Indie

6 0 0
                                    

Indie avait les cheveux blonds, le teint pâle de ceux qui ne voient que peu le soleil, du khôl accroché à ses yeux verts. Indie aimait la bière, les joints, les potes, les soirées et coucher sans capote. Indie aimait la vie, mais la vie ne l'aimait pas, Indie.

Indie aimait les sensations, elle aimait ressentir, tout toucher, du bout des doigts, du bout des lèvres, Indie voyait le monde comme un rêve. Indie, elle était belle, son regard, son rimmel. Indie elle n'avait pas peur, non, Indie elle avait peur de rien. Elle avait le goût du risque, le goût du vice.

Indie, elle plaisait aux garçons, elles plaisaient aux filles, Indie s'en foutait, elle aimait les deux, Indie. Indie faisait tourner sa jupe comme un soleil, elle croyait pouvoir voler, pouvoir toucher le ciel. Indie elle était pleine d'espoir, elle voyait les couleurs mais pas le noir. Indie sous acide, c'était l'oasis au milieu du désert aride.

Indie, c'était la joie de vivre, la force de se battre pour ses idées, le courage d'affronter ses peurs. Indie, c'était la force incarnée et son entourage la respectait pour ça. Indie, elle avait une petite fille, née d'une ancienne union qui n'avait duré que quelques mois mais, si elle regrettait son ex, elle aimait sa fille de trois ans. Trois ans, le temps était passé tellement vite, Indie repensait à ce petit bébé tout minuscule parce que prématuré qu'elle avait serré contre son sein et c'est là qu'elle avait eu une peur immense. Comment elle allait faire pour s'en sortir seule avec un bébé ? Mais elle réussissait, elle se battait tous les jours pour que sa fille, Indila, ai la plus belle vie du monde.

Indie, elle était fragile sous ses airs de dure à cuir. Elle vacillait au dessus d'un gouffre comme une funambule. C'est sa fille qui l'empêchait de basculer, entre drogue et luxure, Indie, elle portait fièrement ses blessures. Indie elle vendait son corps, rose de bitume, à demi nue sous la lune. Indie, elle avait pas honte, elle avait jamais honte de rien.

Et elle se battait tout le temps contre vents et marées, pour sa fille et pour elle aussi. Elle résistait contre le système social destructeur qui menaçait souvent de lui retirer sa fille parce qu'Indie n'avait pas vraiment un logement irréprochable mais elle ne pouvait pas se payer autre chose qu'une petite chambre de bonne au dernier étage d'un immeuble de douze étages. C'était le moins cher qu'elle avait trouvé et qu'elle pouvait s'offrir. C'était petit mais c'était suffisant, Indie, adolescente, elle avait vécu dans la rue alors avoir un toit sur la tête, c'était déjà bien. Elle avait un lit, un berceau pour Indila, bientôt il faudra lui en acheter un plus grand, elle avait deux plaques de cuisson, un petit frigo et c'est tout. Indie vivait dans la pauvreté mais, par chance, son travail de femme de ménage dans un hôpital lui permettait de mettre sa fille à la crèche de l'hôpital. De fait, elle n'avait pas à payer une nourrice et elle pouvait aller voir sa fille à ses quelques rares pauses. Si elle manquait de moyen, Indie, elle était forte et si jamais elle n'avait qu'une chose à apprendre à sa fille, c'est de se battre pour ce qu'elle désirait sans jamais désespérer. Elle lui apprendrait à s'en foutre des avis des gens et, même si elle ne pouvait lui apprendre à s'envoler, elle lui apprendrait à vivre sa vie comme si cette dernière tenait à un fil.

Indie, elle avait le sang des guerriers, battante toujours. Un matin, les services sociaux ont sonné. Ils ont pris Indila, elle n'a rien pu faire, elle a crié, hurlé, pleuré à s'en arracher les poumons. Mais elle ne s'est pas laissée avoir, non, elle allait se battre encore, comme toujours. Elle a abandonné le trottoir, elle a laissé la came, elle a coloré ses cheveux, caché ses tatouages, elle s'est forcée à rentrer dans le moule, à s'en briser les os. Et puis, elle a commencé les visites, les éducateur, et très vite, elle a pu récupérer sa fille. Doucement, elle est sortie du moule, pour lui montrer, a Indila, que sa singularité faisait sa force. Que les moutons ne savent que bêler. 

IndieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant