L'étrange Lou

Chapitre 2: Je ne peux pas!

Lou avait réfléchi toute la nuit à ce mystérieux adversaire. Alors comme ça lui aussi contrôlerait l'eau malgré  son apparence humaine? La jeune fille savait que pour la première fois de sa vie elle devrait user de ses pouvoirs pour remporter la victoire. Pour la première fois, un pincement d'adrénaline parcourait sa poitrine, pour la première fois elle devrait se battre par tout les moyens, pour la première fois... Elle avait un adversaire a sa taille...
Dehors la foule beuglait plus que jamais et les parieurs vidaient leur poches sur l'issue de ce combat. Le propriétaire de la jeune Lou se planta devant celle ci et lui parla d'un ton dur mais serein :
- C'est presque un humain, pas de botte secrète, pas d'arme secrète, aucune surprise, tu va l'avoir. Mais n'oublies pas que ce soir c'est un combat à mort.
Sur ces mots il partit rejoindre les gradins tandis que la cloche résonnait.
Lou craqua ses doigt et entra dans l'arène, on aurait dit que tout allait s'effondrer sous les acclamations. De l'autre côté, la herse se leva et un homme quadragénaire pénétra dans l'arène. Il avait un regard d'un bleu glacier éclatant mais durcit, comme usé par une souffrance trop longtemps endurée. Ses muscles saillants lui donnaient une allure de combattant aguerri et ses cheveux châtain clair luisaient au soleil comme de l'or.
Lou, elle, ne se laissa pas intimider et se mit en position.
Un sourire narquois sur les lèvres, l'homme fit apparaître un trident d'eau aux pointes acérées, la fillette en perdit un peu de sa confiance et cela empira au fur et à mesure que l'homme s'avançait vers elle. Elle recula, mais l'arène, sans échappatoire, la contraignit à s'arrêter. L'homme couru alors vers elle, brandissant son trident. Résignée à riposter par les grands moyens, la fillette tendit ses bras devant elle et un puissant jet d'eau sorti alors des petites paumes de Lou qui envoya rouler son adversaire. Celui ci se releva quelques secondes plus tard sans une égratignure.
Son expression cruelle avait changé, l'homme paraissait tout à coup désemparé. L'homme fit disparaître son trident et s'approcha de Lou, la main tendue vers elle. Elle ne comprenait rien et regardait son adversaire d'un oeil méfiant lorsqu'elle l'entendit murmurer:
- C...c'est...c'est bien toi?
Ses yeux semblables à ceux de la jeune fille paraissaient à présent larmoyant... de bonheur. La foule s'interrogeait sur ce mystérieux comportement tandis que l'homme s'approchait de Lou. Il fini par poser sa main rude mais chaude sur la joue de la petite fille.
- Lou States... Reprit-il. Ma chérie... Ma petite fille, mon enfant...
- Excusez moi, à quoi jouez vous? Dit elle intriguée.
L'homme la serra dans ses bras sans qu'elle ne puisse rien faire.
- Papa est là... Je ne te perdrai plus...
Lou tremblait a l'entente de ces mots, ces yeux, ce visage familier, ces pouvoirs identiques... L'adversaire qui lui avait été attribué aujourd'hui n'était autre que son père... Ses petites mains se crispèrent alors dans les vêtements de son géniteur retrouvé.
- P..pa...papa? La voix de Lou était entrecoupée par les remontée de sanglots. Cette scène émouvante fut rapidement interrompue par les hurlements mécontents du public. Bientôt, la sécurité et d'autres monstres accourraient dans l'arène. D'instinct l'homme se plaça devant Lou pour la protéger, fermant les yeux pour se concentrer il leva la main et d'immenses vagues se formèrent, de l'eau affluant des quatre coins de l'arène, et en envahirent l'espace clos. Lou et son père nagèrent jusqu'à la sortie la plus proche pendant que le public évacuait les lieux en se marchant les un sur les autres. Une fois au sec, il coururent jusqu'aux portes de la ville. Là, un homme les attendait . Arc bandé, flèche prête à voler, ce chasseur de prime s'apprêtait à abattre la petite fille déboussolée. Il décocha sa flèche. Son père eut juste le temps de s'interposer et recevoir le coup fatal... Lou, dans un cri  déchirant, regarda son père s'effondrer et fermer les yeux lentement, une main crispée sur l'objet qui lui transperçait la poitrine tandis que son propriétaire la tirait en arrière par le bras sans écouter ni voir les pleurs de la petite fille dévastée...