Chapitre I

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Le domaine du clan Azai était grand et mal entretenu. Le bois usé tenait bon malgré son âge. Les portes coulissantes étaient dans un état convenable bien que quelques trous soient à déplorer dans la toile. L'intérieur était épuré malgré la présence de quelques taches sur les murs. La jardin intérieur bourdonnait de vie et il y avait cette aura mystique qui collait si bien à la peau de l'image que l'on se faisait du jardin japonais. Reposant, zen mais mystique.La chaleur de Juin se faisait sentir et les quelques courants d'air frais qui passaient étaient une vraie bénédiction pour le corps des occupants du clan Azai. Assis en seiza, une femme et un homme dans la fleur de l'âge d'un coté faisaient face à une adolescente. A leur droite et gauche respective, se trouvait le chef de la famille. Il y avait une tension dans l'air. La position qu'ils arboraient était parfaite. Le chef de la famille pris la parole, c'était une vieille femme aux traits ridés. Sa voix était désincarnée et son visage figé dans l'austérité de l'âge.

« - Tomoe, te voilà grande mon enfant. Tu portes sur tes épaules à la fois notre nom, notre héritage mais aussi notre avenir. Tu n'es pas nous mais nous serons ce que tu feras pour ton avenir. Dans l'honneur comme dans la lâcheté, nous nous en remettons à toi car nous t'aimons et te faisons confiance. Demain sera rude car tu nous quittes pour revenir plus forte. »

Tomoe baissa la tête en signe de respect à son aînée. Cette dernière se leva silencieusement en marchant vers un râtelier où étaient exposés un Katana, un Wakizashi et un Tanto. Délicatement, elle souleva les sabres en les rangeant dans un coffret de rangement en soie, un pour chacune des armes. Elle y glissa des sacs en coton brodé du kamon du clan Azai. Puis amena chacun des coffres à Tomoe qui les reçut en silence, la tête toujours baissée mais fière de porter ces trésors inestimables.

« - Tomoe, ma fille tu me rends fière. Libère ton potentiel, ne laisse pas l'arrogance s'immiscer en toi et rouiller tes os et tes articulations. Cultive ton âme, ton esprit et ton corps. Prouve ton existence et ta valeur et comme la chenille qui se transforme en papillon, fait nous rêver par la beauté des ailes dont tu hériteras. »

La voix de Kyouka Azai tremblait légèrement. L'émotion d'une telle situation était si puissante. Sa petite fille, Tomoe, reçut Réminiscence des trois âmes ( 三魂的回憶 (Sān hún de huí yì) ), le nom donné au kit. La légende raconte que chacune des armes aurait été forgé puis maudit pour la fondatrice du clan Azai. Elle désirait que 3 âmes incomplètes y soient scellées, de telle sorte à ce que le Katana représente l'esprit divin ou l'âme 神 (Shén) ; le Wakizashi, le cœur-esprit 心 (Xīn) - et le Tanto, le corps physique 体 (Tǐ). Il est difficile de comprendre ce que le terme "âmes incomplètes" signifie, mais pour Tomoe, il s'agissait d'âmes déséquilibrées. Chacune était déterminée par son nom. De telle sorte à ce que le Katana ne soit jamais utilisé sans âme, que le Wakizashi soit toujours armé de la passion du cœur et que le Tanto soit l'incarnation qui au moment venu rappellera à notre corps, le sang versé. C'était la première fois en 150 ans que Réminiscence des trois âmes était transmise. Chacun avait revêtu son plus beau kimono pour célébrer le miracle qui s'était produit. La naissance d'un porteur de sort héréditaire et iné gravé dans sa chair. Le terme de naissance était peut être un peu exagéré car Tomoe était déjà âgée de 15 ans mais aujourd'hui elle allait passer un entretiens avec Masamichi Yaga, le proviseur de l'école d'exorcisme de Tokyo, et l'échec ne faisait pas partis des options de l'adolescente. Elle regardait son visage dans un petit miroir posé au sol de sa chambre, la transmission de Réminiscence (abrégé) était le signe que sa famille lui faisait confiance. Elle n'aurait pas d'autres opportunités. C'était maintenant ou jamais. Tomoe noua ses cheveux en arrière, en laissant tomber quelques mèches et plaqua sa frange afin qu'elle tienne au voyage. Jetant un dernier regard à son uniforme, un keikogi et un hakama noir taïwan, la brune hocha positivement de la tête, oui la tenue des épéistes était un bon choix d'uniformes. Mais en y réfléchissant bien, Tomoe ne comprenait pas exactement pourquoi passer un entretien avec le proviseur du lycée si elle avait déjà son uniforme personnalisé.

JUJUTSU KAISEN - Tomoe AzaiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant