Chapitre 3

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𝐧𝐨𝐦𝐚𝐝𝐞
adjectif et nom
1. Qui n'a pas d'habitation fixe (opposé à sédentaire).

— Nous sommes ce que l'on pourrait désigner comme des nomades, expliqua Jasper à une Eden concentrée sur ses paroles.

Cette dernière s'était lavée et changée. Ses nouveaux vêtements ne lui étaient pas inconfortables, mais elle ne s'y sentait pas à l'aise. Encore une chose à laquelle elle allait devoir s'habituer.

Alice sortit une feuille de papier de la poche de sa veste, qu'elle déplia et tendit à la jeune vampire. Les yeux rouges de cette dernière se posèrent sur le papier et analysèrent avec une précision sans faille les moindres détails. Il s'agissait d'un dessin au crayon gris, représentant un groupe de cinq personnes. Deux femmes et trois hommes. Les traits étaient parfaits, mettant en valeur leurs expressions.

— Est-ce votre famille ? demanda-t-elle en les regardant tous attentivement.

Le mot « famille » avait été instinctif. Pourtant, Eden n'en connaissait pas le sens.

—  Qu'est-ce que c'est « famille » ? ajouta-t-elle en tentant de fouiller sa mémoire à la recherche d'une définition.

— Une famille ? répéta Jasper avec un froncement de sourcil.

Eden acquiesça. Les deux vampires échangèrent un regard, ne sachant pas réellement comment lui expliquer.

— Le dictionnaire dirait certainement que ce sont des personnes partageant un même toit, supposa le blond. Ou peut-être ceux partageant des traits communs. C'est assez difficile à définir, en fait.

— Dictionnaire ? répéta Eden. 

— Ce n'est pas gagné, ironisa Alice avec un petit sourire. Le dictionnaire est un livre regroupant des définitions de tous les mots. Nous devrions certainement t'en procurer un.

La voyante se perdit soudainement, ses yeux regardant le vide durant quelques secondes alors qu'Eden lançait un regard paniqué à Jasper.

— Tout va bien, la rassura-t-il en sentant l'anxiété grimper en flèche chez la jeune fille. Elle a une vision de l'avenir.

— Je sais, déclara la blonde en se reconcentrant. J'ai vu dans ses souvenirs qu'elle était comme ça lorsque cela arrivait. J'ai simplement été surprise.

L'empathe acquiesça aux propos de l'adolescente tandis qu'Alice revenait à elle.

— J'ai une meilleure idée, dit celle-ci en quittant sa chaise.

Les deux autres plissèrent les sourcils tandis qu'elle fouillait un tiroir d'un meuble à proximité. Après quelques secondes, elle en sortit un carnet qu'elle posa sur la table, sous les yeux d'Eden. Elle attrapa rapidement un stylo qu'elle posa près du carnet avant de se rasseoir.

— Bien que cela soit fortement inutile puisque nous avons une mémoire infaillible, j'ai vu que tu apprécierais d'écrire toi-même les définitions que tu juges importantes.

— Oh ! sourit la revenante en ouvrant délicatement le carnet.

Elle en analysa les pages avec attention, découvrant la texture rugueuse du papier, puis finalement, elle attrapa le stylo-plume et, d'une calligraphie ronde et précise, écrivit « Dictionnaire d'Eden » sur la première page. Ce geste avait été instinctif, comme s'il s'agissait de ce qu'on lui avait toujours appris.

— Au moins, tu te rappelles encore comment écrire, sourit nerveusement Jasper alors qu'elle attendait que l'encre ait terminée de sécher.

Eden lui adressa un sourire timide en hochant la tête avant de tourner la page et d'y écrire les définitions que ses deux mentors lui avaient données depuis leur rencontre. Elle termina par celle du mot « famille » avant de refermer le carnet et de poser délicatement le stylo sur la couverture.

— Parfait ! s'exclama Alice avec un grand sourire.

— Tu n'as pas eu le temps de me dire s'il s'agit de votre famille, reprit la liseuse de souvenirs en reposant son regard sur le dessin que lui avait montré la voyante un peu plus tôt.

— Ça l'est, sourit la voyante. Ou du moins, pas encore mais ils le seront. 

— Ce sont donc les Cullen, comprit Eden en se remémorant certains souvenirs des deux vampires.

Elles savaient qu'ils étaient à la recherche d'un clan qui pourrait les accueillir et qui, comme eux, se nourrissait de sang animal. 

— Je t'ai vu avec nous, lui annonça la voyante, son visage soudain sérieux. Tu seras un membre de cette famille, toi aussi. Enfin, seulement si tu nous accompagnes : même si je t'aperçois de plus en plus dans notre avenir, c'est encore un peu flou. Tu n'as pas encore décidé de ce que tu souhaites faire.

— Je ne veux pas être un obstacle pour vous. répondit immédiatement l'adolescente.

— Tu n'as rien d'un obstacle, Eden. fit Jasper en posant son regard sur la jeune fille. 

— Bien sûr que je le suis. De nous trois, tu as été le premier à te méfier. rappela-t-elle au blond. D'autant que vous vous êtes construits sans moi. Je ne peux pas arriver et gâcher tout ce que vous cherchez à entreprendre ensemble depuis que vous vous êtes rencontrés.

— Je t'assure que tu ne gâcheras rien. renchérit la voyante avec un doux sourire. Nous souhaitons t'aider.

— Nous ne savons rien à mon sujet, continua la jeune fille, ignorant les dires d'Alice.

— C'est peut-être mieux ainsi. la contredit celle-ci. Je ne savais rien à mon sujet non plus lors de mon réveil, pourtant je suis ici avec Jasper et toi. Je m'en sors extrêmement bien. Ce n'est pas ton passé qui te définit mais la manière dont tu y fais face. Si nous t'avons trouvée dans ce cimetière, c'est qu'il y avait une raison. Et j'ose croire que cette raison est que nous t'aidions.

— Pourquoi moi ? murmura Eden si faiblement que les vampires n'avaient pu l'entendre seulement grâce à leur ouïe sur-développée. Pourquoi êtes-vous prêts à faire autant pour moi ?

— Tu es jeune, expliqua Jasper. Tu as encore toute l'innocence de l'adolescence en toi. Mais notre monde n'est pas aussi innocent que toi. Il est en fait, tout l'inverse. Il n'est que violence. La loi du plus fort. Tu ne mérites pas de vivre dans un tel monde. En cherchant les Cullen, Alice et moi recherchons la paix. Et si nous pouvons t'offrir cette paix également, alors nous le ferons.

La liseuse de souvenirs ne répondit rien. Jasper avait raison : son nouveau monde était violent. Une violence qu'elle n'avait pas encore réellement expérimentée, mais une violence qu'elle ressentait au fond d'elle. Elle ne se voyait pas vivre dans un tel monde. Tout ça, ce n'était pas elle. Elle ouvrit la bouche pour annoncer sa décision, mais Alice la devança en se levant de sa chaise avant d'aller l'enlacer et de s'exclamer joyeusement :

— Tu es officiellement notre première sœur !

...

𝟏 𝟎𝟒𝟎 𝐦𝐨𝐭𝐬

EDEN • TwilightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant