Une nuit au Mena House... (2)

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Cette époque le dépassait... Elle était tellement à mille lieux de ce qu'il avait connu, voilà plus de 4500 ans, quand il avait été invoqué pour assouvir la soif démesurée de puissance de vils insectes humains, il se souvenait comment il les avait dupé. Et à ce jeu... Indéniablement, il était toujours aussi doué et roublard. 

Le Démon du Sang errait sans but, dans les ruelles étroites de la vieille ville, se disant qu'il avait peut-être commit une erreur stratégique en se débarrassant de Markino... Il ne reconnaissait rien... S'orienter dans les méandres de ces ruelles, était presque une souffrance pour lui... Trop de bruits, trop d'agitations, trop d'odeurs écoeurantes pour ses sens.

Son ample cape noir à capuchon suscitait, sur son passage, des réactions surprises et presque hostiles, pour certaines autres terrifiées. Il devinait les pensées de ces gens, il entendait parfaitement les murmures accompagnant ses pas. Sous son ample capuche, dissimulant en partie ses traits, son regard limpide se réjouissait que des mères de familles écartent vivement leurs enfants de son contact.

Quand Pharaoh et Markino étaient là pour le servir, ils lui avaient expliqués combien, les temps avaient changés. Ils l'avaient même vêtue de curieux vêtements, qui ne lui avaient pas plu du tout. Cela démangeait, il n'y avait aucun confort à porter d'aussi ridicules oripeaux contemporains. 

Tout en marchant, Hadis Sama se dit, que non, tout compte fait il n'y avait rien à regretter, rien, du tout... Car Markino et Pharaoh auraient de toute façon finis par être plus encombrants qu'utiles, le ralentissant dans ses projets. Il n'avait besoin que d'avoir confiance en son instinct, lui seul pouvait le guider dans cette métropole grouillante, pour retrouver et anéantir ses adversaires. 

Une nouvelle ère s'ouvrirait prochainement pour l'humanité, celle de son avènement! Tout ce que cette fourmilière humaine avait connu et construit, lui, d'un claquement de doigt, le pulvériserait et l'humanité serait réduite en esclavage. Ou à néant, selon son bon vouloir...

- Oranges! Oranges! Qui veut acheter de belles oranges! Elles sont juteuses et savoureuses! Oranges! Ce n'est que 3 penny la livre! Profitez en c'est une affaire!! Oranges! Oranges! S'époumonait à deux pas de lui, un jeune garçon d'environ huit ans, à l'air espiègle et à la chevelure à la nuance aussi colorée que les oranges qu'il proposait à la vente, dans un grand panier d'osier tressé qu'il portait à bout de bras.

Il ne ressentait ni la faim, ni la soif... Ces considérations n'étant encore une fois, à ses yeux, que bassement humaine, tout comme cette notion "d'argent"... Cependant, il saisit une orange sur le haut du panier et la contempla longuement.

- Hey! C'est pas gratuit! Si vous la voulez, faut sortir la monnaie m'sieur! Fit le gamin, les yeux frondeurs, une moue soupçonneuse sur sa bouille enfantine.

Levant à peine un regard vers le garçon, Hadis Sama fit surgir d'un coup dans l'air et du bout de son pouce, une pièce métallique. Celle-ci brilla en rencontrant l'un des derniers rayons de soleil de cette journée s'achevant et le garçonnet l'empocha d'un geste vif.

En ouvrant la paume de sa main, l'enfant vit qu'il avait empoché toute une livre sterling... Beaucoup trop de sous pour une seule orange! Et puis cela le mettait bien dans l'embarra, parce qu'il ne pouvait pas rendre la monnaie à ce bizarre acheteur, il avait pas assez dans la bourse en cuir pendant à sa ceinture...

- Ben... à ce compte, c'est l'panier entier que vous avez acheté! Et l'panier avec... Marmotta entre ses dents, le jeune garçon à la rousse tignasse, en croisant ses bras sous sa nuque, pour se mettre à siffloter nonchalamment.

EternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant