Chapitre 5

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Mi-novembre, c'était la dernière ligne droite avant les vacances de Noël, la période des conseils de classe et bientôt celle des rencontres parents-profs. Pourtant, la seule chose dont tout le monde parlait, c'était des phénomènes extraordinaires qui faisaient la Une de tous les journaux télévisés et des flashs spéciaux incessants sur les chaînes d'info en continu. Le schéma était toujours un peu le même. Quelqu'un filmait une jeune fille qui sauvait un cycliste imprudent sur le point de se faire écraser par un bus en le téléportant quelques mètres plus loin, ou une adolescente qui renversait une bétaillère sur une aire d'autoroute pour libérer des vaches en route pour l'abattoir, ou une autre encore qui balançait un passant agressif contre un mur et le maintenait en l'air avec juste ses deux mains levées.

Sur les plateaux télé de toutes les chaînes, les experts se succédaient pour débattre du caractère paranormal ou non de ces phénomènes. Deux camps s'affrontaient à coup de théories parfois scientifiques, parfois fumeuses, mais au fil des jours, un consensus finit par s'établir. Certaines adolescentes avaient développé des pouvoirs. C'est le moment que les politiques choisirent pour remplacer les scientifiques dans les médias. Ils avaient tous quelque chose à dire sur ces jeunes filles extraordinaires et la panique commença à monter. Ils présentèrent à longueur d'interviews des scénarios apocalyptiques où des teenagers incontrôlables, terrorisaient et assassinaient la population à la moindre contrariété. Bref , ça devenait du délire.

- En plus, c'est complètement injuste, s'indignait Eva à chaque fois que le sujet revenait sur le tapis. Si vous regardez bien, elles n'ont fait que des choses positives. La plupart d'entre elles sauvent des gens et on les traite de criminelles qui pourraient tuer par caprice !

- C'est vrai, ils reviennent toujours à cette fille qui a mis le feu à son collège et qui répète qu'elle n'a pas fait exprès. C'est sûrement vrai ; d'ailleurs, elle n'a jamais recommencé pour autant qu'on sache, souligna April.

- Je me demande ce qu'elle est devenue, s'interrogea Astrid. On parle de ce qu'elle a fait, mais jamais d'elle, en fait.

- Il y a un bruit qui court... hésita Rosalia. C'est une cousine au lycée qui m'a partagé une vidéo... Ils disent que le gouvernement l'aurait « escamotée », c'est le mot qu'ils emploient, pour faire des expériences sur elle. Et sur d'autres, qui ont disparu aussi.

- C'est un peu complotiste, quand même... C'est un être humain, ils auraient pas le droit, non ? La rassura Lucie, pas très sûre d'elle.

- Tu as raison, ils n'ont certainement pas le droit, affirma Kitty, avec le Convention des Droits de l'homme, et tout. Mais on ne sait jamais, je continue à dire qu'il faut que vous restiez super discrètes.

- Oui, mais si on fait un truc sans le faire exprès, nous aussi ? Ou s'il y a quelqu'un qui va mourir, là devant nous, et qu'on peu faire quelque chose pour le sauver ?

- Arrête de t'inquiéter, Astrid, lui fit remarquer sa jumelle, ça te fait changer de visage tellement vite que tu deviens presque floue.

La jeune fille porta les deux mains à son visage pour le cacher, affolée.

- OK, OK, je sais ce qu'on va faire, l'apaisa Kitty en posant une main rassurante sur l'épaule de sa cadette. Je vais vous entraîner pour que vous maîtrisiez ce que vous faites.

- Oui, super idée, s'enthousiasma Eva. Et si on a besoin d'intervenir, un jour, on se protégera les unes les autres. Avec tous les pouvoirs qu'on a, a nous toutes, je suis sûre qu'on trouvera toujours le moyen de s'en sortir ensemble ! Super Girls Power !

- Super Girls Power ! Lui répondirent les autres à mi-voix, mais les yeux brillant à pleine puissance.


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