Chapitre 1

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Je courais à en perdre l'haleine vers ma destination, le "coffee shop", où je travaillais. Encore en retard ! Cette fois-ci, mon boss ne va sûrement pas laisser passer. Depuis trois mois, je m'enchaînais aux boulots, mais chaque fois le même scénario : soit j'étais en retard trop souvent, soit j'avais des problèmes avec des clients. J'en étais même venu aux mains avec l'un d'eux. Je ne voulais surtout pas être viré une nouvelle fois.

Arrivé au "coffee shop", je sprintais vers l'arrière-salle des employés, mais je percutai en chemin... Mon patron !

"Lorenzo, c'est la quatrième fois que vous êtes en retard !" lança-t-il d'une voix forte et autoritaire. "Je vous ai embauché malgré votre misérable CV et vous osez venir en retard. Ceci sera votre dernier avertissement avant d'être viré."

"Excusez-moi", fis-je, figé, en baissant la tête.

C'était un homme assez grand, la quarantaine, les cheveux bruns, gras et épais, coupés court, avec une barbe et une moustache. Généralement, il était vêtu simplement, en pantalon noir et T-shirt à manches courtes bleu marine.

Moi, je me tenais devant lui, mes 1m70, épaules carrées, cheveux blonds, épais, mi-longs. Mes yeux bleu-gris, voire verts à l'occasion, ma mâchoire carrée. J'étais plutôt fin, habillé d'un pantalon bleu foncé, d'un T-shirt noir et d'un pull vert clair.

C'était l'hiver, donc le café était bondé de clients, nous servions toutes sortes de cafés, ainsi que des formules petit-déjeuner ou goûter qui permettaient aux clients de prendre leur repas simplement.

Mon rôle consistait à prendre les commandes des clients, normalement je leur donnais leur commande puis, s'ils voulaient, ils me donnaient un pourboire. Mais en fin de journée, alors que je rapportais un café à un client, celui-ci m'interpella. Je pensais peut-être recevoir un pourboire, mais à la place, il but son café d'un trait et me remit une mystérieuse lettre. Puis, sans dire un mot de plus, il paya son café et se leva pour s'en aller.

Cet homme à l'apparence mystérieuse avait disparu dans la foule sans laisser de trace.

Intrigué, je décidai tout de même de terminer mon service avant de lire cette fameuse lettre.

À la fin de ma journée de travail, en rentrant chez moi, je scrutai cette lettre. Elle avait l'apparence de celles qu'on voit dans tous ces vieux films : blanche, sans écriture autour, et pour seule fermeture, un bout de cire rouge avec comme insigne une plume pour bout aiguiser.

Cette lettre avait alimenté ma curiosité toute la journée.

Une fois dans mon appartement, je déposai mes affaires à la hâte, m'assis sur mon canapé, et, dans un élan d'une rapidité extrême, j'ouvris cette lettre et sortis la feuille qui s'y trouvait.

Cette curiosité était devenue si intense que je ne pus retenir un sursaut en lisant les premiers mots de la lettre.

"Bonjour Monsieur,

J'ai longuement réfléchi avant de vous choisir. À vos 8 ans, vous rêviez d'être un héros, un agent secret. Vous vouliez sauver le monde des méchants, vous croyiez en la justice. Mais malheureusement, vous n'avez pas pu réaliser vos aspirations suite à la mort de vos parents, que la justice a attribuée à un accident de travail. En réalité, ce sont ces mêmes personnes qui les ont tués.

Cependant, je connaissais très bien vos parents. Ils travaillaient justement dans mes services de recherche. Ils étaient spécialisés dans tout ce qui touchait à l'informatique... et... excusez-moi, je m'égare. Je vous expliquerai tout cela quand vous viendrez me voir. Pour l'instant, je voulais vous inviter à me rejoindre à l'Académie des Assassins. Je connais vos aptitudes sportives et intellectuelles. Le but de cette académie est de former des assassins pour rétablir la vraie justice dans ce monde. Si vous acceptez cette offre, vous serez mieux logé ici que là où vous vous trouvez actuellement. Nous reparlerons de tout cela demain.

Rendez-vous à la gare Saint Lazare à 6 heures.

La Plume Assassine"

J'étais sidéré, au point que cette lettre m'échappa des mains. Ces révélations m'avaient figé sur place. Je n'avais jamais partagé ces informations avec qui que ce soit.

Durant mon enfance, mes parents étaient assez distants de la famille, si bien que nous ne les croisions jamais, pas même lors du mariage de la sœur de mon père. Ainsi, à leur décès, je me suis retrouvé complètement isolé. À mes 15 ans, j'ai dû me débrouiller seul. À l'orphelinat, personne ne voulait de moi ; tous attendaient simplement que j'atteigne la majorité pour me rejeter comme un indésirable. S'est ensuivi une succession de petits boulots depuis trois mois.

Le logement que j'avais réussi à obtenir était misérable, insalubre, ancien. De l'eau coulait du plafond, le tapis d'entrée était plus proche d'un vieux chiffon. Les meubles étaient presque tous fissurés, voire avec des portes cassées. Le canapé était si délabré qu'il s'effritait presque au moindre contact. Toujours sous le choc, je décidais de me rendre à ce fameux rendez-vous, même si j'étais incertain quant à la véracité des affirmations.

Cette personne prétendait que mes parents travaillaient pour lui, alors même qu'ils ne m'avaient jamais parlé de leur emploi. C'était toujours un sujet tabou, et lorsqu'ils étaient confrontés à la question, ils l'évitaient habilement. Certes, je n'étais pas convaincu, mais je voulais obtenir des réponses. En vérité, j'avais aussi des doutes sur la nature de leur décès, car les autorités étaient toujours restées évasives à ce sujet. Un simple accident de travail, prétendaient-elles.

Avant, j'étais dans l'ignorance, aveuglé par le désespoir. Mais une fois que j'eus consenti, je revis la situation avec clarté. Ce qui me troublait, c'est que mes parents partaient pour travailler ce jour-là. Ils se rendaient précisément chez un ami. Cette pensée me tourmenta longtemps, mais à présent, j'espérais pouvoir enfin découvrir la vérité.

Je nourrissais l'espoir que tout cela soit authentique, et non un piège sournois ou une embuscade. Durant la nuit, je ne cessais de me réveiller. Cette lettre me hantait, et quand le cadran indiqua 5h38, je décidai de me rendre à l'endroit indiqué, prenant en compte le temps de marche de dix minutes.

Je marchais d'un pas pressé, et une fois sur place, quelque chose attira irrémédiablement mon regard. Sur les murs, une plume à la pointe acérée se détachait du reste du décor. Elle semblait indiquer une petite allée sombre.

À cet instant, j'eus un doute. Était-ce une erreur de me rendre là-bas ? Mais il était trop tard pour faire marche arrière ; tout retour en arrière signifiait un retard au travail et une possible mise à pied.

Malgré mes réticences, je me sentais contraint d'avancer. J'embrassai mon courage à pleines mains et m'engageai dans l'allée obscure. Je ne savais même pas si c'était le bon endroit, aucune indication précise ne m'avait été donnée, seulement l'heure et la gare. Mais la présence de la plume était un indice incontestable, semblable à celle de la lettre.

Une fois sur les lieux, un homme m'attendait, arborant un masque en tissu qui couvrait son nez et ses oreilles, évoquant une figure d'assassin ou de ninja. Il était revêtu d'une capuche noire et d'un simple manteau de même couleur. Il se fondait dans l'obscurité, sauf lorsqu'il disparaissait dans l'ombre lugubre.

« C'est toi Lorenzo ? » me lança-t-il d'une voix forte et rauque.

« Je crois bien. Et vous ? » répondis-je avec appréhension.

« Moi, je suis celui qui doit te conduire vers "La Plume Assassine". »

« Euh, que voulez-vous dire ? Et qui êtes-vous ? » demandai-je, à peine terminé ma phrase, sa main droite bondit soudainement vers mon cou. Mes yeux se fermèrent brusquement, mon corps se figea, devenant lourd, puis tout s'éteignit.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 20 ⏰

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