Chapitre 10

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1h du matin, le vent nous faisait part de son mécontentement en frappant contre les bâtants de mon volet. Je n'étais pas allongée dans mon lit comme j'étais censée l'être à une heure aussi tardive, j'étais assise sur mon bureau, un cahier ouvert sur une page vierge qui n'attendait qu'à être remplie.

Je voulais écrire ce que je ressentais pour essayer de comprendre mes émotions et par la même occasion mes actes et réactions physiques, mais en vain. Ne voulant pas forcer avec cette inspiration non existante, je pris mes écouteurs, mon téléphone et un gilet que j'enfilais par-dessus mon pull puis je me glissai silencieusement en dehors de ma chambre pour me rendre sur le balcon.

Le couloir était vide, tout comme le salon, les quelques peintures et photos présentes sur les murs semblaient me suivre d'un regard las. Le carrelage était froid, il me glaçait les orteils à travers mes chaussettes. L'ambiance était pesante, mais pas vraiment effrayante, je profitais de ce calme inhabituel que j'appréciais tant. Mes chaussons enfilés aux pieds, je sortis par la baie vitrée menant au balcon depuis le salon.

La fraîcheur de la nuit me frappait le visage de plein fouet. Je m'accoudai contre la rambarde, fixant avec lassitude la rue faiblement éclairée de quelques lampadaires. Le temps semblait s'être arrêté, comme si, soudainement, toute la ville s'était arrêtée de vivre. Le ciel pollué de toutes nos activités humaines permettait à peine aux étoiles de montrer leurs éclats.

Plus jeune, je pensais que chacun de ces points blancs dans le ciel représentait la mémoire d'un défunt. Cependant, en voyant mes proches mourir tour à tour sans que le nombre d'étoiles n'augmente, j'ai compris que mon hypothèse était fausse.

Étant plus paumée que jamais je ne l'avais été dans ma vie, je pris le temps de décortiquer tous les passages récents de celle-ci, passant de mes ressenties à mes envies, de mes actes à leurs conséquences.

Mon agression. Qu'elles étaient ses conséquences? Ce stress constant, cette peur de revivre ce qu'il s'est passé, ces insomnies nouvelles, cet attachement soudain pour Lucia.

Lucia. Ce que je ressentais pour elle restait un mystère même pour moi. Je ressentais bel et bien une attirance envers elle, il m'était désormais impossible de le nier avec tout ce qu'il s'était passé entre elle et moi. De l'amitié, certainement pas. De l'amour.. je ne le savais pas. Étais-je jalouse de ce "Nolan"? Certainement! Comment peut-elle me tenir la main le matin, et bien sûr qu'elle sait que nous ne sommes pas seulement amies, et dans l'après-midi se mettre avec un jeune homme et me l'avouer toute heureuse?

Elle me sortait par les trous de nez cette fille, sans parler de ce message Instagram que je venais tout juste de recevoir! Elle finira par me rendre chèvre.

Lucia.gmz: Tu dors?

Je peux me jeter du huitième étage pour dormir à tout jamais et ne pas avoir à répondre à ton fichu message si besoin.

Un second message vient après ma total ignorance face au premier.

Lucia.gmz: J'ai envie de te voir..

Suite au culot de cette affirmation, je me résignai à lui répondre, agacée et blessée.

Alicia.hrms: Tu n'as pas plutôt un petit copain à inviter?

Lucia.gmz: Je t'en pris tais-toi. Habille-toi chaudement, je suis devant chez toi.

Alicia.hrms: Qui t'a dit que j'allais venir?

Lucia.gmz: Ose me faire croire que tu n'en meurs pas d'envie.

Elle avait complètement raison, je voulais la voir moi aussi, même si j'avais du mal à me l'avouer. Je me rendis dans mon salon pour mettre mon manteau ainsi qu'une écharpe blanche et troquer mes pantoufles contre une paire de chaussures avant de porter un regard dans l'œil de bœuf de ma porte pour vérifier la présence de ma voisine. J'ouvris la porte et pris soin de la refermer derrière moi pour voir une Lucia emmitouflée dans une grosse doudoune. Son sourire s'agrandit en me voyant lui faire face.

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