Promesse

Introduction : Le grand père et le petit fils.

Depuis sa chambre, une petite pièce encombrée de nombreuses caisses métalliques posées sens dessus dessous, un jeune enfant de moins de dix ans joue avec une IA munie d'une conscience à un jeu de guerre sur la console, une bataille spatiale. Se taquinant l'un et l'autre, l'enfant et l'IA passent plusieurs heures ainsi jusqu'à ce que celle-ci lui informe que son grand-père le demande. Alors qu'il était tout heureux, le visage du garçon marque une touche de mélancolie. Sacha, l'IA, lui dit que c'est urgent. L'enfant va donc retrouver son grand-père et arrivé à son chevet, le garçon lui répond;

Grand-père, comment vas-tu aujourd'hui ?

La chambre de ce dernier est située juste à côté de celle de l'enfant mais étant gravement malade, il ne peut se lever, bouger ni même élever la voix. Passant toutes ses nuits à se reposer, à gémir de douleur et à se languir de son état, ses journées sont d'un difficile sans nom. Survivre, c'est tout ce qu'il peut faire mais vivre, lui est impossible. Seulement, ce qui le réjouit, c'est son œuvre. Sacha , l'intelligence artificielle, est l'accomplissement de sa vie, sa création. Elle a été optimisée de sorte à être présente sur tous les appareils électroniques de l'endroit, du vaisseau spatial dans lequel ils se trouvent.

A bord, seuls le grand-père et le petit-fils cohabitent ensemble. Se sachant gravement malade depuis une dizaine d'années, il avait commencé à se créer une IA, à la perfectionner et à lui donner une singularité. Aujourd'hui, elle et son fils l'aident dans bien des besoins. D'ailleurs, il se ravit de sa création, avec deux garçons dans ce vaisseau, ajouter une voix féminine apporte une touche de douceur, de délicatesse. Chose que son petit-fils n'a pas.

Apporte moi une bière bien fraîche s'il te plaît. Je voudrais que tu me la ramènes et que tu me fasses mon plat préféré. Cela peut être prêt dans 30 minutes ?

Papy, mais tu sais bien que tu n'y as pas droit. Tu dois te reposer.

Ne me fais pas répéter.

Mais papy, tu ne peux pas.

Azola, dépêche toi et obéis !

Azola, le petit garçon quitte la pièce et part préparer ce que lui a demandé son grand-père. Vexé et dans l'incompréhension, il se plaint auprès de Sacha. Il ne comprend pas pourquoi il devrait faire quelque chose de si stupide, papy ne devrait pas manger cela, ce serait dangereux pour sa santé alors pourquoi, oui pourquoi ? Sacha lui répète les mots ; Azola, obéis à ton grand-père.

Tandis que Azola prépare le repas avec l'aide de Sacha qui l'assiste, le grand-père lutte pour se redresser sur son lit. Cela l'irrite au plus haut point de ne pas pouvoir jouir de ses forces. Il maudit la vieillesse, sa maladie et surtout ses poumons dont la crise d'asthme blesse l'usage. Pourrait-il y avoir une chance qu'il soit guérit ? Serait-ce trop demander ? Pourrait-il être entendu ? Est-ce Ton choix ?

Les 30 minutes passées, Azola revient avec le plat et une boisson. Mais sous cette délicatesse perçait son désaccord que rendent perceptibles ses soufflements agacés . Le grand-père assis contre l'oreiller le remercie et lui demande de manger avec lui.

Azola, ...tu t'es amélioré, c'est très ...bon. dit-il en haletant.

Ne mange pas trop vite grand-père.

Espèce de... petit effronté, pour qui ...me prends-tu ? Ne ...sais-tu pas ...que je suis un sur-homme ?

Oui grand-père, tu as raison, tu as raison. Mangeons. répond t-il, voulant le ménager.

Le grand-père sent bien que son petit-fils ne le croit pas, mais que peut-il faire hormis regarder avec peine ce petit incrédule. Ce serait se mettre à son niveau que de tenter de le convaincre, et puis zut, autant manger ce délicieux riz sous son coulis de sauce tomates aux oignons et ses bananes plantains coupés en carré accompagné d'un poisson. [...] Après avoir fini son repas bien après Azola qui est resté là, se tournant les pouces sur cette caisse métallique, le grand-père lui demande son âge.

Quel âge as-tu ?

Pourquoi me poses-tu cette question ? Tu le sais non ?

Sous le regard rouge de son grand-père, Azola comprend de suite et lui répond. Il a 9 ans.

Est-ce que tu travailles tous les jours avec Sacha sur le manuel de ce vaisseau ?

Oui, tous les jours.

Connais-tu toutes les pièces de ce vaisseau ? Si oui, combien y en a t-il ?

Il y en a 13 et oui, je les connais toutes.

S'il y a quelque chose que tu ne sais pas faire, que tu connais pas, comment fais-tu ?

Je demande à Sacha.

Très bien. Est-ce que tu lis le livre tous les jours ? Converses-tu tous les jours avec Lui ?

Non, grand-père, pas tous les jours.

Apprends à le faire !

Pourquoi ces questions, grand-père ? dit-il surpris.

Le grand-père souhaite lui répondre mais une crise vient subitement le prendre. La douleur est si intense qu'il croirait vomir ses organes. Sa poitrine l'empoigne avec violence, comme si un homme écrasait sa poitrine. Son petit-fils ne peut rien faire à part le regarder dans la souffrance.

Plus tard, sa crise s'estompe. Azola veut le coucher mais celui-ci refuse car las de se trouver ainsi. Le vieil homme lui dit de rester avec lui encore un peu de temps.

J'aimerais te parler de tes parents.

Le regard de l'enfant s'emplit d'émotions. Ses parents ? Lui qui n'a connu que son papy, lui qui demandait chaque jour à ce qu'on lui parle d'eux, lui qui avait perdu ses parents décédés.

Azola. reprit-il. Je vais te raconter une histoire, notre histoire. Grave cela dans ta tête et ne l'oublie jamais. C'est la raison pour laquelle toi et moi naviguons dans cette immensité ténébreuse. Il y a 7 ans de ça, lorsque tu n'avais que 2 ans, tu vivais avec ta mère et ton père. J'ai été soldat et ton père aussi, nous vivions dans ce que l'on appelle un vaisseau conteneur de la taille d'une ville. Cette ville c'est l'Agora. Tes parents se sont mis dans de gros problèmes sans prendre conscience de ta sécurité. Tu étais en danger de mort. Et quand j'ai décidé de quitter cet endroit, je t'ai pris avec moi. Il est donc possible que tes parents soient encore en vie. Mais ne cherche pas à les retrouver.

Les larmes aux yeux, Azola se met à pleurer. Ce n'est pas tant ce que lui dit son grand-père qui le rend si triste mais plutôt ce que cet enfant redoute. Pourquoi lui dire tout ça maintenant ? À quand remonte la fois où il tenait de si long discours ?

Azola, en ayant tout perdu de celui que j'étais, j'ai gagné un deuxième fils. Je suis reconnaissant de t'avoir avec moi. Tu ne réalises pas tout le bonheur que tu m'apportes. Et malgré ton jeune âge je reconnais que tu es spécial. Oui tu l'es vraiment. Maintenant, entends mes derniers mots. Loin au delà d'ici, tu trouveras une terre qui t'accueillera. "Si tu suis le chemin, si tu écoutes Celui qui parle, tu la trouveras certainement." C'est la promesse qui a été faite à notre lignée et je crois qu'elle est pour toi, mon fils.

Voici donc les derniers mots de cet homme, et avec le cœur apaisé, il s'en est allé sans douter en lui même que son petit ne sache pas se débrouiller seul. Malgré les larmes que l'enfant verse, il saura se relever et faire face aux épreuves.

Suivant les instructions de son défunt grand-père, l'orphelin débute ainsi une nouvelle vie.