3: Captif

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"Capitaine, qu'est-ce qu'on en fait ?"

J'ai l'impression d'être un vulgaire objet qu'on trimbale d'un bord à l'autre.

"Laisse le dans ma cabine je vais m'en occuper plus tard"

Il mord dans un morceau de pain sans daigner me regarder.
Oh si j'étais plus fort et plus courageux je lui ferai mordre la poussière pour ce qu'il a fait !
Je sens un bras m'attraper par la nuque et me jetter dans la cabine puis refermer la porte derrière moi à double tour. Où veulent-ils que j'aille...
Je devrais peut-être remercier mon apparence de gringalet qui m'a épargné d'être attaché comme une bête.
Cette cabine là n'a rien à voir avec celle du Lieutenant. C'est sale, en désordre et il y fait bien trop sombre, les pirates sont-ils allergiques à la propreté et la lumière en général ?
Enfin, je devrais déjà m'estimer heureux d'être encore en vie.
Je suppose.
Ma joue me fait encore mal, jamais on ne m'avait traité de la sorte, pas même mon père qui pourtant est un homme dur à satisfaire.
J'aperçois un petit miroir dans le coin, je le prend et y voit une horreur. C'est moi ça ? Seigneur...je suis en loque.
Mes yeux rougies et gonflés par les larmes me rendent encore plus faiblard, et mes cheveux sont en pagaille, ils sont complètement relâchés et recouvrent les contours de mon visage. Sans parler de ma tenue, pied nu, la chemise tachée et ouverte sur des pectoraux inexistants...
Je fouille un peu et trouve une cordelette en cuir pour rattacher mes cheveux à l'arrière.

Quel ennui...j'entends des rires depuis quelques heures déjà, et personne n'est venu. L'alcool doit couler à flot, comment peuvent-ils faire la fête après avoir tué des hommes sans défense...les pirates sont bien pire que ce qu'on nous apprend à l'école. Ce sont des monstres.
La porte s'ouvre à la volée et je bondis, surpris.

"Ohla ! Le capitaine va pas êt'content !"

La porte a complètement cédé de ses gonds avec la chute de ces deux ivrognes. Ils rient comme des idiots et remarquent enfin ma présence, pourtant je faisais tout pour être discret. Il aurait mieux valu pour moi qu'ils ne me voient pas.

"Tiens v'là la princesse du commodore.

-C'est vrai ça qu'il ressemble à une princesse. Approche petit !"

Je reprime mon dégout en les voyant approcher. Je m'élance à l'autre bout de la pièce mais ils poussent tout sur leur passage pour me bloquer dans un coin.
Je suis pris au piège. Si je n'étais pas sûr de ma valeur marchande j'aurais eu peur pour ma vie, mais là, c'est ma chasteté que je crains de perdre.

"N'approchez pas !

-Ohoh ! Regarde ça elle s'énerve !"

J'attrape le premier objet pointu qui me tombe sous la main. Le compas fera l'affaire.
Ils se rient de moi de plus belle en poustillonnant.
Ces hommes sont répugnant...

"Je jure de crever un œil au premier qui s'approche !"

Ils arrêtent de rire et se lancent un regard entendu.

"Aller fini de rigoler."

L'un d'eux s'approche et je tente de le planter avec la pointe du compas, mais il est plus rapide et plus fort. Il attrape mon bras si fort que j'en lâche le compas en couinant. Il va me briser le poignet !
L'autre nous rejoint, et j'ai le temps de croiser son regard vide de toute âme avant qu'il ne balance son poing dans ma mâchoire.
D'abord je ressens des picotements, puis une douleur fulgurante. Jai mal...je suis incapable de me défendre ou même de riposter.

Moussaillon [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant