I. Pour qui sonne le glas

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[ Black Beauty - Lana Del Rey ]

Denver, Colorado
23 janvier

Natalia

— Liam, c'est encore moi ! Ça doit être le cinquième message que je te laisse, mais bon comme tu n'es pas fichu de répondre, je pense que tu t'en fous ! Si tu ne voulais pas sortir ce soir, tu n'avais qu'à me le dire, au lieu de m'abandonner comme une vieille chaussette moisie devant la salle de concert ! Si tu veux que l'on continue à se voir, il va falloir que tu trouves une bonne excuse et que tu te rattrapes, putain ! J'en ai marre que l'on me prenne pour une idiote !

Je raccrochai et claquai la porte de l'appartement en soupirant avec rage. Je retirai mes bottes que je lançai dans un coin. Je constatai que les lumières étaient éteintes et que la télé était en veille. Romane devait s'être couchée de bonne heure.

Je défis mon écharpe et posai mes clés ainsi que mon téléphone sur le comptoir de la cuisine. J'étais frigorifiée. Si je me réveillais avec un rhume demain matin, j'étais prête à appeler mon père pour qu'il le retrouve à ma place, alors que je le détestais. Mais depuis la Russie, il devait bien avoir un ou deux contacts prêts à menacer ce connard et lui faire regretter de m'avoir abandonnée dans le froid, toute seule, à l'autre bout de la ville. Ce n'était pas un quartier dangereux, mais quand même, il s'agissait toujours de Denver.

Je secouai la tête. Ce n'était pas le moment idéal pour penser à lui, ni à mon pays natal et encore moins à Liam. Il était plus d'une heure du matin, j'étais exténuée et j'avais envie d'un thé. Et d'un bain.

Après avoir mis de l'eau à bouillir, je me dirigeai dans ma chambre. Sur mon lit, l'ordinateur que j'avais abandonné à vingt heures avant de partir me narguait. Je n'avais pas terminé ma dissertation et mon professeur n'allait pas tolérer mon retard. Je n'aurais pas dû sortir ce soir.

Liam n'est même pas venu.

Les mecs.

Ça ne sert décidément à rien et ça n'attire que des problèmes.

Je soupirai théâtralement. Je saisis une veste en pilou que j'enfilai et revins sur mes pas. Je jetai un coup d'œil dans le couloir, et constatai que la porte de la chambre de Romane n'était pas fermée. Je fronçai les sourcils.

En ce moment, elle restait à la maison pour éviter de déraper et tenter ses parents qui voulaient la mettre dans un hôpital psychiatrique. Lorsqu'elle sortait, elle se rendait chez Sacha ou au cimetière, cela limitait les tensions. Parfois, ils venaient lui rendre visite, mais elle essayait de les limiter.

Lorsque je l'avais quittée ce soir, elle regardait un film sans vraiment le voir. Je m'étais promis de ne pas rentrer tard pour ne pas la laisser seule trop longtemps. C'était sans compter le goujat qui me servait de petit ami et qui m'avait promis de ne pas être en retard.

Encore un mec qui ne tient pas ses promesses.

J'arrivai sur le seuil de sa chambre.

Elle n'allait pas bien. Elle écrivait, elle réfléchissait, elle pleurait en pensant que je ne l'entendais pas. Mon cœur battait la chamade, parce que j'avais peur de la trouver inanimée sur le lit.

Dans ce cas, que devais-je faire ? Appeler les flics ? Ses parents ? Non, l'hôpital.

Je repoussai la porte qui grinça.

Je pénétrai dans la pièce assombrie par l'obscurité, mais éclairée par les lampadaires de notre rue.

Je remarquai aussitôt son lit vide. Son bureau était encombré. Une bougie terminait de brûler, elle ne l'avait pas éteinte.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 10 ⏰

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LES ALKA-VAYN, TOME 3 : Où que tu sois je te vengeraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant