Chapitre 9

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— Isabeau ! dit une voix derrière eux.

L'intéressée se retourna.

— Flavien ! s'exclama-t-elle. Quel plaisir. Et Azenor, ô quel bonheur. Espérons pour vous qu'un petit bonhomme soit pour bientôt. La maison crée de grands guerriers à ce que j'ai ouï dire, n'est-ce pas Flavien ?

La dénommée Azenor sourit.

— Je vous présente Aglaé, dit Isabeau tout sourire.

— Enchantée Aglaé, je me prénomme Azenor, j'ai vingt-et-un ans, je suis la fille du guérisseur et vous ?

— Aglaé, j'ai quinze ans, je suis la fille d'un membre du Conseil de mon village, le bras droit du Chef comme il se fait appeler.

— Vous venez de quel village ?

Jehane réfléchit. Elle tenta de se souvenir rapidement du village le plus éloigné.

— Je suis d'Oluja.

— Ah je vois très bien ! Dans l'Ouest du Royaume, magnifique !

— Vous connaissez Oluja, Sieur Flavien ? questionna-t-elle, cherchant à cacher sa panique grandissante.

— De nom, sourit ce dernier.

— Aglaé ? demanda Aloys.

— Oui Aloys ?

— Nous devrions peut-être, aller voir Mahaut, souffla-t-il.

— Oh oui, absolument !

Elle se tourna vers Flavien et Azenor.

— Veuillez m'excuser ce fut un plaisir que de converser avec vous.

Aloys attira à nouveau Jehane à l'écart de la foule, en direction de Mahaut cette fois-ci.

— Qu'est-ce qui t'as pris de mentir à ma mère ? chuchota-t-il.

— Je ne préfère pas dire qui je suis, on ne sait jamais, je...je veux rester et surtout ne pas m'attirer d'ennuis, répondit Jehane gênée.

Aloys la dévisagea. Il soupira, prit d'un élan de compassion et la serra dans ses bras. Jehane s'immobilisa. Elle était tendue. Étonné, Aloys la lâcha.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Je...je ne m'y attendais pas.

— Oh ! Excuse-moi je ne suis pas très direct ni très affectueux en temps normal mais je suis épuisé.

— Non, c'est moi je ne suis pas...très tactile. Personne ne montre son affection chez moi.

Les deux adolescents étaient terriblement confus. Un appel coupa court à cette gêne.

— Aloys ? questionna une petite voix.

Il se retourna.

— Mahaut ! s'exclama-t-il.

Les deux ados accoururent vers leur amie. Aloys s'assit près de la jeune fille et prit sa main.

— Elle va bien, assura le guérisseur, elle s'est simplement évanouie sous l'effet de la douleur de sa torsion.

— Tant mieux, assura Jehane.

— Vous êtes ? questionna le Sage tandis qu'Aloys effleurait le visage de Mahaut.

— Aglaé, je fais escale ici, enfin, si le Chef m'y autorise.

Le Sage regarda Aloys qui serrait fort la main de sa fille.

— Je crois que je vais vous laisser.

— Moi aussi, assura le guérisseur.

Jehane s'étonna de voir, qu'Aloys s'il n'était apparemment pas affectueux ou démonstratif en temps normal dérogeait à sa propre règle avec Mahaut. Il embrassa tendrement son front.

— Tu m'as vraiment fait peur.

— Qu'est-ce qui t'arrive Aloys ? s'étonna la jeune fille. Tu n'es pas comme ça d'habitude.

 — Il me semblait que cette blessure n'était rien, mais te voir t'évanouir dans mes bras ! Mahaut je suis désolé ! C'est de ma faute.

— Ce n'est pas ta faute, dit Mahaut en se redressant. Arrête de dire de telles sottises !

Quand elle fut assise, elle prit Aloys dans ses bras. Jehane les regarda avec douceur. Elle sentait entre ces deux-là un amour tellement puissant. Elle était attendrie.

— Jehane, commença Mahaut.

— Aglaé, s'il te plaît, répondit-elle.

— Aglaé  ? s'étonna-t-elle.

— C'est une longue histoire, soupira Aloys.

— Vous avez intérêt à me la raconter ! Et rapidement !

Jehane et Aloys furent pris d'un violent fou rire. Mahaut les imita. Mais tous se turent. Quelqu'un venait d'entrer. Il était imposant. Il n'y avait plus aucun bruit.

— Gontran, dit Isabeau qui fut la seule à rompre le silence.

Celui-ci l'ignora.

— Toi ! hurla-t-il en direction d'Aloys.

Il s'avança à pas lourds.

Umbria, le Royaume de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant