Eleanore

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Le bleu et violet de mes hématomes forment une couleur que l'on appelle l'indigo, il se fond parfaitement bien sur ma peau de couleur beige. Cette couleur foncée se mélange tellement bien avec cette couleur claire, que l'on pourrait croire à un dégradé reflétant la couleur du ciel un soir d'été.

Pourtant, ces si belles couleurs qui pourraient être peintes sur un tableau, ont pris place sur mon corps qui ne devrait pas être une toile pour accueillir ces couleurs. Mon corps ne devrait pas subir tout cela. Habituellement j'aurais aimé voir ces couleurs sur une feuille de papier, mais maintenant qu'elles dessinent une partie de ma vie sur mon corps je les déteste.

J'aurais aimé que tout ce qui se passe ne soit qu'apocryphe, que je me réveille de ce long cauchemar, que toutes ces douleurs ne soient qu'un mauvais châtiment que m'inflige mon esprit...

Encore une soirée où la haine a pris place face à l'amour, où la violence verbale n'était pas suffisante et a été remplacée par la violence physique. Évidemment, je n'ai rien pu faire, mon corps si frêle n'a su que se laisser abattre par l'animosité d'Aaron.

Je suis à nouveau seule dans cet appartement, plongé dans le noir, je ne veux pas allumer la lumière ne voulant pas être effrayé de mon propre reflet. J'ai tenté de frotter mes blessures semblables à de la peinture avec de l'eau, mais la douleur et la rougeur de ces dernières s'est propagées sur le reste de mon corps. C'est comme un venin, une fois à l'intérieur de l'organisme il n'y a quasiment plus aucun retour en arrière.

Mes larmes coulent sur mes joues rougies par l'émotion. J'ai beau être seule dans cette pièce, j'étouffe mes sanglots de mes petites mains fragilisées, ne voulant pas que mes peines s'échappent et rencontrent l'oreille d'une quelconque personne.

Toutes ces ecchymoses présentes sur mon corps le sont aussi sur mon cœur, tout comme les mots horribles que j'ai pu entendre de sa vive voix.

Je ne sais pas où est parti Aaron, il ne m'a pas prévenu comme les autres fois. Je me doute fortement de ce qu'il est probablement parti faire, mais mon cœur préfère rester dans le dénis.   Je ne sais pas si je serai capable de trouver le sommeil cette nuit, ces atroces souvenirs rongent mes nuits de sommeil.

La lumière de la lune éclaire l'intérieur de l'appartement toujours plongé dans le noir. Mon corps frêle n'a pas bougé depuis ce qu'il s'est passé. Je suis toujours assise sur le carrelage froid, contre le meuble de la cuisine. Je ne sais pas depuis combien de temps exactement Aaron est parti, j'ai complètement perdu la notion du temps.

Les morceaux de cristal du verre qu'il a lancé à côté de moi sont encore sur le sol. Par chance, je n'ai eu aucune égratignure. Je ne sais pas si son but était de me toucher ou non, de toute manière je ne préfère pas le savoir.

Son comportement m'effraie de plus en plus, mais je ne peux rien faire. Je dépends de lui comme un être humain dépend de l'eau pour survivre. Si je pars je n'ai aucun endroit où aller, je ne peux pas retourner chez mes parents et
je ne reçois aucune entrée d'argent pour me prendre un appartement. J'aimerais pouvoir compter sur ma meilleure amie, Ilona, sauf que tout me ramène toujours à lui...

Ce n'est seulement qu'au bout de quelques heures et bercer par mes sanglots que je réussis à trouver le sommeil, toujours assise dans cette maudite cuisine n'ayant pas la force de me lever.



***


Je viens d'arriver à l'université, c'est la première fois depuis que je suis avec Aaron que j'ai repris le bus. Il n'est pas rentré cette nuit, il ne m'a pas envoyé de message, je ne l'ai toujours pas vu depuis ce qu'il s'est passé hier. Je ne sais toujours pas où il est allé, tout ce que j'espère c'est de ne pas le croiser aujourd'hui...

Tears and memories [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant