𝐍𝐞𝐬𝐬𝐚𝐲𝐞𝐦 | 𝐔𝐧𝐰𝐚𝐧𝐭𝐞𝐝 𝐋𝐨𝐯𝐞 [ CORRECTION]

40 𝙿𝚊𝚛𝚊𝚗𝚘𝚒𝚊

𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚚𝚞𝚊𝚛𝚊𝚗𝚝𝚎

𝙽 𝙴 𝚂 𝚂 𝙰 𝚈 𝙴 𝙼
✍🏼

Aujourd'hui encore, Jawara rentre tard à la maison. Ce n'est pas dans ses habitudes, mais ce soir, j'ai l'impression que l'air est devenu suffocant.

Je jette un regard vers la porte de ma chambre, à moitié ouverte. La lumière du couloir s'allume, puis un bruit sec de porte qui claque retentit. Elle doit sûrement être rentrée après tout ce temps. J'ouvre ma porte et m'avance vers elle.

— Qu'y a-t-il, Ness ? me demande-t-elle, son sourire toujours collé à ses lèvres.

Je plisse les yeux, mais je ne réponds pas.

— C'est bizarre aujourd'hui, je marmonne à voix basse.

— Quoi ? Qu'est-ce que tu marmonne ? Me demande Jawara.

Elle répond immédiatement, comme si elle s'attendait déjà à cette remarque.

— C'est bizarre aujourd'hui. J'ai l'impression de suffoquer encore plus que d'habitude.

— Tu dois sûrement rêver. C'est l'effet de l'hiver, tu as dû attraper une angine. Elle afficheune mine neutre et essaie de me rassurer en quelque sorte.

— Non, ce n'est pas ça du tout.

Elle s'approche de moi, toujours souriante, et pose doucement sa main sur mon épaule.

— J'ai une question, Ness. Ça veut dire quoi : "Où tu iras, j'irai. Où tu regarderas, je regarderai. Tu ne seras jamais seule, note-le bien dans ta tête" ? M'interroge t-elle finalement..

Je reste figée.

Ses mots résonnent dans ma tête, comme un écho lointain que je ne parviens pas à chasser. Ma gorge se serre, mes mains deviennent moites. Pourquoi elle me demande ça ? Pourquoi maintenant ?

Je détourne les yeux, fixant le sol comme si j'allais y trouver une réponse.

— Pourquoi tu me demandes ça ?

Ma voix est plus froide que je ne l'aurais voulu. Jawara, elle, ne perd pas son sourire, mais quelque chose dans son regard me trouble. Un éclat que je n'arrive pas à définir.

— Je sais pas, ça m'est venu comme ça, répond-elle en haussant les épaules, son ton léger. Ça t'évoque quelque chose ?

Je croise les bras, essayant de calmer la tempête qui menace d'exploser dans ma tête.

— Non.

Mensonge. Je le sais. Elle le sait. Mais elle ne me force pas. Elle me regarde un instant avant de soupirer doucement et de passer à côté de moi.

— Tu devrais dormir, Ness. Ça t'aiderait peut-être à arrêter de trop réfléchir.

Elle disparaît dans le couloir, me laissant seule avec mes pensées, seule avec ce poids invisible qui m'écrase la poitrine.

Je pousse un long soupir et referme ma porte.

Il faut que je dorme. Il faut que j'oublie.