Ariane était assise sur le sol sec du rocher de Crète tenant le bout du fin fil rouge toujours le laissant volé au vent. Les vagues se brisaient de dessous d'elle dans un vacarme incessant.
Elle avait réussi, certes dans l'ombre mais le plus important était que Thésée était sorti du Labyrinthe grâce à elle. Mais quelle importance maintenant qu'il était parti. On lui avait répété qu'il ne fallait pas faire confiance aux héros, qu'ils finissent toujours par quitter leurs proches pour accéder à leur destin et la garantie d'une célébrité immortelle, presque plus précieuse que l'immortalité. La garantie de rester à jamais dans les esprits, dans les écrits. Enfin était-ce vraiment le cas de Thésée, lui qui était partit avec Phèdre, sa jeune sœur.
Cruel Thésée.
Toute force l'avait quitté, les larmes coulaient comme une rivière intarissable. L'amour est passion et la passion est la souffrance, ça, elle le savait. Elle ferma les yeux, s'imaginant glisser de cette falaise. Tout serait terminer. Elle se leva et s'approcha du bord, sous elle ne se trouvait que des roches pointues où les hautes vagues venaient se briser. Ariane ferma les yeux et se laissa tomber. La chute ne dura que quelques secondes avant que l'eau ne claque violemment contre son dos. Elle ne lutta pas contre la mer Egée et s'y enfonça doucement, regardant les dernier rayons du soleil disparaitre. Quand Hélios disparut, elle ferma les yeux.
Une main attrapa violemment sa jambe, puis une autre, encore une. Elle se retrouvait bientôt accrochée de toute part, sentant des dizaines d'ongles s'enfoncés dans sa peau. Elle ouvrit les yeux et distingua des ombres, des bouts de brume ayant une forme vaguement humaine qui s'accrochait à elle comme des vautours sur une carcasse. Elle avait quitté l'eau pure et clair de la mer Egée et baignait dans un liquide noir gorgé de ces âmes. Elle comprit très vite où elle se trouvait. Le fleuve des Larmes, la torture des âmes errante criant leur peine dans une symphonie d'horreur.
Les Enfers l'avait accueilli en leur sein.
Elle se retrouvait maintenant dans ce tourbillon d'ombres qui tentaient d'atteindre la surface. Mais ces mains restaient accrochées à ses bras et l'emmenaient dans les profondeurs de ce fleuve sans fond. Soudain, un rideau de lumière traversa l'eau trouble. La silhouette d'un chien se dessina. La bête nagea vers Ariane et coinça le col de sa tunique entre ses crocs. La bête lutta contre les ombres en la remontant vers la surface. La princesse réussit à sortir sa main de l'eau et quelqu'un la saisit et la sortit de l'eau avec une facilité déconcertante.
Ariane releva les yeux. Une femme se tenaient devant elle, grande et belle. Ses cheveux bruns étaient tressés dans son dos. Son chien s'était assis à ses pieds après avoir effectué sa mission. Son arc doré rayonnait dans son dos comme une torche dans la nuit.
-Artémis. Souffla Ariane, bouche bée.
-Ariane, descendante du Soleil. Salua poliment la déesse. Suis-moi, altesse, nous avons à parler.
La déesse lui tourna le dos mais la jeune blonde resta sur place, observant le monde des Enfers. Le froid lui glaçait les os. Tout était laid. Le soleil était noir, l'air irrespirable. Des hommes décharnés traversaient le fleuve qui l'avait accueilli il y a peu et se laissait happés par ce tourbillon d'âme.
-Ariane. Appela Artémis. Je n'aime pas trop rester ici, donc si tu pouvais me suivre...
-Oui.
Elle courut un peu pour rattraper la divinité et put ainsi l'observer de plus près. Elle ressemblait à une simple femme bien qu'on distinguait son sang divin par ses yeux teinté de lueur dorée.
-Que vas-tu faire de moi? Demanda Ariane.
-Pour l'instant, t'emmener dans un endroit plus propice à la discussion. Artémis se tourna et tendit sa main. Ferme les yeux et prends ma main.

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Ariane
ParanormalLe fil d'Ariane, fin fil de laine qui sauva Thésée du Labyrinthe. Un stratagème simple et pourtant si intelligent. Mais qui se souvient du sort d'Ariane, cette pauvre princesse abandonnée sur une falaise de Crète, son fiancé déjà loin dans un navire...