🌿 CHAPITRE IV | RICHARSON 🌿

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Je me dirigeais d'un pas assuré vers l'aile réservée au Droit en suivant les panneaux directionnels qui m'indiquaient le chemin vers le petit amphithéâtre qui nous était réservé. Point de rendez-vous pour cette première journée.

J'avais croisé quelques étudiants qui m'étaient familiers et nous nous étions salués brièvement d'un hochement de tête poli. Ils nous arrivaient de nous entrevoir lors de diners mondains ou œuvres de charités et nos échanges ne se résumaient ni plus, ni moins qu'à de brèves banalités autour d'un verre, près d'un buffet garni. Qu'est-ce que je pouvais détester ces conversations vides.

Après avoir passée les immenses portes de l'amphithéâtre, je rejoignis bien vite l'un des sièges, m'asseyant à quelques rangées de l'estrade centrale où déjà nos chers enseignants étaient présents.

Plusieurs personnes étaient déjà installées devant moi, à plusieurs sièges en contrebas, même si en trois ans, je n'avais jamais vu tous les sièges de cette salle occupés. Avec les quatre années confondues de droit et si vous comptiez quinze élèves par cycle, on arrivait facilement à une soixantaine d'étudiants pour une pièce comptant une centaine de sièges. Un amphithéâtre par licence, ce qui nous fait en tout une capacité de quatre cents sièges pour un total de deux cent quarante élèves.

Oui, je m'ennuie tellement que je fais des calculs inutiles dans ma tête.

Pourquoi faire des salles aussi grandes me direz-vous ? Le luxe très cher, tout simplement. Toute cette université empestait le luxe. Des amphithéâtres jusqu'aux matériels d'entretien. Et ne me demandez pas les montants déboursés par an pour notre scolarité, vous ne me croiriez pas... Soixante mille dollars. Quoi ? Je vous avais prévenus.

Un faible bourdonnement résonna dans mes oreilles, en raison des murmures de certains élèves et du brouhaha des autres tandis qu'ils prenaient place dans la salle.

Silencieuse, je me contentais d'observer mes camarades qui arrivaient par petits groupes, bien à l'abri derrière mes lunettes teintées qui filtraient la lumière artificielle de la salle. Je massais doucement mes tempes de mes doigts, cherchant à apaiser légèrement mon mal de tête, qui semblait s'être solidement incrusté dans ma boîte crânienne.

Les premières années semblaient être arrivées les premières. Un bloc-notes à portée de mains et un ordinateur portable déjà ouvert posé sur leur pupitre. Assises dans les premières rangées, rigides et silencieuses, semblant même légèrement agacées par le comportement de leurs aînées. Tout comme ces premières années qui ne pouvaient pas s'empêcher de prononcer de temps en temps des « ssht ». Je me languissais de vous voir lors de nos premières soirées étudiantes, pauvres âmes innocentes.

Après trois ans passés dans cette université, j'ai pu constater certains étudiants gagner en assurance - même un peu trop - habitués aux lieux. Leur timidité excessive des débuts avait complètement disparu, et cela était clairement visible dans leurs discussions animées.

Pendant que je surveillais attentivement ces âmes innocentes qui seront bourrées dès leur première soirée étudiante, je ressentis une sensation désagréable et inconfortable qui semblait provenir de quelques rangées en contrebas. En cherchant le responsable de mon inconfort, je fus intriguée par les cinq paires d'yeux braquées sur moi. Leur regard était si lourd qu'il en devenait presque insupportable. Je me sentais affligée par ce comportement, me faisant la réflexion que chaque année, c'était la même chose.

Deux élèves de troisième année étaient en pleine discussion avec de nouvelles recrues et leur sujet principal, je vous le donne en mille, moi. C'est vraiment dommage que la discrétion ne soit pas au rendez-vous.

EAGLES BAY | After you, nothingness | TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant