𝐿𝒶 𝓇𝑒𝓁𝒾𝑔𝒾𝑒𝓊𝓈𝑒❝ᵀᴼᵁᵀᴱ ᴾᴱᴿˁᴼᴺᴺᴱ ᴰᴱᵛᴿᴬᴵᵀ ᴬᵛᴼᴵᴿ ᵁᴺᴱ ᴿᴱᴸᴵᴳᴵᴱᵁˁᴱ : ᴸᴱ ᴾᴱ́ᶜᴴᴱ́ ᴰᴱˁ ᴹᴼᴵᴺᴱˁ ᵛᴱᴿᵀᵁᴱᵁˣ.❞
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Le train sifflait dans la gare. La fumée sortait de la cheminée. Les derniers passagers me bousculaient pour passer. J'attendais maman depuis un moment déjà.
Tout avait commencé après le repas du midi, comme une sorte de coutume. Une dispute, cette fois-ci bien plus violente, avait éclatée. L'un des éléments déclencheurs des querelles entre papa et maman, du moins le plus habituel, était une femme prénommée Violette. Cette dernière travaillait au secrétariat de l'usine où il était embauché. Ce que maman lui reprochait s'était de se laisser enticher par une femme bien trop jeune, encore naïve de la vie, sans expériences du monde, qui ne se comble que de bijoux et autres futilités. Quant à lui, il blâmait le manque de courage de sa femme, toujours perchée dans ses chaussures de ville, le nez fourré dans des plats sans saveur, une large robe aussi délavée que son visage. Elle répliquait toujours ; il n'était qu'un piètre mari, sali par le temps, bon à boulonner des voitures nageant dans des vêtements crasseux qu'elle nettoyait encore.
Il m'a toujours été difficile de les arrêter. Je préférais donc les écouter tandis qu'ils criaient toujours plus fort. L'un se plaignait constamment des mêmes choses, l'autre vociférait continuellement les mêmes excuses. Habituellement, au bout d'une trentaine de minutes, tout s'arrêtait. Mon père, par ses nasaux gras, humait profondément l'air de la pièce quand, le bruit de ses talonnettes sur le carrelage, celle qui m'avait appris à compter s'attelait à faire ce qu'elle maitrisait le mieux : nettoyer. Puis, toujours dans cette même ignorance du vacarme tantôt survenu, on me déposait une assiette de dessert sur la table, telle une convive. Alors, je dégustais le mets, une serviette sur les genoux, quelque peu tendue, dans cette gêne qui ne peut être ressentie que par l'enfant qui conçoit le malheur de ses parents.
Aucune sucrerie ne me fut servie aujourd'hui. L'insoutenable silence faisant suite au déluge n'avait, pour sa part, pas surgi. Seulement le claquement d'une porte, bien trop fort pour ne pas ressentir la crainte de ne plus jamais le revoir. Maman m'a regardé de ce qui brillait encore en elle, de ses grands yeux verts, presque suppliants. J'ai longtemps vu le verdâtre de ses iris s'embrumer jusqu'à ce jour ou plus rien ne crépitait, le vert s'éteignant comme un feu avec pour unique preuve de son existence une légère fumée grisonnante. Elle partit, de sa marche rapide, me laissant ainsi seule, face à une table vide, sans rien autour. J'avais faim.
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𝐌𝐄𝐋𝐀𝐍𝐂𝐇𝐎𝐋𝐘
General Fiction❉ ˡᵉ ᵗᵉᵐᵖˢ ᵉˢᵗ ᵗʳᵒᵖ ᵖᵉᵘ ᵖᵒᵘʳ ᵉ̂ᵗʳᵉ ᵗʳᶤˢᵗᵉ. « Le simple fait de finir une histoire qui nous a plu est contraignant. Et puis, j'ai beaucoup trop d'idées dans ma tête pour les laisser plané seul. Je préfère donc laisser cours à votre imagination pour...