⌛Sablier :

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J'observe 60 secondes.

60 secondes embouteillées.

Une petite bouteille de plastique immonde,

contenant tout juste assez de sable pour 60 secondes bien comptées,

est apposée devant moi,

sur une basse table en bois.

Dès lors le haut vidé,

je le retourne

et avec lui le monde bascule

me laissant vaguement incrédule,

un peu morne,

surtout creusée.

Creusée par le doute,

par l'inquiétude et l'appréhension,

que le temps ramasse au fil de sa création.

Je ne suis qu'une âme attendant d'être absoute.

Je n'ai pas envie de passer les reste de mes jours dans la souffrance,

vive lancination des erreurs que j'ai accumulées sablier après sablier.

Il se vide encore,

je le renverse à nouveau,

essayant vainement de gagner du temps mort.

Mais je sais que c'est idiot.

Surtout par minables coups de soixante,

quelle idée grimaçante.

Un sablier ne fait que verser,

 jamais il ne donne.

Il indique mes maux exposés,

sans jamais changer la donne.

Il ne fait que lire une fraction de temps,

un bon total de 60 secondes préréglés.

Il ne peut pas me faire voyager,

ni me glisser les secrets importants que j'attend.

Un autre tour de sablier,

toujours aussi peu efficace,

car ça n'est pas assez pour me faire oublier,

pas assez pour effacer tout se qui me tracasse.

Je n'ai plus envie de rien.

Mais je tiens,

accrochée comme si le monde était mien,

comme si sans moi l'histoire prenait fin.

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199 mots.

Bercée dans la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant