EXTRAIT

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Paris, Jardin des Tuileries, entre 23H00 et 1H00 du matin, mois de Mars

Une fois plongé dans le noir obscur du tunnel, Arthur aperçut des ombres qui s'immobilisèrent immédiatement, collées aux parois des murs. Des silhouettes cherchant à s'effacer, s'auto-détruire, faisant qu'un avec la noirceur du mur. Sur le coup, le jeune homme ne comprit pas !

Puis, des faisceaux de lumière provenant des bateaux mouches glissant sur la Seine, éclairèrent par intermittence le tunnel. Arthur vit de ses propres yeux un spectacle loin d'être ordinaire : une dizaine d'hommes attendaient silencieusement contre les deux pans de mur. Ensuite, quand les lueurs des bateaux disparurent, les hommes reprirent leurs actions. Arthur s'approcha furtivement d'un petit groupe d'hommes agglutinés aux uns les autres. Un homme était agenouillé pour sucer la bite d'un homme tout en branlant le sexe d'un autre quand un troisième inconnu lui tripotait ses fesses complément nues.

À la vue de cette orgie, Arthur fut à la fois écœuré et excité. C'était la première fois qu'il voyait des mecs baisaient entre eux, à part sur des films pornos qu'il matait en scred sur son téléphone portable. Certains mecs râlaient de plaisir lorsqu'ils étaient sur le point d'éjaculer. D'autres inconnus s'embrassaient à deux ou à plusieurs mélangeant leurs fluides. C'était un véritable baisodrome à ciel ouvert. À certains endroits du tunnel, cela sentait grave le foutre ou pire la pisse que les clochards avaient laissé avant de déguerpir. Arthur prit un certain temps avant de s'acclimater à l'ambiance vicieuse de ce lieu dépravé. Néanmoins, il résista à l'envie de partir. Les effluves, nouvelles pour lui, l'écoeuraient. Cependant, le spectacle de ces corps dénudés, faisant librement l'amour l'excitait au plus au point. Arthur, 19 ans, beau garçon aux origines franco-irlandaises, corps athlétique et cheveux d'encre noire, devait savoir à tout prix s'il aimait embrasser un homme, aimer lui faire ou qu'on lui fasse ce qu'il voyait sous ses yeux.

D'ailleurs, n'était-il pas venu à Paris pour connaître cet instant de vérité ?

Cette fois-ci, il ne se contenterait pas d'un regard insistant comme celui qu'il avait donné quand il lui avait dragué pour la première fois un mec.

Il se souviendrait toujours de la honte qui l'avait envahie comme une épée acérée transperçant son secret. Il avait à peine 16 ans. La tentation était plus forte que la raison de se taire. Détourner ses yeux au lieu qu'ils se posent sur le corps d'un homme. Refouler sa passion dévorante comme un feu follet incontrôlable.

C'était à la piscine municipale d'Angers. Il était venu avec sa sœur et une de leurs amies. Ils passèrent du temps à jouer à leurs jeux favoris : plongeons, nages en apnée, poirier sous l'eau. Le chlore commença à piquer les yeux d'Arthur.

Après une bonne heure de joyeux défoulement, le jeune lycéen se posa au bord de la piscine et son regard se posa sur un groupe de garçons. Ces derniers riaient et s'amusaient. Il étaient largement plus âgés que lui par leur carrure : ils devaient avoir entre 20 et 25 ans tandis que Arthur en avait 16. Soudain, une émotion au plus profond de son être le saisit lui parcourant son corps, son esprit, sa raison.

Il avait déjà connu cette sensation à quelques reprises auparavant. Mais là, dans cette piscine, le charme opéra : il ne put détacher son regard sur le groupe d'adolescents et en particulier sur le garçon le plus âgé de la bande. Il avait la tête rasée, un collier en argent autour de son cou et une petite boucle d'oreille. Son corps était magnifique, musclé comme Arthur les aimait. Il craquait et fantasmait sur leur plasticité. Jamais il n'avait connu une telle émotion.

Il en devenait presque fou et pour la première fois de sa vie, il cherchait à draguer ouvertement le mec en le matant à chaque fois que celui-ci plongeait ou remontait l'échelle du grand bassin. Leurs regards se croisèrent plusieurs fois. Les yeux d'Arthur furent aimantés au corps du mec jusqu'à l'instant où ce dernier s'approcha de lui avec un accent de banlieusard en le menaçant : « Qu'est-ce tu veux ? Pourquoi tu me mattes comme ça ? T'es malade ou quoi ? Sale Pédé. »

L'ESPION D'UN AUTRE GENRE - TOME 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant