CHAPITRE 9

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Dans ma tête, ça résonne encore, ce claquement sec de la voix de mon beau-père. Il n'y a pas de douceur, seulement une autorité froide qui s'insinue dans l'air, pesante. Ses mots frappent comme des poings invisibles, et je me retrouve là, au milieu de cette tempête verbale, cherchant désespérément un abri dans mes pensées.

Mon beau-père prend la parole, son ton glacial comme une lame dans l'air : "Je ne veux plus que tu ramènes qui que ce soit ici, c'est compris."

Instantanément, mes muscles se raidissent, la colère montant en moi comme une vague prête à déferler. "Mais bordel, c'est qu'un ami !" Ma réponse fuse, chargée de frustration et d'incompréhension. "Et puis t'es pas chez toi ici !"

Un coup me frappe de plein fouet, me faisant vaciller et tomber lourdement au sol. La douleur pulvérise momentanément ma capacité à réfléchir, laissant place à une vague de confusion et de surprise. Avant même que je puisse réaliser ce qui se passe, il reprend la parole d'une voix dure et sans émotion : "La prochaine fois que tu hausses le ton avec moi, je te fous dehors."

Mes oreilles bourdonnent, mais ses mots pénètrent ma conscience comme des lames de couteau. La menace est claire, brutale, dénuée de toute compassion. Je le fixe, incrédule, essayant de comprendre comment une simple altercation verbale a pu dégénérer si rapidement en violence physique.

Je me redresse péniblement du sol, mes muscles encore endoloris par le choc. Mon beau-père s'éloigne, disparaissant quelque part dans la maison, mais je ne prête pas vraiment attention à sa destination. Tout ce qui compte pour moi, c'est de m'éloigner de cet endroit, de reprendre le contrôle de mes émotions.

Alors, je commence à monter les escaliers, un pas après l'autre, essayant de calmer le tumulte qui fait rage à l'intérieur de moi. Mais alors que j'atteins le palier supérieur, mon regard croise celui de mon petit-frère.

Son visage est un mélange de surprise, de peur et de confusion. Je sens le poids de sa présence, le poids de ses yeux qui me scrutent, cherchant des réponses à des questions que je ne suis pas sûr de pouvoir répondre. Il a dû voir toute la scène, toute la confrontation avec notre beau-père.

Je reste là, figé, incapable de trouver les mots pour expliquer ce qu'il vient de se passer. Une partie de moi veut le rassurer, lui dire que tout va bien, que ce n'était rien d'important. Mais une autre partie sait que ce serait mentir, minimiser la gravité de la situation.

Finalement, je lui adresse un faible sourire, essayant de lui transmettre un peu de réconfort malgré tout. "Tout va bien", murmuré-je, même si je sais que ce ne sont que des mots vides de sens. Mais peut-être que juste pour un instant, cela suffira à apaiser ses inquiétudes, à dissiper un peu de l'obscurité qui plane sur cette maison.

***

En m'éveillant le lendemain matin, une douleur lancinante me saisit au niveau du bras. Confus, je cligne des yeux, essayant de chasser le sommeil qui embrume encore mes pensées. Puis, lentement, je porte ma main à mon bras et découvre avec horreur un gros bleu qui s'étend sur ma peau.

Mon souffle se bloque dans ma gorge, la réalité de la situation s'imposant à moi avec une brutalité glaciale. Ce n'était pas un rêve. Mon beau-père m'a vraiment frappé hier soir, assez fort pour laisser une marque visible sur ma peau.

Je prends donc la décision de dissimuler la marque autant que possible. Je choisis donc un t-shirt à manches longues dans ma garde-robe, espérant que cela suffira à dissimuler les traces de l'incident de la nuit précédente.

En enfilant le t-shirt, je ressens une vague de soulagement. Les manches longues cachent efficacement le bleu, me donnant une certaine tranquillité d'esprit alors que je me prépare à affronter la journée à l'université.

Je suis conscient que ce n'est qu'un pansement temporaire sur une situation bien plus profonde et complexe, mais pour l'instant, c'est tout ce que je peux faire pour protéger ma dignité et préserver un semblant de normalité dans ma vie quotidienne.

Ainsi vêtu, je me dirige vers l'université, déterminé à ne pas laisser cette épreuve perturber ma concentration ou mes interactions avec les autres étudiants. Je sais que j'aurai à affronter les regards curieux ou les questions indiscrètes, mais je suis prêt à les affronter avec calme et assurance, gardant toujours en tête ma résolution de faire face à cette situation avec courage et détermination.

Je rejoins mes deux meilleurs amis, Jimin et un autre que je salue chaleureusement malgré le léger reproche de Jimin. "Désolé les gars, j'ai eu un petit contretemps ce matin", je réponds avec un sourire contrit, espérant que mon retard ne les a pas trop ennuyés.

Le frais d'automne caresse doucement nos visages, ajoutant une touche de fraîcheur à l'atmosphère matinale. Je respire profondément, savourant ce moment de détente avant le début des cours.

Jimin secoue la tête avec un sourire taquin. "Toujours à traîner, Jungkook. Tu ne changeras jamais", plaisante-t-il, mais je sens une pointe d'affection dans sa voix, une complicité forgée au fil des années d'amitié.

J'aperçois Taehyung dans les couloirs de l'université et je me dirige vers lui.

"Salut, Taehyung, comment ça va ?" Je lui adresse un sourire, essayant de paraître aussi détendu que possible malgré les événements récents.

Il me rend mon sourire, mais son regard est scrutateur, comme s'il cherchait quelque chose dans mes yeux. "Ça va, et toi ?" demande-t-il avec un léger froncement de sourcils, comme s'il doutait de ma réponse.

"Oui, ça va", je réponds rapidement, espérant que ma voix ne trahira pas le trouble qui bouillonne en moi.

Il semble hésiter un instant, comme s'il veut dire quelque chose mais n'est pas sûr de comment le formuler. Puis, il plonge directement dans le vif du sujet : "Ton beau-père ne t'a rien dit après que je sois parti hier soir ?"

Un instant, je me fige, pris au dépourvu par sa question directe. Mais je me ressaisis rapidement, forçant un sourire confiant sur mon visage. "Non, rien du tout", je mens sans hésitation, priant pour que mon ton soit convaincant.

Taehyung semble me regarder un moment, comme s'il évaluait la véracité de mes paroles. Finalement, il hoche la tête avec un léger sourire. "D'accord, tant mieux alors", dit-il, semblant se détendre un peu.

Je cache mon soulagement derrière un sourire reconnaissant. "Oui, tant mieux", je réponds, espérant que cette conversation ne creusera pas davantage la brèche entre nous.

Nous échangeons quelques banalités avant de nous séparer, chacun reprenant son chemin vers ses obligations du jour. Mais au fond de moi, je sais que cette petite conversation a laissé des fissures dans ma conscience, des fissures que je devrai un jour affronter et réparer.


𝐒𝐀𝐕𝐄 𝐌𝐘 𝐄𝐕𝐄𝐑𝐘𝐓𝐇𝐈𝐍𝐆 - ᵀᵃᵉᵏᵒᵒᵏOù les histoires vivent. Découvrez maintenant