j'y repense, et c'était comme une évidence, nous deux posées dans l'herbe face au ciel, comme deux êtres insensés. on était que des humaines.
l'existence aurait pu se réduire à ça, simplement ça, toi et moi au milieu de l'univers, des pâquerettes dans les yeux, des traces vertes sur nos jeans et nos coudes endoloris. la vie aurait pas été si mal.
oubliés les lames de rasoirs et le rouge sous la douche, le rouge entre les cuisses, le rouges quand nos yeux se rendent aveugles et que les pétales se déchirent. oubliés les salons noirs et les miroirs, les cris dans la nuit et les anges de l'enfer.
trois pissenlits et quelque pâquerettes, oiseaux euphoriques et soleil brûlant. d'un coup, la vie était une évidence, la réponse à l'attente sans fin, une finalité heureuse.
j'aurais voulu estomper le temps, l'attraper et le coller dans une de ces vitrines figées auxquelles il ne faut jamais toucher. imaginer toute une vie sans nuages, loin des blasphèmes venant des plus hautes fenêtres.
entre pâquerette et pissenlits je me dis que c'était beau, c'était une évidence ces deux filles heureuses et cette après-midi de printemps
