvait, en face de son arrêt de bus, une petite ferme pittoresque. Chacun leur tour, les animaux sortaient de leurs nids douillets pour affronter leur journée. Qu'il grêle ou qu'il neige, qu'il pleuve ou qu'il vente, ces braves affrontaient le mauvais temps tel de preux chevaliers.

Dès que la première oie eu passée son timide bec hors de son logis et tâté d'une patte douillette le sol, une entrainante musique commençait aussitôt. Trompettes, tambours et cymbales jouaient crescendo tandis qu'un présentateur haut comme trois pommes montait sur la barrière en bois pour présenter les extraordinaires créatures de son cirque.

S'avançaient alors les oies, par ordre de quatre. S'ébrouant, cacardant, se balançant d'une patte sur l'autre au rythmes des trompettes. Elles saluaient leur publique d'une œillade hautaine et, secouant leurs blanches traines, elles se redressaient pour faire jouer les flûtes.

Venait alors les poules, guidées par le coq. Droit et fier dans son queue-de-pie, il lâchait un chant majestueux pour éveiller la basse-cour. Suivaient donc les poules, vêtues de soies aux couleurs douces, caquetantes, gloussantes, roucoulantes, regardant les spectateurs de haut.

Le présentateur introduisit ensuite les trois canards qui arrivaient en fanfare. Cancanant, nasillant, s'esclaffant dans leurs costumes verts et bleus, ils grimaçaient et, ouvrant de larges becs aplatis, ils faisaient rire aux éclats les bambins assis au premier rang. Ils quittaient alors la scène, pirouettant toujours sous les échos du rire général.

De temps en temps, une très rare voiture ou bien un courant d'air plus puissant que les autres secouait Apolline mais, imperturbable, le petit présentateur en costume noir reprenait de plus belle.

Après les canards, chèvres et boucs, demoiselles et damoiseaux sortaient de derrière les rideaux de velours pour entamer une valse accompagnés des violons et des flûtes. Devant l'admiration de tous, les danseurs virevoltaient çà et là dans leurs habits de fourrures blanches avant de quitter le feu des projecteurs dans un froufroutement majestueux.

Suivait par la suite un groupe d'adorables petits moutons blancs. Ils exécutaient un mignon petit ballet, dansant avec une tendre maladresse sur les planches en palissandre. Certains trébuchaient puis se relevaient, perdaient le rythme puis le retrouvaient, faisaient un pas de travers puis se reprenaient. Ils quittaient finalement le publique sous les applaudissements après avoir esquissé une timide révérence.

Défilaient encore des vaches élégantes, des taureaux impressionnants, des cochons bedonnants, des ânes en costumes noirs et des mules en tutus de tulle bouffants, des poneys en robes de satin et des chevaux coiffés de plumes colorées.

Mais immanquablement, fatalement, le bus arrivait, avec ses éternelles dix-sept minutes de retard. Alors les trompettes se taisaient, on posait les cymbales, nettoyait les flûtes, fermait les rideaux, éteignait les lampes et le présentateur tirait sa révérence tandis que le publique se dispersait laissant Apolline seule.

Alors, le vent mordant revenait, toujours plus froid et plus mordant, le froid glacial lui faisait violemment claquer des dents et la rosée perfide achevait de lui geler les pieds. Et tandis qu'elle montait difficilement les marches du bus en rabattant son écharpe de laine sur son nez douloureux pour aller s'assoir, elle regardait avec un pincement de regret les derniers retardataires de la ferme rejoindre leurs congénères.


Mes restes d'atelier d'écriturefait aussi fourre-tout j'veux pas trop de livresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant