Voilà deux semaines que nous avons "capturé" Simon et il n’a pas ouvert la bouche, rien, nada. L’hiver a déjà bien pris place en France, il commence même à neiger en plein mois de novembre, une première depuis des années. Avec mon démon, nous sommes allés faire du patin à glace, chaque année durant cette période, une patinoire extérieure est installée sur la place de la République. Beaucoup de monde y va, et elle est prisée des jeunes lors des week-ends, c’est pour cela que j’ai eu l’envie d’aller patiner, bien que j’en faisais étant plus jeune, j’avoue que j’ai un manque énorme de pratique en la matière.
—Allons louer des patins, proposé-je en lui montrant le stand du menton.
—Tu as toujours de drôle d’idée ma belle. On aurait pu se faire un ciné, ou je ne sais pas moi, un truc dans un endroit chaud.
—Ne râle pas s’il te plait, tu as choisi la dernière fois, c’est à mon tour. Et puis tu devrais avoir l’habitude des basses températures, alors ne te plains pas.
—Ah, j’ai compris, tu me punis pour le coup des boutiques c’est ça ?
—Pas du tout. C’est juste que ça fait un moment que je n’en ai pas fait et l’occasion se présente.
J’avoue, je ne suis pas totalement honnête, bien sûr que c’est une vengeance, une toute petite, pour la raison énumérée. Nous demandons donc des patins à nos tailles et mon… je ne sais même pas comme je dois l’appeler au final, paye pour nous deux. Installés sur l’un des nombreux bancs disponibles, j’enfile la paire à ma taille, me mets debout pour tester mon équilibre puis mon Incube fait de même et nous entrons enfin sur la glace. Nous effectuons un premier tour de piste pour trouver notre rythme, je vois bien que Grisha a du mal, il y va très doucement alors que j’en suis à la moitié du tour de patinoire, je retourne vers lui et reste à ses côtés.
—Bordel, ça faisait longtemps.
—Je dois t’avouer un truc, prononce-t-il peu sûr de lui.
—Tu n’en as jamais fait n’est-ce pas ? demandé-je.
—Niet, jamais, et ce n'est ce qui était dans mes préoccupations à cette époque.
—Tu ne m’as jamais parlé de ta jeunesse. Je ne te force à rien mais j’aimerais en connaitre plus sur ce qui a fait que tu es devenu l’homme d’aujourd’hui. Je sais que lors de notre premier rendez-vous tu m’as dit certaines choses, mais pas tout.
—Ça ne me dérange pas mais c’est vrai que je n’en discute jamais, le seul au courant est mon meilleur ami et second Dimitri, tu le rencontreras quand nous rentrerons à Moscou.
Je hoche la tête, ensuite il me narre son histoire avec Dimitri, il m’explique qu’il a été dans un des multiples foyers qui se situent dans la capitale russe, il me parle aussi des nombreuses galères auxquelles il a dû faire face, de sa rencontre avec Dimitri et de leur recrutement dans un petit gang moscovite qui fusionnera avec l’organisation une fois que mon grand-père lui passera les rênes. Au bout de deux heures sur la glace à tourner en rond, nous sortons puis nous rendons les affaires. Chaussés, nous allons au Starbucks qui se trouve rue du petit Paris. Une fois entrés, je commande un cappuccino et lui un café qu’il paye également, on s’installe à une table en attendant que le type nous appelle.
—Je dois dire que faire du patin à glace a été une sacrée expérience.
—Tu m’épates, tu n’es pas tombé une seule fois, rétorqué-je. Mais ça m’a fait très plaisir de le faire avec toi.
—Moi aussi, murmure-t-il en se penchant et en remettant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille gauche. Tu patines très bien je trouve, pour une nana qui n’en a plus fait depuis plus de dix ans.
Il m’embrasse et j’en perds le souffle, je peux entendre le mec nous appeler mais rien n’y fait, je suis dans un monde où seul lui peut m’emmener. Il s’écarte trop vite à mon goût, je halète et lui sourit, il se lève pour récupérer nos commandes et revient à notre place. Nous parlons de choses et d’autres le temps de finir nos boissons chaudes, puis nous repartons au club car le soir commence à tomber sur la ville. Une fois rentrés, nous sommes allés prendre une douche et nous changer avant de passer à table avec les autres, Grisha continue toujours ses petites attentions envers moi sous l'œil mauvais de François mais il s’en fout totalement et lui montre franchement que désormais, il en sera ainsi.
Pour le cadet de la famille Vidal, nous avons laissé le MC se charger de l’interrogatoire mais il n’a pas ouvert la bouche, nous l’avons alors cuisiné à notre tour, ce qui nous a donné le même résultat. Je dois tout de même tirer mon chapeau à sa ténacité, il n’a desserré ses lèvres à aucun moment. Résultat des courses, on a fait chou blanc et c’est ce qui me met les nerfs à vif. Plus le temps défile et plus on prend le risque que les choses dégénèrent pour Irina. Je décide donc de descendre une dernière fois dans la salle de jeu pour lui faire enfin cracher le morceau.
—J’aimerais bien savoir pourquoi tu n’enlèves pas toute ta panoplie, me dit-il.
—On va faire un marché alors. Tu réponds en toute franchise à mes questions sans que j’aie besoin d’en venir à l’extrême et je retirerais ma capuche.
Il prend le temps de me contempler longuement, si j’avais été une personne plus sensible, j’aurais certainement été mal à l’aise devant son regard fixe. Manque de peau pour lui, je ne suis plus l’ado qu’il a connu jadis. J’arque un sourcil pour lui faire comprendre que son petit jeu ne fonctionne pas sur moi, il soupire avant de reprendre :
—Hum… C’est tentant comme proposition, vraiment hein! Mais je me dois de refuser, je ne suis pas une balance et puis quel genre d’homme d’affaires je serais si je dévoilais les noms de mes clients ?
—Un homme d'affaires, tu es sérieux ? C’est ce que c’est pour toi la vente d’enfants ? grogné-je.
Il hausse les épaules de façon dédaigneuse comme si ça ne le touchait pas, bon sang, mais comment le jeune garçon que j’ai connu a pu devenir cet homme-là ? Simon est ou plutôt était la personnification de la joie et la bonne humeur, il a toujours gardé le sourire même quand ça n’allait pas du tout, mais là, c’est un être froid, arrogant, hautain.
—J’avoue être surprise, pour quelqu’un ayant grandi avec des valeurs comme celles de ce club, je ne t'imaginais pas aussi implacable.
—Tu ne sais rien de moi ni d’eux, crie-t-il. Ce sont les personnes les plus hypocrites, les plus fausses et ne parlons même pas de leurs soi-disant valeurs à la con. C’est de l'esbroufe tout ça.
—Pourquoi es-tu autant en colère contre eux ? De ce que j’ai pu comprendre, toutes les personnes ici sont une grande famille. C’est comme ça que vous vous appelez entre vous, des frères, non ? demandé-je sous un ton faussement surpris.
—Une famille n’aurait pas banni l’amour de ma vie sous le témoignage erroné d’une pute, hurle-t-il.
Je suis choqué, l’amour de sa vie ? Un rire sort de ma bouche sans que je puisse le retenir, je ne le savais pas amoureux le bonhomme, je reprends déconcertée :
—L’amour de ta vie ? N’est-ce pas présomptueux de ta part de dire ça ?
—Elle était tout pour moi, j’ai toujours essayé de la protéger du mieux possible, d’être présent pour elle, le roc sur lequel elle pouvait s’appuyer quand elle en avait besoin.
—Tu parles de qui au juste là ? Parce que ce n'est pas qu’on s’éloigne du sujet, mais un peu quand même.
—Yéléna Morel Dimitrov, ma meilleure amie. C’est risible non ? J’étais en mission quand c’est arrivé, je n’ai pas pu lui dire au revoir ni lui dire ce que je ressentais. J’ai pourtant cherché à la joindre, mais j’ai appris qu’elle avait quitté le pays. Et ce débile de François, lui qui disait l’aimer, mon cul !
Je reste abasourdie, bah ça alors, il m’en bouche littéralement un coin, depuis tout ce temps il m’aimait d’un amour avec le grand A, tandis que moi je le voyais comme un frère. Je sens une petite pointe de culpabilité en moi en pensant que je l’ai mis dans le même panier que les gars du club. Je suis scotchée, mais je me dois de continuer mes questions :
—Tu veux me faire croire que c’est pour une nana que tu as fait tout ça ?
—En partie, mais bon, que souhaites-tu que je te dise d’autre ? Je ne dirais rien de plus de toute façon.
—Comment crois-tu que cette Yéléna réagirait si elle savait ce que tu faisais ?
C’est un comble de parler de moi à la troisième personne quand même ! Il hausse à nouveau les épaules et se tait. Le voyant se refermer sur lui-même, je décide de remonter à l’étage pour discuter avec Raphaël, je n’en tirerais rien de plus de toute façon. Je ne peux pas croire qu’il ose dire que c’est pour moi qu’il le fait. J’ai le sentiment qu’il me met ça sur le dos, tandis que je n’y suis pour rien dans tout ça. Oui, c’est vrai j’aurais pu l’appeler ou lui écrire, mais comment aurais-je fait avec tout ce qui m’est arrivé à cette époque ?
En revenant dans la salle principale, mes yeux trouvent ceux de Raph, il convoque tout le monde à la chapelle et une fois tous en placent, il frappe son marteau, je commence alors :
—Bien, je reviens de ce que vous appelez une salle de torture, sur notre affaire il n’a pas vraiment desserré les dents, il joue parce qu’il sait que les trois-quarts d’entre vous n’oseront jamais lui faire trop mal. Mais, je sais comment tout ça a débuté.
—Dis-nous tout, m’enjoins à continuer Raphael.
—Mon bannissement.
Un silence se fait alors pendant environ cinq minutes je dirais, puis des insultes et autres résonnent dans la pièce, ça va du plus surpris au plus outré (mon géniteur par exemple). Non mais franchement, il pensait vraiment que personne ne pourrait prendre ma défense dans le club ? Qu’il n’y en aurait pas un seul pour contester leur décision ? Bien que le fait qu’il le fasse me réchauffe un minimum le cœur, je ne suis pas prête à lui pardonner ce qu’il a fait et ce qu’il est devenu.
—Comment ça ton bannissement ? demande Ruslan.
—Comparé à certains, il n’a jamais douté de moi parce que comme la plupart d’entre vous, il me connaissait. Je tiens à rajouter pour vos cerveaux atrophiés, tous les coups pendables que j’ai fait, je ne m’en suis jamais cachée, et oui j’en ai déjà tabassé pas mal des brebis, mais je n’aurais jamais atteint cette limite. En revanche, ne croyez pas que je ne le ferais pas aujourd’hui.
Et là le silence règne de nouveau en maître, certains baissent les yeux, d'autres fixent un endroit. La gêne est de mise dans la salle, même ce chien de William n’a pas ouvert son blyah de clapet. Je suis sûre que Raphaël a lu le dossier et qu’il en a fait part aux autres pendant une réunion lorsque j’étais en bas. Oh non je ne m’attends pas à des excuses, ni rien venant d’eux. Le mal est fait et rien ne pourra changer cela.
Le téléphone de mon amant se met à sonner ce qui en fait sursauter plus d’un. Il arque un sourcil et décroche :
—Da ?... Tu en es sûr ?... D’accord, on part, prévient le pilote du jet de se tenir prêt pour demain, annonce-t-il.
Il raccroche et nous regarde Yliria et moi avant de déclarer que nous rentrerons à Moscou.
—Ivan a réussi à craquer les dossiers de Simon, il y a deux pistes probantes dont je vous parlerais plus en détail une fois dans le jet, nous dit-il en russe.
Nous acquiesçons et nous levons tous les trois pour aller préparer nos affaires, récupérées dans la maison que mon démon a revendue. Je file dans la chambre que j’occupe avec mon étalon et m’attèle à la tâche. Je n’entends pas la porte s’ouvrir, mais je sens une main se poser sur mon épaule droite, dans un automatisme ahurissant je m’empare de cette intruse pour tordre le bras de l’inconnu qui n’en est pas un. Sa douleur est telle qu’il serre les dents à fond pour ne pas hurler.
—Blyah, mais tu es con ou tu le fais exprès François ? J’aurais pu te casser le bras merde tu fais chier, crié-je en le relâchant.
—Putain, y aller doucement c’est trop te demander ? Je suis venu te parler de quelque chose.
—De quoi exactement ? éructé-je sur les nerfs.
—De notre fils.
Je lui fais un signe de la main pour qu’il poursuive tout en continuant mon rangement.
—Je veux sa garde!
—Je te demande pardon ? grogné-je en tournant lentement la tête vers lui.
—Tu as très bien entendu ce que j’ai dit, écoute il sera plus en sécurité ici au club. Avec toi, il ne l’est pas, putain Yéléna tu es Morana, tueuse pour la mafia russe et recherchée par plusieurs gouvernements du monde entier et je ne veux pas qu’il grandisse avec ce genre de principe.
Je suis scotchée, interloquée, stupéfaite, et je pourrais citer d'autres qualificatifs du même genre. Mais pour qui se prend-il pour jouer à Monsieur Morale ? Une colère sourde envahit mon corps mais pour ne pas tuer le seul héritier potable de Raph, je fais tout pour garder mon calme et mon sang-froid.
—De quel droit oses-tu me dire ça ? Tu te permets de faire des recherches sur ce que je fais et tu t'avises TOI de me critiquer par rapport à ça ? Rappelle-moi ta place au sein du club déjà ? Ah oui, tu es sergent d’armes, ce qui veut dire que tu fais exactement comme moi.
Je lui débite tout ça sans avoir repris ma respiration, je n’en reviens pas qu’il ose faire ça. Alors je poursuis :
—Toi tu veux la garde de mon bébé ? Tu ne connais même pas son prénom, tu ne sais rien de lui et tu me dis que tu souhaites avoir une place dans sa vie ? Désolé de te l’apprendre François, mais lui ne veut rien savoir de toi ou du club.
Il reste pantois devant moi, les bras ballants, les joues rouges de colère. Dans le plus grand des calmes, il reprend :
—Ecoute-moi bien Yéléna, sa place est auprès de moi, il sera le prochain président quand je prendrai ma retraite. Si mon fils n’est pas près de moi dans les trois mois qui viennent, tu iras au-devant de représailles.
Et là je comprends où il veut en venir, ce n’est pas pour rien qu’il désire la garde de Lev, je rêve, plus tordu tu ne peux pas faire sérieux.
—Et tu crois m’impressionner avec ton air de gros dur et ta voix rauque ? Tu me fais rire, sa place sera là où il le voudra, je ne forcerais jamais mon fils à aller à l’encontre de ses choix tu m’as bien compris? Et avant de me menacer, n’oublie pas qui tu as en face de toi.
Pour appuyer mes dires, sans qu’il ne le voie venir, je lui saute à la gorge (oui j’aime bien que voulez-vous), ma lame posée contre sa peau et moi positionnée dans son dos alors qu’il est toujours debout. Il se débat, nous fait cogner contre les murs et l’armoire pour parvenir à me déloger, mais plus il se démène, plus je fais en sorte que mon arme s’incruste dans son épiderme jusqu’à ce qu’un filet de sang commence à couler doucement jusqu’à son tee-shirt. Il s’arrête de gigoter et respire fortement en levant les mains en signe de capitulation, la porte s’ouvre avec fracas et s'encastre presque dans le mur. Ainsi débarque mon frère, Grisha, Yliria et Raphaël. J’en profite pour affirmer ma domination physique sur lui en prenant une touffe de ses cheveux dans ma main gauche, avant que les empêcheurs de tourner en rond ne m’obligent à le relâcher.
—C’est quoi ce bordel ? Hurle ce dernier.
—Ton fils me menace, moi, de représailles si je ne lui accorde pas la garde du mien.
—Pardon, grogne Grisha. Il veut quoi ?
—Lâche le Yéléna, il a compris, me demande Raph.
Je retire ma lame en soupirant de frustration et je l’expulse dans les bras de Ruslan qui le réceptionne sans problème. Mon ex appose un tissu sur sa jugulaire pour stopper le doux écoulement de son sang pendant que moi je souris telle la sadique que je suis. Mon Incube me rejoint et m’entoure de son bras pour me coller à son torse dur et puissant. Si je pouvais, je ronronnerais de bien être, alors je sais que je me répète mais il a vraiment le don de me calmer.
—Tu ne t’approches plus d’elle ni de ma famille, est-ce que c’est compris ? Tu n’as aucun droit sur elle ni sur le petit, et ce depuis que vous l’avez expulsée de vos vies, lui balance Grisha.
—Juste pour savoir, demande Yliria. Connais-tu au moins le prénom de ton fils ? Quoi ? Ne me regardez pas comme ça, c’est une simple question, si papi grincheux est au courant ce n’est peut-être pas le cas du fils “prodige”.
Un long silence s’ensuit et moi je ricane parce que ce n’est pas par amour pour Lev que François le veut en France, c’est d’une part pour assurer sa place de prochain président quand Raphaël se retirera des affaires ce qui ne devrait pas tarder, mais aussi m’enlever la personne qui compte le plus pour moi. J’ai conscience que c’est mesquin, mais c’est du François tout craché il me fait payer le fait d’être avec un autre homme que lui.
—Ce n’est pas ta famille que je sache le buveur de vodka, mais la mienne, Yéléna est et sera toujours mienne quoiqu’elle en pense et qu’elle dise, renchérit-il.
—Tienne ? Tu as cru que ma femme était un putain d’objet ou quoi ? s’énerve mon chevalier noir en le pointant du doigt. Depuis qu’on est ici, tu fais tout pour me mettre hors de moi, maintenant ça suffit, toi et moi on va régler ça tout de suite!
—Grisha, il ne sera pas un problème, et toi, prononce Raphaël en se tournant vers son fils. Je te rappelle que tu es toi aussi pris, putain ne commence pas on en a déjà parlé et tu étais d’accord avec ça.
—De quoi parles-tu Raph ? demandé-je.
—Nous avons besoin du soutien d’un autre club, mais on ne peut pas se permettre de payer des milliers d'euros pour ça alors le président du leur et moi, avons trouvé une solution qui convient à tout le monde. Et au crétin ici présent aussi, nous raconte-t-il.
—C’était avant qu’elle réapparaisse papa, et tu le sais je t’en ai parlé, énonce mon ex.
—Et nous n’allons pas revenir sur ce que je t’ai répondu à ce moment-là, tu prendras Samantha en tant que régulière et tu le feras avec le sourire, on s’est compris fils ?
Il se tait, me regarde une dernière fois, je vois dans ses yeux que pour lui ce n’est pas fini, et disparaît de la chambre suivi par mon frangin.
—Je suis désolé Yéléna, pour ça mais également pour ce qu’il s’est passé il y a treize ans, se repent le Président.
—Je me fous de tes excuses Raph, mais je n’ai pas oublié ta demande et je lui en parlerais. En revanche, comme je connais Lev, pas sûr que sa réponse vous plaise à Sabine et toi.
Il acquiesce et s’en va lui aussi, je soupire et pose une main sur le torse de mon mâle alpha pour l’apaiser au mieux alors que lui me serre fort contre lui.
—Bien, je vous laisse terminer, moi je dois encore faire mes bagages, nous informe Yliria.
—Parce que depuis tout ce temps tu n’as toujours pas commencé ? demandé-je surprise.
—Niet, répond-elle simplement en sortant de la chambre.
—Vivement demain qu’on rentre enfin chez nous me dit mon ours grognon en mettant son visage au creux de mon cou. Je veux que tu saches une chose Yéléna, tu comptes vraiment pour moi et Lev aussi, je ferais tout pour vous protéger, quitte à donner ma vie.
—Je pense que ça a été la période la plus longue de ma vie. Je ne serais pas mécontente de rentrer. Je te crois quand tu me dis que tu feras tout pour nous, je t’avoue que j’ai peur, ce que je ressens avec toi je ne l’ai jamais ressenti auparavant, pas même avec François. Je vais terminer ça d’accord ?
—Tu as besoin d’un coup de main ? m’interroge-t-il sans rebondir sur ce que je viens de lui confesser et je l’en remercie.
—Non, j’ai déjà mis des vêtements de côté pour demain, le reste est dans les valises, je réponds en l’embrassant.
—Bien, bien, alors qu’allons-nous faire en attendant ? me demande-t-il avec un sourire goguenard.
—Hum, on peut faire une autre sortie, je ne t’ai pas montré tous les endroits que je connais de Metz et te faire découvrir un peu plus la ville. Qu’en penses-tu ?
—J’avais autre chose en tête pour tout avouer, répondit-il en embrassant mon cou.
Je gémis, faible femme que je suis entre ses bras, une de ses mains se pose sur l’un de mes seins tandis que l’autre prend la direction de mon pubis caché sous mon jean. Ses dents raclent mon pouls avant d’aller taquiner le lobe de mon oreille droite, bon sang je suis trempée et je commence un mouvement de balancier avec mes hanches pour plus de frictions de sa main.
—Mais tu as raison, sortons et continuons à visiter ton ancienne ville.
—Quoi ? crié-je. Krachenko, reviens ici tout de suite. Merde ne me laisse pas comme ça, ou je te jure les pires tortures de la vie.
J’ai beau m’égosiller, il sort de la chambre en riant, mais quel connard sérieux, je vais devoir me finir seule.
—Et interdit de te servir de tes doigts pour te faire jouir, prononce-t-il à travers la porte. Sinon je te punirais en conséquence.
Je lance une de mes chaussures sur cette dernière en hurlant de frustration, blyah c’est la première fois qu’on me la fait celle-là. Mais il veut jouer alors allons-y, je ne serai pas la seule à ressentir la privation. Je me dirige vers ma valise et regarde à l’intérieur, mais rien d’extra qui pourrait le rendre fou, réfléchis Yéléna, réfléchis bon sang… Mais oui !!!
Putain comment je n’y ai pas pensé, je sors de la chambre et pars vers celle d’une des brebis qui vit ici, Pixie si je ne dis pas de conneries. Je toque comme une folle, mais c’est une question de vie ou de mort (je l’avoue quand même pas, mais faut bien sauver mon honneur, vous n’êtes pas d’accord ?). Elle ouvre et me regarde surprise, je la pousse pour entrer.
—Pixie, j’ai besoin de toi, clamé-je.
Merde, j’en suis réduite à ça, franchement qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour rendre fou de désir un homme.
—C’est Cassie, riposte-t-elle.
—Désolée les prénoms et moi ça fait deux (oh la vilaine menteuse que je suis !). J’ai une urgence vestimentaire et je te demande ton aide.
—Euh, t’es au courant qu’on ne se fringue pas pareil toi et moi? Ce n’est pas comme si tu en avais besoin, François te court toujours après, de même que le beau gosse russe.
—Je m’en tape de François et c’est justement pour mon mec, tu sais le beau gosse russe, grogné-je. Bref, est-ce que je pourrais t’emprunter une jupe et un haut s’il te plait ?
On se fixe du regard pendant au moins deux minutes, elle croit que je n’ai que ça à foutre de ma vie ou quoi ? Elle baisse les yeux et soupire avant de se diriger vers son armoire, elle en tire une jupe plissée violette et un top noir qui m’arrivera au-dessus du nombril si mon estimation est bonne. En même temps je ne vais pas faire la difficile hein, je ne vais pas commencer à ouvrir ma grande bouche. Je me répète qu’il me faut ses fringues comme on répète un mantra.
—Tu en as besoin pour quoi exactement ? me questionne-t-elle.
—Le rendre fou comme lui le fait, tu n’as pas la nécessité d’en savoir plus, je réponds en prenant les habits de ses mains. Merci, je te les redonne demain promis.
Je sors de la chambre en vitesse pour aller dans la mienne et me changer, on va voir qui de nous deux va être excédé par une envie soudaine. J’enlève mes vêtements en gardant ma lingerie et enfile la jupe et le top emprunté, le résultat est juste, je ne sais pas comment me décrire. On dirait une brebis mais avec largement plus de classe. Bon la jupe on ne peut pas faire plus court sinon s’en est même plus une mais un petit bout de tissu, et le top comme je l’avais annoncé, m’arrive au-dessus du nombril. Je vais me geler les miches mais c’est pour une bonne cause, heureusement que j’ai un manteau adapté à la température hivernale. On n’oublie pas les chaussures, je ne vais pas y aller sans mes bottes, je les adore, surtout qu’elles sont fourrées en laine de mouton, je ne vous explique pas le bonheur pur pour mes pieds.
Je descends pour rejoindre mon démon frustrateur (je sais ça ne se dit pas, mais m’en fou), ce n’est pas moi qui aura mal en marchant ça c’est sûr. Arrivée sur le palier qui donne à la salle commune un silence se fait, alors que je mets dans mon sac mon téléphone et mon portefeuille. En levant les yeux une fois en bas, je remarque que les leurs sont posés sur moi, mais aucune trace de mon Incube, il est où ce crétin encore.
—Vous voulez des jumelles, peut-être ?
—Blyah, elle veut ma mort c’est pas possible, j’entends derrière moi.
—Med, je te cherchais, déclaré-je avec un rictus.
—C’est quoi ça ma belle ?
—Tu n’aimes pas ?
—Pas vraiment, je ne sais pas si ça se voit mais je bande dorogoy, chuchote-t-il. En plus je vais casser des bouches et surtout celle de ton ex.
—C’est le but mon chéri, alors imagine cette si grosse verge à l’étroit dans ton pantalon pendant qu’on va se promener, lui murmuré-je à l’oreille. Et pour le reste, je m’en tape comme de l’an quarante, ce n’est pas pour eux.
—Ozornaya ved'ma.
—Merci.
Nous avons visité les rues du centre-ville de Metz, en passant par la place Saint Louis, au centre Saint Jacques, pour finir au bar boire un coup sur la place Saint-Jacques, Yliria n’étant pas venue avec nous, nous avons profité du fait d’être seuls pour en apprendre toujours plus l’un sur l’autre. Que je me les caille, mais quelle idée de me mettre une tenue pareille bordel ? Non, ne me répondez pas, je le sais !
—Là c’est la cathédrale Saint-Etienne, précisé-je une fois arrivés sur la place d’Armes. Et le bâtiment derrière c’est la mairie, euh… quoi que non, ils l’ont changé d’endroit ?
—Et là-bas c’est quoi dorogoy ? me demande-t-il en me montrant une rue sur notre gauche.
—Tu vois le gros édifice au fond ? C’est le musée de la Cour d’Or, on y trouve toute l’histoire de Metz depuis sa création si je ne dis pas de connerie. J’y ai travaillé il y a longtemps.
—Ah bon ? Tu as travaillé là toi ?
—Oui ce n’est pas mon géniteur qui allait me payer mes études de compta, que j’ai d’ailleurs abandonnées au passage, dis-je en haussant les épaules. Ne fait pas cette tête med, ça fait partie du passé OK ?
Il soupire tout en me prenant les épaules de son bras pour me coller à lui, nous décidons après plusieurs heures de marche et parce que j’ai mal aux pieds, attention, j’adore mes bottes mais clairement elles ne sont pas faites pour une marche intensive, de retourner au club pour notre dernière nuit en France. Nous avons mangé en route, et nous nous apprêtons à nous coucher demain, ce sera certainement une longue journée et du travail nous attend encore.
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Yelena l'amour dans le sang (en auto édition)
ActionBannie par son père, Yéléna, jeune femme de dix-huit ans, n'a d'autres choix que de quitter son pays natal pour rejoindre la Russie où vivent sa mère et son grand-père. Treize ans plus tard, elle a totalement changé de vie et elle s'est reconvertie...