Suguru,Il est difficile de trouver les mots pour exprimer l'ampleur de mes sentiments depuis que tu es parti. Chaque jour qui passe me rappelle à quel point notre amitié était précieuse, à quel point ta présence était un pilier dans ma vie. Nous avons partagé tant de moments ensemble, des moments de joie, de rire, mais aussi de peine et de douleur. Tu étais bien plus qu'un ami pour moi, tu étais mon repère, un compagnon dans ce monde de ténèbres et de dangers.
Je me souviens encore du premier jour où nous nous sommes rencontrés. C'était à l'école, trois jeunes sorciers avides de connaissances et de pouvoir. Tu étais différent, avec ton sourire énigmatique et ton regard perçant. Dès le premier instant, je savais qu'il y avait quelque chose de spécial en toi, quelque chose qui m'attirait irrésistiblement vers toi.
Nous avons grandi trois années ensemble, apprenant l'art du jujutsu, affrontant les fléaux et les maux qui hantaient ce monde. Tu étais mon partenaire, mon allié, celui sur qui je pouvais toujours compter. Ensemble, nous avons surmonté tant d'obstacles, tant de défis. Mais rien ne pouvait nous préparer à ce qui allait suivre.
Le jour où tu as décidé de partir, c'était comme si le monde s'effondrait autour de moi. Je me souviens encore de cette sensation de vide, de cette douleur lancinante qui m'a envahi lorsque tu as annoncé ta décision. Je voulais te retenir, te supplier de rester, mais je savais que c'était inutile. Tu avais déjà pris ta décision, déjà choisi un chemin différent du mien.
La trahison a été comme un coup de poignard dans mon cœur. Comment as-tu pu te tourner contre tout ce en quoi nous croyions ? Contre moi ? Les questions tourbillonnaient dans ma tête, mais les réponses restaient hors de ma portée. J'avais l'impression de te perdre, de perdre une partie de moi-même en même temps et c'est cliché, je sais.
Pourtant, malgré la tristesse et la colère, une partie de moi refuse de t'oublier. Je me rappelle encore de ton sourire, de ta voix, répétant mon nom comme si c'était la plus douce des mélodies, ces moments de complicité que nous partagions. Je refuse de croire que tout cela n'était qu'un mensonge, qu'une illusion. Il devait y avoir une part de toi qui reste fidèle à ce que nous étions, à ce que nous aurions pu être.
Mais je sens que le temps a son emprise sur moi. Petit à petit, les souvenirs s'estompent, les visages se floutent. J'ai peur, Suguru, peur d'oublier le visage de celui qui était autrefois mon plus cher ami, l'amour de ma vie. Peur de perdre ce qui reste de toi dans mon cœur.
Et pourtant, même entouré de mes élèves, de Shoko, de Nanami et même de Yaga, je me sens seul. J'ai peur que les autres se détournent de moi, comme tu l'as fait. Je ne veux pas les voir partir et me voir a nouveau comme une arme par ceux-là même que j'ai juré de protéger.
Malgré tout, malgré la douleur et la tristesse, je veux que tu saches que je te pardonne. Je ne sais que tu ne pourras jamais lire cette lettre, que tu ne pourra jamais connaître l'étendue de mes sentiments, je ne serais jamais capable de les dire a l'oral. Et j'aimerais m'excuser de t'avoir enlevé la vie, enlevé une vie si précieuse a mes yeux, je n'ai jamais réussi a me pardonner tu sais ? Mais je veux que tu saches aussi que, quoi qu'il arrive, une part de moi t'aimera toujours, d'un amour aussi infini que l'univers lui-même.
Oh combien j'aimerais tout laisser tomber et te rejoindre, ça doit être si paisible. Et pourtant, il y a une autre peur qui me hante, celle de ne pas avoir accompli tout ce que je devais faire en ce monde. Mes élèves, ceux que j'ai promis de guider et de protéger, ont encore besoin de moi. Ils ont encore tant à apprendre, tant à découvrir. Je ne peux pas les abandonner maintenant, pas avant d'avoir rempli ma promesse envers eux.
Après tout ça, Suguru Geto, il va falloir me supporter, quand je te rejoindrais, je ne compte pas te lâcher.
A très vite, ou pas...
Satoru Gojo.